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NEO-ROCK TORTURE  |  STUDIO

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1993 Undertow
1996 1 Aenima
2001 1 Lateralus
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2019 Fear Inoculum
 

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- Style : Klone, Soen, Deadsoul Tribe
 

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TOOL - Lateralus (2001)
Par CANARD WC le 20 Septembre 2009          Consultée 20597 fois

A l'occasion de sa 200ème, le Canard local a choisi de co-rédiger avec son pote ZARDU la chronique de cet album de TOOL. Le présent papier est donc un assemblage des deux styles.

J’ai longtemps cherché cet album sans le trouver, sans savoir qu’il existait. Un Metal profond, presque spirituel, proche d’une catharsis qui prendrait le meilleur de PINK FLOYD et le mêlerait aux ténèbres les plus exquis. Fantasme d’une musique forte, d’une intensité fantomatique qui malmènerait votre attention et réveillerait en vous des sensations que jamais le Metal ne vient titiller.

Seul un groupe comme TOOL pouvait accomplir ce miracle. Avec "Lateralus", il y est arrivé.

Toute description de ce chef d’œuvre est vouée à l’échec. Certaines musiques échappent aux étiquettes et semble voler au dessus des mots. Une sonorité, quelques notes et ma chronique flotte dans les airs. TOOL s’évapore sur mon clavier sans que je puisse vous donner une idée de l’étrange puissance qui ressort de cet album hors normes. Car "Lateralus" est avant tout introspectif, l’album puise sa force dans les sentiments et impressions qu’il provoque chez son auditeur. Selon les préceptes de la réincarnation, le voyage « ultime » est celui qui nous conduit à l’intérieur de soi. En ce sens, "Lateralus" pourrait servir de musique d’ambiance à tous les yogis hindous de la terre lors de leur séance de méditation. On abandonne la supercherie « lacrymologue » (1) pour aborder de plein fouet le terrain psy. Véritable concept album sur l’âme humaine, "Lateralus" aborde tour à tour les notions de pardon, de haine, de colère, de rancœur. Calé entre « La confusion des sentiments » de SWEIG et l’œuvre freudienne, TOOL évoque, susurre, vitupère.

Pour cet album qui se targue de sonder l’Être, il fallait plus qu’un chanteur. Il fallait un thérapeute qui de sa voix – tel un instrument à part entière – vous traverse le ventre et remonte le courant de l’âme en un seul coup tranchant façon Toshiro MIFUNE dans les 7 samouraïs. "Alive" sur "Parabola" et vous voilà à terre, traversé, mis à nu, remué, éviscéré du corps et de l’âme, comme traversé par une espèce de révélation existentielle. Quelques notes qui contiennent presque l’essence de la vie. La chanson continue et KEENAN martèle de plus belle sur le refrain saccadé de "Parabola" sa prière d’acceptabilité du destin, au demeurant très zen dans la démarche. « La vie est un cadeau, rien n’est grave, par delà les notions de bien ou de mal toute expérience est bonne à prendre » semble-t-il nous dire. D’un revers de basse, cette même démarche s’en trouve balayée quelques minutes après, sur un "Ticks and Leeches" qui évoque la colère vengeresse et immédiate (2), alors qu’au préalable TOOL condamnait sur "The Grudge" la rancœur, source d’autodestruction (3). "Lateralus" fait des paradoxes de la nature humaine sa toile de fond : la patience ("The Patient"), la séparation d’un être cher ("The Schism"), la contemplation de la vie ("Disposition"/"Reflection"). On évoque des sujets profonds, sans creuser. On effleure du bout des lèvres, sans analyser. Comme cette mise en abîme qui happe l’auditeur sur le titre éponyme :

With my feet upon the ground I lose myself
between the sounds and open wide to suck it in,
I feel it move across my skin.
I'm reaching up and reaching out,
I'm reaching for the random or what ever will bewilder me.
And following our will and wind we may just go where no one's been.
We'll ride the spiral to the end and may just go where no one's been.

On a raccroché la musique de TOOL à PINK FLOYD. Pourtant, à bien y réfléchir, il s’agirait plutôt d’un album calé entre ses influences « Kingcrimsoniennes » (4) et celles (moins évidentes) des DOORS. Audible sur le jeu de batterie volontairement à contretemps de Danny CAREY (comparable à celle Bill BRUFFORD, batteur initial de YES), audible dans l’approche fondée sur l’intensité des instruments : des plages pratiquement inaudibles comme "Parabol" qui ressemble à "Moonchild" de KING CRIMSON (dans l’album "In The Court Of The Crimson King"). La différence des deux groupes réside dans le parti pris lié à la nature même de leur musique : là où Crimson va privilégier des accords torturés pour faire passer ses messages, TOOL utilise la répétition pour dégager ce côté lancinant, hypnotique. Keenan remplace avec la voix le rack d’effets hallucinant de Robert Fripp (guitariste leader de KING CRIMSON). On réécoute "Schism" et on pense à cette quête existentielle de PINK FLOYD qu’on peut voir notamment dans "The wall" et la frontière de(s) perception(s) qui caractérise « The Doors » (5) (voir le film d’Oliver STONE et la fascination de TOOL pour Timothy LEARY, pape du LSD). C’est par ce côté « mystique » que le groupe fait penser aux DOORS et au L.A. des toxicos en puissance.

Plus que sophistiqué, aussi ambitieux que son sujet d’étude, "Lateralus" est sans doute l’un des albums de Metal les plus marquants de ces dernières années. Spirituel, presque mystique. L’originalité de l’approche ne dépare pas l’ambition de cet album, qui nappe vos oreilles tel un ressac torturé. TOOL charme le cobra de votre attention pour mieux vous mordre en plein cœur. Sur cette délicate frontière entre le « sublime » et la « supercherie », TOOL rayonne. Plongé sous cette lumière blafarde, difficile de savoir si le groupe s’est joué de vous ou s’il s’est réellement laissé submerger par ses émotions. Mais peu importe, pendant ce temps, l’album défile et vous êtes ailleurs.


Note : 5/5.

"Canard WC & Mikael "Fitch" ZARDU"


(1) Utilisée par le groupe à ses débuts (livre bidon d’un certain Ronald P. Vincent sur la lacrymologie qui leur aurait servi d’inspiration pour le songwriting)
(2) « La haine est négative, mais la colère – elle – est un vecteur qui bien utilisé est salvateur » expliquait KEENAN dans une interview.
(3) « porte ta rancœur comme une couronne [d’épines forcément] pleine de négativité »
(4) Il n’est à ce titre pas très étonnant de voir que le groupe a tourné en 2002 avec KING CRIMSON.
(5) Le passage « between supposing lovers » de Schism rappelle « Waiting for the Sun » des Doors.

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Par THE MARGINAL




 
   CANARD WC

 
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   (2 chroniques)



- Maynard James Keenan (chant)
- Adam Jones (guitare)
- Justin Chancellor (basse)
- Danny Carey (batterie)


1. The Grudge
2. Eon Blue Apocalypse
3. The Patient
4. Mantra
5. Schism
6. Parabol
7. Parabola
8. Ticks & Leeches
9. Lateralus
10. Disposition
11. Reflection
12. Triad
13. Faaip De Oiad



             



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