Alors que l’on me souffle dans l’oreillette d’un retour aux sources pour IN FLAMES avec "Foregone", j’ai envie de répondre : NON. Et je suis surtout tenté de dire : « on s’en fout en fait ». Si vous voulez entendre du Melodeath récent, made in Göteborg, mieux vaut se tourner vers The HALO EFFECT, qui en emprunte tous les attributs et lui offre une production plus moderne. À mon sens, les légendes suédoises évoluent ici dans la continuité de leur précédent effort, "I, The Mask". Cela fait-il de "Foregone" un mauvais album pour autant ? Certainement pas, c’est même très probablement leur meilleur depuis très longtemps.

Après avoir touché le fond sur le si mal-nommé "Siren Charms", annus horribilis de leur longue discographie, "Battles" amorçait la reprise quand "I, The Mask" confirmait le net regain de forme, avec notamment quelques morceaux parfaitement savoureux (je ne me suis pas encore totalement remis de "I Am Above"). De quoi redonner un peu de foi en l’avenir. Sur "Foregone", IN FLAMES confirme, malgré un nouveau changement de line-up (Fridén serait-il de la trempe de Mustaine ?). Exit donc Niclas Englin, parti chez… The HALO EFFECT (vous me suivez ?). Enter Chris Broderick (ex-MEGADETH), qui passe d’un tyran à un autre.

Et la musique dans tout ça ? Ben c’est franchement pas mal. Pas vraiment Death Mélo à mon sens (malgré un regain bienvenu d’agressivité) si ce n’est l’alternance chant clair/chant death et quelques guitares harmonisées qui se baladent. La production reste impeccable, mais c’était déjà le cas sur les LPs précédents. Non, ce qui me marque surtout, c’est l’absence de faute de goût manifeste, si l’on met de côté le chorus de "Bleeding Out", qui dégouline comme un camembert oublié quinze jours au fond d’un placard (oui, il pue aussi pareil). Ils ne peuvent pas s’en empêcher, ces petits gredins. Mais c’est bien la seule.

De très bons morceaux (mention spéciale à "State Of Slow Decay", ma préférée), de la variété dans les tempi (le retour de la valse à trois temps sur "Foregone Pt. 2" qui rappellera fatalement "Gyroscope"), des soli certes plutôt convenus mais très mélodiques de l’ami Björn, du gros riff et du groove, de l’acoustique à l’occasion, des constructions bien chiadées (très belle piste d'ouverture au passage). Tout le savoir-faire accumulé pendant trente ans de carrière est ici mis à contribution, pour une thématique assumée sur l’autel du temps, et cela se ressent franchement. Le chant extrême de Fridén me semble plus maîtrisé, moins "forcé" que récemment. La tracklist est parfaitement équilibrée. Après, ça reste très Metal Moderne avec des refrains bien Pop, mais en ce qui me concerne, ça ne me pose aucun problème.

Non, vraiment, c’est du bon boulot. J’en veux pour preuve le prévisible ralentissement de mes productions NIMEsque dans les semaines à venir comptant bien bloquer sur la galette pendant quelque temps. Je me permettrai d’ailleurs de vous suggérer d’en faire de même chers lecteurs ! « We've gotta end the transmission, nothing makes sense and we're running out of graves, we've gotta end the transmission, nothing makes sense and no one is listening ».

Note réelle : 3,5/5.