Non, mais sérieusement, qui écoute encore "The Spaghetti Incident?" de nos jours ? Je veux dire, même parmi les die-hard fans des Gunners ? Parce-que je veux bien parier un gros bifton que pour ce qui est des Zillenials, ils n’en ont probablement jamais entendu parler. Et ils ne manquent pas grand-chose, soyons honnêtes deux minutes.

Enregistré à l’arrache après l’exténuante tournée "Use Your Illusion", passée en grande pompe par Vincennes sous les yeux ébahis de l’adolescent que j’étais alors, histoire de battre le fer tant qu’il était encore chaud et d’occuper l’espace médiatique, ce disque n’a pas grand intérêt. Il démontre de plus avec éclat l’impasse artistique dans laquelle GUNS N’ ROSES s’est collé tout seul comme un grand. Faute de ne plus rien avoir dans le bide, Axl et sa bande enregistrent donc un LP de reprises, pour soi-disant rendre hommage à leurs influences. L’image qui me vient en tête est ce Meme avec Drake. "Composer de nouvelles chansons ?" = No way. "Faire un album de reprises sentant le formol ?" = oh, yeah!

Au programme donc, du The STOOGES sous Tranxène, du SEX PISTOLS pour la caution Punk chère à Duff (McKagan, John n’a rien à voir là-dedans), du NEW YORK DOLLS tout moisi, et j’en passe et des meilleures. Allez, si on veut être gentils, la reprise de "Down On The Farm" des U.K SUBS n’est pas trop mauvaise. Et puis comme je suis d’humeur généreuse, je sauverais également "Attitude", "Ain’t It Fun" avec Michael MONROE (HANOI ROCKS) et la reprise de NAZARETH ("Hair Of The Dog") sur laquelle le batteur envoie enfin un peu de groove. Mais ne m’en demandez pas plus.

Tout cela délivré en mode pilotage automatique par une formation en pleine implosion. Slash, tout comme Duff, est sur le point de se faire la même malle que celle qu’Izzy a prise quelques années plus tôt. Matt Sorum est encore plus robotique qu’auparavant, bref, tout le monde s’en contrefout intégralement de cet opus. Rose en vient même à imiter le bêlement de la chèvre au milieu sans que personne ne moufte. Vous me direz, c’est toujours mieux que son chant irritant sur "Human Being", proprement insupportable. Au moins autant que l’omniprésence sur ce titre ou sur "Raw Power" du clavier de Dizzy Reed - le chouchou du patron - celui qui squatte le premier rang dans la classe.

De classe, "The Spaghetti Incident?" en manque cruellement. Même pas celle de la concision. 12 titres, 46 minutes de désintérêt total, là où un EP aurait pu faire le boulot. Seule mon objectivité légendaire me préservera de coller un 1/5 à cette bouse. En fait, dans l’absolu, c’est audible, hein. Je réserve la note minimale aux "œuvres" faisant saigner les tympans. Ce n’est certes pas le cas ici, mais quel ennui au demeurant…