"Van Halen I" avait dévoilé un groupe qui n’était pas là pour compter les touches d’un orgue Hammond. "Van Halen II" avait déçu après le feu d’artifice du premier album. "Women And Children First" allait laisser pantois. Imaginez que le groupe laisse libre court à toute la connerie dont est capable David Lee Roth (souvenez-vous ce poster façon "Angélique Marquise des Anges" du chanteur) et que les musiciens essayent de rivaliser avec lui à l’aide de leurs instruments. Vous obtiendrez en substance cet album.

Dopé par la production de Ted Templeman, "Women And Children First" commence directement par du lourd avec "And The Cradle Will Rock...", qui annonce clairement la couleur : riff lourd, DLR en mode électron libre, une section rythmique qui envoie du lourd. On notera que le solo d’Eddie se veut moins démonstratif que d’habitude même s’il est très malin et ce sera d’ailleurs une constante sur ce disque, qui vire au gros bordel dès le titre suivant.

Et là, soit on accroche tout de suite, soit on s’apprête à vivre les trente quatre minutes les plus longues qui soient. VAN HALEN recentre le propos sur des morceaux clairement Heavy, voire très speed dans leur forme. L’intro tribale de "Everybody Wants Some!!" va faire date, les interventions d’Eddie venant apporter un sel non négligeable à ce titre, "Romeo Delight" tabasse sévèrement aussi, une superbe partition de la part du groupe, qui va encore plus loin dans son délire.

Aussi, la face B s’ouvre sur "Tora! Tora!", qui frise le n’importe quoi et qui sert d’introduction au dissonant "Loss Of Control", qui montrait qu’Eddie avait clairement quelques coups d’avance sur la concurrence du côté de l’audace. "Could Be Magic" va quant à lui visiter l’Americana de façon complètement loufoque. Notez la présence sur ce titre de Nicolette Larson aux chœurs, qui vient ainsi rendre la politesse à Eddie qui avait joué de la guitare sur son premier album solo.

Loss Of Control ? Que dalle ! Ce disque est parfaitement maîtrisé par le groupe qui joue sur l’équilibre. Eddie ne balance pas de soli à donner envie de péter sa guitare de frustration quand on débute l’instrument ? Peut-être bien parce que cela nuirait aux morceaux qui sont déjà bien barrés et qu’ils seraient, de fait, hors de propos. C’est complètement fou et pourtant, c’est un disque entier dans le sens où il est la vision fidèle de ce que voulait proposer le groupe. Un truc rapide, raide, sans reprises, sans ballades, 100% Rock’N’Roll. Et c’est réussi.

On grognera peut-être sur quelques passages (beaucoup ne sont pas fan du chant façon talkie walkie de "Loss Of Control"), mais en prenant le temps de décortiquer ce disque, on se rend compte que l’on tombe sur un sacré morceau. Jamais plus VAN HALEN ne sonnera de cette façon, mais le groupe s’est parfaitement relancé et il aurait dû pouvoir tracer sa route tranquillement. Sauf qu’entre DLR et Eddie, le torchon allait commencer à prendre feu dès l’opus suivant.

Note réelle : 4,5/5.