Faire un pas vers le plus grand nombre tout en gardant son identité.
Elargir sa vision des choses sans se départir de ses premiers fans.
Rechercher un équilibre sans se casser la gueule.

Bref, peut-on réussir son compromis artistique ?

…


Jusqu’à présent, on pouvait faire pas mal de reproches à HELMET, mais pas celui du consensualisme. La musique des New-Yorkais arboraient une violence dérangeante, inepte, absurde et surtout à l’opposé de tout compromis. Les Hardcoreux en perdaient leurs crêtes et les Metalheads leurs tignasses. Et c’était « ça » qui était si bon avec HELMET.

Avec ce troisième opus, HELMET tente une sortie. Se sentant peut être acculé dans ce magma Hardcore-Grungy-Metal, le choix artistique pris sur Betty semble assez logique. Alors on met un peu d’eau dans son vin, même si c’est dégueulasse de faire ça. HELMET s’acoquine avec des lignes de chant « pop », de vrais refrains et va même se doter de sonorités plus … disons « easy listenable ».

Si la musique dans son ensemble est restée d’une dureté presque irrationnelle, cette nouvelle tendance décontenance (ça rime). De tous les possibles, HELMET choisit l’alternative la moins évidente : donner un coté « pop » à son Metal Hardcore Alternatif. La démarche est alors quasi antinomique avec tout ce que l’on savait du groupe.

Et le résultat frise l’incroyable. L’espace de quelques titres (la première moitié de l’album), HELMET réussit à rendre accessible l’inaccessible. D’un déluge de décibels émerge une astucieuse mélodie ou un couplet encourageant. Même l’auditeur lambda en viendrait presque à aimer percer cette brume abrasive. Betty a cette faculté à vous prendre constamment à rebrousse-poil. Si certains aiment bien ça, l’immense majorité non[1].

Malheureusement, le groupe n’ira pas au bout de son idée. Manque de conviction ou dispersion ? Peu importe. La recette susurrée du bout des grattes, HELMET devra attendre quelques années pour trouver le « bon » créneau et s’y installer dans toute la splendeur de leur musique de barges. Un pont est toutefois lancé. De vagues tentatives d’expérimentation es Metal finiront de noyer les bonnes intentions, laissant quelques regrets dans l’air.

Devant cet album si « Helmetien » et en même temps si différent, la majeure partie des fans resteront interloqués et les autres dans l’expectative d’une suite qui viendrait clore ce feuilleton ou relancer de deux la carrière d’un groupe terriblement intriguant. Reste la question : le groupe a-t-il bien fait d’abandonner ses abîmes musicaux pour venir grappiller quelques bouffées d’air ? Faute de réponse à cette question, il reste cette pochette et cette espèce de Caroline INGALLS[2] champêtre.


Qui aurait pu croire que derrière ce visage si angélique se cachait une tornade aussi malsaine ?


Note : 3,5/5

Morceau préféré : Wilma’s Rainbow
J’aime pas : Beautifull Love, The Silver Hawaian, Sam Hell



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[1] Ce qui expliquera le succès relatif du groupe. Disons un succès d’estime pour ne pas les vexer.
[2] Ahhhh oui Caroline rhaaaa fais moi une tarte aux pommes rhaaa lovely.