Pour "Fair Warning", VAN HALEN calme un peu le jeu sans pour autant devenir inoffensif. "Women And Children First" était un condensé d’énergie, un disque qui pouvait être sacrément Heavy sans en avoir l’air plus que cela, trompeur et complètement frapadingue. Sa courte durée le rendait imparable et les musiciens semblent avoir compris que le timing est très important sur un disque. Si vous proposez neuf titres et qu’ils ne prennent que 34 minutes, n’essayez pas de le rallonger, vous risquez de perdre son aspect percutant. Du coup, VAN HALEN propose avec "Fair Warning" neuf morceaux (encore) pour à peine plus d’une demi-heure. Efficacité, rentabilité.

Eddie est très en forme, il recommence à triturer sa guitare dans tous les sens pour accoucher de sons, de riffs et de soli d’un autre monde. "Mean Street" annonce la couleur avec son introduction géniale suivie d’un riff bien Rock et mémorable. "Dirty Movies" est un autre exemple de son talent et de son feeling monstrueux, bien qu’il cherche à produire des sons grinçants. On appréciera également son jeu plus cool sur le plus Reggae dans l’idée "Push Comes To Shove". Il en met plein la vue même si parfois il a tendance à en faire un peu trop, comme sur cet instrumental pour le moins spécial qu’est "Sunday Afternoon In The Park".

Mais ce qui frappe le plus sur ce disque, c’est la qualité de la section rythmique. On ne le dira jamais assez, mais la paire que formaient Alex Van Halen et Michael Anthony était l’une des meilleures du circuit à cette époque, ils dégageaient un groove démoniaque et savaient très bien mener la danse quand Eddie se faisait plus discret ("Hear About It Later", "Sinner’s Swing"). Une colonne vertébrale solide, qui donnait toute la latitude nécessaire au guitariste pour s’exprimer et surtout, pour porter son jeu unique. Une alchimie ? Bien plus que ça.

Puis il y a la caution déconne apportée par Diamond Dave qui se fait plus sobre ici. Ou plutôt, disons qu’il compose avec l’aspect plus sérieux qu’Eddie souhaitait apporter à sa musique, provoquant de vives tensions entre lui et son chanteur. David Lee Roth n’a pas envie de se faire chier à raconter des choses sombres, il est dans l’entertainment, ce qu’il aime c’est véhiculer sa bonne humeur avec sa gouaille légendaire. Cette situation partira complètement en sucette sur l’album suivant, qui se voudra bien plus bancal. En revanche, "Fair Warning", excepté un instrumental inutile et un ou deux morceaux qui se contentent juste d’être bon quand le reste est très bon, voire excellent, est une autre très bonne pioche dans la discographie de VAN HALEN.