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METAL ALTERNATIF  |  STUDIO

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1990 Strap It On
1992 Meantime
1994 Betty
1997 Aftertaste
 

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2016 Dead To The World
 

- Style + Membre : Anthrax

HELMET - Aftertaste (1997)
Par CANARD WC le 25 Septembre 2008          Consultée 4699 fois

Il était une fois une époque où Internet n’était utilisé que pour faire des mails à la con et où le « downloading » massif n’existait pas. Le MP3 encore embryonnaire, tout passait par le CD. Fallait se débrouiller pour acheter, se faire prêter ou graver. C’était la joyeuse époque des Discmans, du MiniDisk et des graveurs de CDs « salon ». Une époque où pour écouter une nouveauté, il fallait forcément en bout de chaîne qu’un couillon mette la main au portefeuille. Et ça changeait pas mal de choses.

Le but du jeu pour tout le monde était de trouver un « équilibre » entre ses achats personnels, le gravage et les emprunts aux potes. C’était d’autant plus « vital » que le Metal partait dans tous les sens, telle une girouette prise de panique. Les nouvelles étiquettes tombaient, les « grands » se cassaient la gueule et il était assez difficile d’avoir un regard à la fois cohérent et complet sur notre musique chérie (*).

A cette époque, j’avais remarqué un truc : on ne peut pas se servir indéfiniment dans la discothèque des copains. Au bout d’un moment, le « pote moyen » en a plein le cul qu’on lui taxe ses skeuds (**). En général, au bout de 5 ou 6 albums empruntés, le mec en face veut un truc. Ca s’appelle l’échange ou le partage je crois, mais je ne suis pas très sûr du concept. Bref, une de mes bottes secrètes, c’était les médiathèques. Dans ces endroits merveilleux, vous pouviez emprunter des tas de CDs pour pas cher et graver comme un salopard. En général, y avait pas plus d’une ou deux dizaines de CDs Metal (des vieilleries essentiellement) par Médiathèque, mais ça me permettait de m’alimenter.

C’est ainsi qu’en l’an de grâce 1999, à la médiathèque d’Evry, j’ai découvert l’Aftertaste d’HELMET. Je connaissais de nom, Coralie – l’actrice X (la reine du fifrolo) – avait balancé dans une revue peu recommandable que l’album « Aftertaste » était un de ses albums de Metal préférés. Une femme d’aussi bon goût ne peut pas se planter complètement. Je décidais de vérifier cela.



J’aimerais vous dire qu’Aftertaste est l’un des albums les plus influents de la scène Metal, que le groupe porte les germes de l’Alternatif et du Post-Grunge, que même les BEATLES à coté ne sont que des rigolos. Mais ce serait faux, bien entendu. Du moins historiquement, tant HELMET n’a eu qu’un impact secret et un succès pour le moins relatif. HELMET fait partie de ces groupes qui sont « passés à coté ». Sorti de quelques interventions honorifiques (dont une avec Bowie), la reconnaissance ne sera jamais au rendez-vous. Même les groupes actuels de Néo oublient de les citer en influences. C’est fou.

L’une des raisons de cette méconnaissance vient du particularisme du groupe. HELMET est un groupe à l’originalité marquée, qui ne ressemble à rien de ce que vous avez entendu. Alternatif, Indus, Expérimental, Grunge, Néo, Hardcore… On entend plein de choses sans pouvoir mettre vraiment le doigt dessus. Tant de choses émergent de ce magma, tant de matières premières que l’on connaît. Je reste persuadé qu’une palanquée de groupes post-HELMET ont puisé tout un tas de choses de ce flot imprécis de décibels, mais bon je vais passer au paragraphe suivant ça vaudra mieux.

HELMET fait dans le Metal « massue ». Leur musique est intrinsèquement heavy (au sens propre), torturée, sombre, violente. Riffs hachés sur mid-tempo implacable, le groupe avance tel un rouleau compresseur dans son registre si inhabituel et fouette vos oreilles à coups de parpaings.

Avec ce 4ème album, HELMET présente sans doute sa face la plus recommandable. Celle d’un groupe « clean » (***) et accrocheur, se dotant même de connotations presque « pop ». Les compos frappent, mais il reste quelque chose. Sorti de son flou artistique, l’album alterne les passages marquants tout en mettant en berne sa violence excessive. Pourtant, malgré l’effort du groupe, l’étrangeté d’HELMET m’a détourné dans un premier temps du groupe (j’avoue). Je me notais mentalement « à tester plus tard » et m’apprêtais à ranger l’album dans un tiroir mental qu’on ne rouvre généralement jamais.

Mais les compos sont restées dans un coin de mon crâne. A mesure que je découvrais le Néo Metal (alors en pleine bourre), je repensais à ces New-Yorkais dingues. C’est toute la force de cet album qui vous marque au fer rouge vos neurones, gratte votre attention et s’accroche à vos tympans comme du papier velcro. Aftertaste avance progressivement dans votre esprit et vous travaille doucement mais sûrement le ciboulot. L’hermétisme de la chose s’estompe au profit de lignes de chant astucieuses. Tout en nuance, le chant clair (mais rageur) encourage malgré le déluge de décibels. En combinant des éléments que le Metal a tant de mal à ne pas scinder, aucun autre album d’HELMET n’ira aussi loin dans le paradoxe.

Malheureusement, la révolution avait sonné mais personne n’était prêt. Tournant décisif dans la carrière du groupe, HELMET ne se relèvera pas de cet énième échec commercial, malgré la débauche d’efforts consentis. Peu importe qu’Aftertaste soit (ou non) leur meilleur opus, HELMET ne réussira pas le grand écart. Les fans de la première heure (plus Hardcoreux que Metalhead) ne reconnaîtront pas leur groupe faussement assagi, les connotations « pop » les confortant dans cette impression.

Aftertaste n’en reste pas moins le soldat inconnu du Metal alternatif qui a tenté héroïquement, mais qui a échoué. Trop en avance sur son temps ? Certainement. Quand le Metal tente et expérimente, le public n’est pas toujours prêt à suivre. Même quand les qualités sont là et que le potentiel semble immense. On n’éduque pas les masses contre leur gré. Le petit coup de pouce du Destin ne venant pas, après cet album artistiquement épuisant, HELMET ne se remettra pas de cette nouvelle déroute et explosera en vol, laissant dans l’air un « arrière goût » de presque grandiose, de presque énorme et de presque terrible.

Et HELMET, c’est un peu « ça », la magnifique histoire d’un presque.


Note : 4/5


Morceaux préférés du Canard : Exactly what you wanted, Driving Nowhere, Diet Aftertaste.



* D’autant que les mags ont commencé à cette époque à dire vraiment n’importe quoi.
** Surtout quand vous êtes pas soigneux.
*** En terme de production.

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   CANARD WC

 
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- Page Hamilton (guitare, chant)
- Peter Mengede (guitare)
- Henry Bogdan (basse)
- John Stanier (batterie)


1. Pure
2. Renovation
3. Exactly What You Wanted
4. Like I Care
5. Driving Nowhere
6. Birth Defect
7. Broadcast Emotion
8. It's Easy To Get Bored
9. Diet Aftertaste
10. Harmless
11. (high) Visibility
12. Insatiable
13. Crisis King



             



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