Cette kro-express était à l'origine la chronique principale avant d'être réécrite par CANARD WC

C'est peu dire que cet album était attendu. 5 ans de silence depuis l'excellent "Aenima". La pression était énorme, à la hauteur de l'attente de l'immense public conquis par "Aenima". C'est pourquoi un luxe de précaution a entouré la pré-écoute de "Lateralus" par les journalistes peu avant sa sortie mondiale. En effet, ils n'ont pu écouter qu'UNE seule fois l'album !!
Bien entendu les chroniques ont été dithyrambiques et par chance avec raison. Mais il est permis de douter de la bonne foi des journaleux qui vous pondent une pleine page sur un bol de fraises sous prétexte qu'il n'est pas facile de décrire le nouvel album de TOOL - ce qui est mille fois vrai : une dizaine d'écoutes au moins sont nécessaires pour s'imprégner de l'album. Là où le bat blesse, c'est que cela sent la peur de ne pas avoir compris ou su apprécier l'album en une malheureuse petite écoute ou pire de justifier les déplacements à Los Angeles.
Ce sont des procédés indignes d'un groupe tel que TOOL. Est-ce la peine de se présenter comme les chantres de la libre pensée s'ils doivent imposer des agissements qui ont pour but d'entraver l'esprit critique des journalistes ? Et ces derniers auraient pu au moins avoir l'honnêteté de ne pas chroniquer un album en ne l'ayant quasiment pas entendu.

Je vais essayer d'abord d'oublier qu'il y a un ravier de fraise dans le frigo et ensuite de vous chroniquer le plus honnêtement possible "Lateralus". Cet album ne révolutionne pas par rapport à son prédécesseur. Il s'agit de changement dans la continuité. Si l'album est moins accrocheur et moins évident qu'"Aenima", il y gagne par contre en densité et durée d'écoute.
Ce disque tournera des semaines entières sans vous lasser une seule fois, sans que jamais l'envie de zapper sur un autre disque ne vienne vous effleurer l'esprit. Malgré cette longue absence - pour des problèmes avec leur ancienne maison de disque - on reste en terrain connu. Pas de gros changements. Les longs morceaux spécialement conçus pour ne pas passer à la radio sont entrecoupés de courts interludes qui ne se justifient que lors de l'écoute de l'album, qui n'ont pas d'existence propre en dehors. "Hep TOOL fait du metal alternatif et non du commercial" semblent-ils dire.
Les refrains sont quasiment absents, la voix de Maynard est très en retrait, souvent rien de plus que murmuré pour se muer soudainement en d'interminables litanies incantatoires qui se marient a la perfection avec la guitare d'Adam Jones. Danny Carey apporte une inventivité et une présence rare à la batterie en faisant de son instrument un élément de premier plan. Le style de Tool est reconnaissable entre tous. Le livret, magnifique ou horrible à la hauteur de la réputation arty d'Adam, contient aussi peu d'info que possible et surtout pas de photos des membres du groupe.