Les petits gars d’AVATAR ont pris l’habitude de nous pondre un disque tous les deux ans, et 2016 ne fait pas exception à la règle puisque le groupe revient avec rien de moins qu’un concept album, exercice pour le moins casse-gueule s’il en est. Le thème : une chouette réfléchit sur son existence, au crépuscule de sa vie. Si la question est de savoir si l’univers foutraque des Suédois peut entrer dans le cadre d’un principe bien précis, la réponse est mitigée.

Plutôt oui car le groupe ne s’est pas restreint en matière de compositions, offrant toujours une palette large à ses morceaux, voire plus grandiloquente que jamais. Les musiciens restent au top, envoyant flopée de notes à chaque solo, sur un fond clairement cohérent et narratif. En revanche, de ce fait, certains titres de "Feathers And Flesh" sont principalement voués à raconter une histoire, à migrer d’une ambiance vers une autre, plutôt qu’à viser l’efficacité maximale intrinsèque de chaque chanson. J’avoue par exemple avoir du mal avec le diptyque d’introduction "Regret" + "House Of The Eternal Hunt", qui ne me marque pas autant que les ouvertures des deux précédents disques. Dit plus directement, je me fais un peu chier sur un certain nombre de pistes (comme sur "Fiddler’s Farwell" ou "Night Never Ending" so boring). Même "Black Waters", malgré l’ambiance de Western post-apocalyptique qui s’en dégage, manque d’inspiration pour constituer une chanson à part entière.

Bien sûr, certains titres ne correspondent pas à cette description. Que ce soit le tube "The Eagle Has Landed", l'aérien "New Land" ou le très SOADesque "For The Swarm" et ses chœurs harmonisés (l’un des points forts constants de cet album), on retrouve le groupe que l’on avait quitté au sommet, tant au niveau du songwriting que de l’exécution, magistrale. J’aurais aimé plus de morceaux de cette veine et moins de transitions. Cela aurait également pu permettre de réduire la durée limite indigeste (près de 70 minutes) de la galette.

Est-ce qu’AVATAR n’aurait pas eu les yeux plus gros que le ventre sur le coup-là, poussant plus loin que jamais leurs outrances pour servir leur propos ? C’est bien possible… Ce sixième opus me laisse pour ma part un peu sur ma faim, après les deux orgies précédentes. J’espère alors sincèrement que la mégalomanie liée à un succès naissant ne les a pas atteints, mais à mon sens, il n’y a juste pas suffisamment de bons titres auto-suffisants ici pour mériter une meilleure note. Reste que tout cela est une nouvelle fois parfaitement réalisé et produit, et démontre encore une musicalité hors normes. Pris dans son ensemble, je comprends l’ambition et le but recherché, mais j’ai beaucoup de mal à écouter "Feathers & Flesh" d’une traite sans que l’ennui me saisisse à mi-parcours et que je m’en retourne à leurs méfaits passés (et futurs !).

Note réelle : 2,5/5.