Par une équation du Destin tous les groupes de Metal un peu durs qui connaissent un très grand succès sont amenés à faire évoluer leur musique vers des territoires plus "matures", c'est-à-dire plus accessibles et fédérateurs.
Rock, Pop, Electro.
Ils nous ont tous fait le coup, de METALLICA à PARADISE LOST.
Cette équation se termine souvent par un résultat nul, les dits groupes revenant au style de leur début après une traversée du désert.

Ainsi les Landais entrent dans ce processus avec ce "Magma", qui a faillit s'intituler "MAgMA" (au cas où nous aurions eu des doutes sur le thème), et qui marque un premier grand tournant dans leur musique.
Il ne s'agit pas d'une rupture, mais plutôt d'un glissement naturel. Ça sonne comme du GOJIRA mais en plus soft. Les frangins Duplantier ont réussi à conserver certains ingrédients qui font l'identité de leur groupe (on retrouve les rythmiques lourdes ou les effets de guitares surprenants par exemple) mais en les faisant vivre dans une musique beaucoup moins extrême et moins étouffante.

Personne ne les accusera de chercher à être plus commerciaux. Ce n’est de toute façon pas le problème. L'unique critère d'appréciation doit être la qualité de la musique. Ici ils tentent de sortir d'une impasse, d'une lassitude, d'un deuil et certainement d'une fatigue (les musiciens avouent avoir pensé à écrire des morceaux qui leur demandent moins d'énergie et qu'ils pourront encore jouer dans le futur).
Plan de carrière calculé ou tentative de survie artistique, "Magma" a le mérite d'être bon et rafraîchissant. Le chant clair aérien, humble et neutre, est très agréable (nous rappelant celui d'Herbrand Larsen de ENSLAVED). Ce sont d'ailleurs les morceaux où le chant clair domine qui sont les plus beaux et les plus passionnants: "The Shooting Star", "Low Lands" et surtout "Magma".

"L'Enfant Sauvage", on le mesure encore plus cruellement avec le recul, était un ratage quasi total. Ce disque qui aurait du frapper fort pour l'arrivée sur Roadrunner est un disque pour rien, bodybuildé jusqu'à l'écœurement pour masquer son vide.
Depuis lors il est clair que GOJIRA n'arrive plus à nous faire jouir, ils sont loin les "Backbone" et les "Oroborus". Mais il parvient avec "Magma" à nous offrir un beau plaisir tranquille et paisible. Une tentative honnête et plutôt réussie de survie artistique.