Je peux comprendre l’immense déception de nombreux fans du groupe à l’écoute initiale de cet album, et de son virage à 180°, donnant l’impression de cracher sur son histoire afin de séduire le plus grand nombre, pêché capital au sein de notre communauté. TRIVIUM a-t-il tenté, avec cet opus, de réaliser la prophétie auto-annoncée de devenir un jour le nouveau METALLICA, cherchant dans ce blanc immaculé, son "Black Album" ?

Pour ma part, j’apprécie cet essai pour ce qu’il est, une volonté profonde de renouvellement. Le groupe était quoiqu’il en soit arrivé au bout de ses tentatives d’itération, et il fallait une véritable rupture afin de réussir quelque chose de radicalement différent. Déjà "In Waves", malgré l’éponyme qui clôture chaque concert, et plus encore "Vengeance Falls", mal né, mal produit, et en manque d’inspiration dans les compositions comme les arrangements, m’avaient passablement déçu, après les mandales que furent "Ascendancy" et "Shogun". Ici, point de comparaison possible, changement complet de registre. Fini les cavalcades endiablées et les longs passages instrumentaux, ainsi que l’alternance des voix (100% des titres en chant clair). Les structures des titres sont simplifiées à l’extrême, et même la double pédale se fait plus discrète. Bref, on a l’impression d’écouter un autre groupe.

Mais si l’on fait abstraction du passé et que l’on prend du recul, il passe assez bien ce "Silence In The Snow". Le chant, principale critique somme toute recevable, est très abouti et les mélodies, notamment des refrains, sont toujours aussi bien trouvées et accrocheuses. Matt Heafy s’est de toute façon explosé la voix, et n’était plus à cette époque capable de hurler. Du coup, il a bossé et ça s’entend franchement.

C’est un honnête album de Heavy Metal que l’on écoute, plutôt inspiré, qui pourra même fonctionner auprès d’un public non-initié, ce qui m’a permis de traîner madame au concert (j’arrondirai si besoin à la note supérieure rien que pour cela, arbitrairement). Bien sûr, comme souligné par Fenryl, ça manque de surprises, mais je suis persuadé que le groupe n’aurait jamais pu réaliser ses trois derniers bijoux, sans ce "Silence In The Snow", s’enterrant dans de vains efforts, changeant de batteur à chaque album pour retrouver le mojo perdu. Les parties de guitares, même réduites à leur strict minimum, fonctionnent toujours aussi bien.

Au fil du temps, j’avoue écouter avec encore plus de plaisir cet album dans son intégralité, même s’il reste, il faut l’avouer, loin des sommets atteints à leurs débuts ou plus récemment.

Note : 3/5, même pas besoin d'arrondir !