Ça fait bien une dizaine de fois que je me tape l’écoute de ce "What About Now" et que je me dis toutes les cinq minutes « putain qu’est-ce qu’il est nul ce nouveau BON JOVI merde alors ».

Pourquoi je m’inflige ça alors ?
Sadomasochisme ? Sourdinguerie ?

Non, sentimentalisme.

BON JOVI pèse autant pour le Canard (oui, je parle de moi à la troisième personne, si je veux) que la première radasse que vous avez fourré sur votre tableau de chasse sentimental. Soit un souvenir moite, douloureux mais excitant, humide et pénible. Oui, d’un point de vue « HardRockistique », je me suis dépucelé avec le beau Jon. Et alors ? J’ai pas honte. Il en fallait bien un pour commencer, non ? C’est pourquoi, quand BON JOVI sort un nouvel album, je me sens un peu comme « obligé » de l’écouter, je lui caresse les cheveux, je soupire, les yeux dans le vague, vaguement mélancolique. Je repense à cette époque lointaine où mon Jon poussait la gueulante avec conviction, où Richie jouait avec les deux mains…

Ah BON JOVI…

Ça fait bien maintenant presque quinze ans (depuis le très moyen mais correct "These Days") que BON JOVI nous a pas pondu un bon album de Hard FM. C’est même plutôt à chaque fois la douche de plus en plus froide, mais j’y vais quand même je suis vaillant, même sous l’eau gelée je lutine, j’ai de la volonté, je ramone chaque recoin en me concentrant et je ressors de cette séance de frotti frotta toujours digne, mais déçu. Mais là, non. "What About Now"… Merci bonjour, je vais aller me terminer à la main.

Reste la question de fond que je me suis posé tout du long de mes dix écoutes obstinées : « Qu’est-ce que cherche à faire mon Jon ces dernières années ? »

De plus en plus « soupasse » au fil du temps, tour à tour Big Rock, vaguement Country ou Folk. Tout ce que vous voulez, mais raté. Dans l’absolu, que le groupe veuille se réorienter sexuellement, aucun problème – tant qu’il reste un peu sexy. Sauf que c’est loin d’être le cas, BON JOVI a évolué en pas bien pour un résultat qui lorgne vers du sous-Bryan Adams de supermarché. Comme ce sont des mecs pas cons, que Sambora a été un super gratteux, qu’ils savent tous composer, qu’on a quand même eu droit dans le passé à du tube de la trempe de "You Give Love A Bad Name"… on est en droit de se demander ce qui se passe chez ce BAD JOVI des années 2000.

Et c’est en écoutant la terrifiante "Beautiful World" (d’une exaspérante nullité) que j’ai compris : les BON JOVI ne veulent plus passer pour des ringards qui font du Hard FM des années 80, mais pour un groupe de Rock « adulte » riche d’influences multiples. Le groupe veut être convenable, jouer la carte du « nous, on a évolué ». Continuer à vendre des palettes d’albums sans trop la ramener, mais auréolé d’une honorabilité nouvelle que seuls les charts peuvent concéder à un groupe de plus de trente ans d’âge qui a vendu des millions de skeuds à travers le monde.

Voilà.
Sauf que ce sera sans moi.
Car si cette envie d’évoluer reste honorable, elle ne suffit pas quand, sur 16 titres de ce "What About Now", on a tout de même 12 petites crottes bien puantes. Du caca donc, mais bien masqué car BON JOVI a eu la bonne idée d’avoir mis ses meilleurs titres en ouverture d’album. Y a de quoi se faire avoir. "Because We Can" fait le boulot dans le genre « tube de stade modeste ». Des chœurs, un refrain, trois notes de Richie et c’est plié en moins de quatre minutes. Honnête. Suit "I’m With You" presque joli… et j’avoue qu’un instant j’y ai presque cru. D’autant que l’éponyme tient à peu près le pavé aussi, mais après… Bah après bah plus rien. Circulez, y a rien à voir. BON JOVI dégouline, se répand, redouble de niaiseries, offre des caramels et met du froufrou partout. Une horreur qui n’a d’égal que la platitude des compos. En ce sens, "What About Now" dépasse l’entendement, en devient presque fascinant par sa vacuité (surtout pour les blaireaux dans mon genre qui ont frétillé de la palme sur un album comme "Keep the Fesses").

What About Now ? C’est la question que BON JOVI doit se poser en 2013. En attendant que le groupe trouve une réponse (j’ai la foi), c’est à pleurer. Pas dans le bon sens du terme.


Note : 0,5/5 (pour les trois pauvres titres pas complètement ratés)