Quelquefois je repense à mon adolescence… Les premières filles embrassées, les premières bières avalées, les premières notes de musique metallique. J’étais littéralement tombé dans le Metal à l’âge de quatorze ans par l’entremise de METALLICA et du grand MAIDEN. Je faisais partie d’un large groupe d’amis à l’intérieur duquel nous étions un groupuscule de Metalleux. Tout le monde nous prenait pour des marginaux et c’était parfait comme ça : les groupes Metal n’avaient pas la cote. Tous sauf un : AVENGED SEVENFOLD. "Bat Country" était sorti avec son fameux "Seize The Day" qui passait en boucle à "Musique Plus" (le MTV québécois) et les filles comme les garçons adoraient. Ma belle musique était ainsi livrée en pâture aux ados qui nous détestaient. Conséquemment, j’ai immédiatement détesté A7X. Il faut dire qu’il y avait matière à rire : une bande d’Emo qui se la pète en ayant un ego surdimensionné. Je refusais systématiquement d’écouter quoi que ce soit d’eux uniquement dû à leur popularité. L’adolescence étant ce qu’elle est, mes comparses d’école se sont rapidement tournées vers d’autres intérêts à vitesse grand V et A7X est tombé peu à peu dans l’oubli du grand public alors en pleine puberté. Puis est venu "Hail To The King" : les médias spécialisés le détestaient, les fans encore plus. Une nouvelle occasion parfaite pour moi, près d’une décennie plus tard, de me foutre à nouveau de leurs gueules. Bien sûr, je n’avais rien écouté de cette daube.

L’année d’après, mon téléphone sonne : un ami au bout du fil m’offrant de venir gratuitement avec lui à un concert. Son partenaire l’ayant abandonné la veille, il s’était tourné vers moi. Ne refusant jamais l’occasion d’aller à un concert, j’avais dit oui sans même connaitre le groupe. C’est donc en cette soirée d’été bien chaude que je me suis ramassé dans les premières rangées d’un groupe que j’ai détesté pendant une décennie. Les gars sont débarqués sur scène sous les premiers accords de "Shepherd Of Fire" et j’ai aussitôt su. Aussitôt su l’erreur majeure que j’avais faite. Aussitôt su toutes ces années à refuser d’entendre l’évidence, à détester un groupe pour les mauvaises raisons. Sur scène, les gars sont des pros. Jamais vu une telle aisance à part METALLICA. C’est donc le lendemain que j’ai été acheté et écouté pour la toute première fois ce "Bat Country" dans son intégralité.

Ce disque fait un bien fou, un gros coup de pied au cul du Metal en général : un déluge de riffs, une batterie bien mixée avec cette voix reconnaissable entre mille : celle de Matt. Les lignes de chant sont immensément accrocheuses, la musique épique au pas possible. On ne présente plus "Beast And The Harlot", ni la chanson-titre qui reste mon second morceau préféré du groupe. Il y a également le brûlot "Burn It Down", sans oublier le magnifique "Betrayed".

Malheureusement, tout comme avec "Waking The Fallen", AVENGED fait part d’égarements et semble avoir les yeux plus gros que le ventre (leur ego peut-être ?) en tombant dans l’expérimentation bizarroïde. C’est clair avec "Sidewinder" ou "Strength Of The World" où les gars en font trop pour rien.

Encore aujourd’hui, lorsque je réécoute "Bat Country", j’ai souvenir de ma stupidité d’antan, et je me dis que cette petite expérience de vie me serve de leçon : ne jamais refuser l’écoute d’un album par orgueil mal placé. Toutes ces années à détester pour rien AVENGED, à dénigrer sans comprendre. Heureusement, j’ai pu me rattraper.

Morceau préféré : "Bat Country".