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NEUROSIS - Souls At Zero (1992)
Par ENENRA le 10 Septembre 2012          Consultée 5400 fois

L'arrivée d'un nouveau genre dans la sphère musicale ça se déroule un peu comme un schéma narratif. Tout d'abord tu as la situation initiale, on te présente l'environnement du bouzin, les personnages et les liens qu'ils entretiennent entre eux, ensuite t'as l'élément déclencheur qui fait tout péter et qui fait que les protagonistes doivent se bouger le cul, et souvent bénévolement en plus. Tout se perd. Pas besoin d'aller plus loin puisqu'avec NEUROSIS et ce "Souls At Zero" on a le cul en plein dans la situation initiale. Si le "Sludge Atmosphérique" était un livre, NEUROSIS en serait le premier mot, comme un enfant qui sortirait du ventre de sa mère et qui crierait : "Stiiiiiiiillll". Maintenant présentons notre personnage.

NEUROSIS s'est formé en 1985 à Oakland, en Californie. En 1992 il compte déjà dans ses rangs son line-up définitif, une équipe soudée qui ensevelira le monde et influencera toute une génération de musiciens après lui. Et la révolution qu'engendra NEUROSIS dans le monde de la Musique est à l'image de la révolution qu'ils ont eu dans leur son. Depuis 1985, le groupe joue un Punk Hardcore déchainé et va même jusqu'à faire partie d'un split Tribute à DISCHARGE sorti en 1991 où ils reprendront la chanson "Hear Nothing See Nothing Say Nothing", aux côtés de groupes tels qu'EXTREME NOISE TERROR ou NAUSEA. Dans un premier temps, le groupe ne dira pas totalement adieu à ses premières amours mais rendra la recette bien plus riche, mature, intéressante et surtout efficace. Ils furent même approchés par Jello Biafra et signèrent sur son label, Alternative Tentacles Records, pour la sortie de ce troisième opus. Troisième opus très vite considéré comme le premier par la masse grouillante d'auditeurs qui oubliera bien vite les deux premiers albums plus bruts de la bande de dégénérés d'Amérique.

Reprenons. Des tréfonds du Hardcore Punk de squats puants, NEUROSIS se garnit de nouvelles sonorités, de nouveaux atours. Délaissant la frénésie irréfléchie, ils embrassent dorénavant un nouveau son aussi bien inspiré du Post-Hardcore, du Dark Ambient, de la dissonance du Noise Rock ou encore des sonorités dantesques d'un Metal Industriel encore balbutiant (coup d'œil vers GODFLESH). Plantant toutes ces influences dans un terreau émotionnel influencé par leurs débuts, le groupe récolte quelques mois plus tard une musique intense, brute et opaque. Et il en faut peu pour nous mettre dans l'ambiance : une cloche dissonante, un loop étrange et un sample hypnotisant, les notes de basse puis de guitares, terrifiantes, qui suivront, n'auront aucune difficulté à nous emporter avec elles.

L'ambiance est posée. Le son est inhospitalier. Le groupe n'est pas là pour faire dans la dentelle. Les vocaux suivent les notes sifflantes, toutes cordes vocales dehors Scott Kelly et Steve Von Till donnent à entendre un chant écorché à vif, mu par une rage intérieure. Dans leur purgation mutuelle, plusieurs apogées sont atteints, notamment lors du "refrain" de "To Crawl Under One's Skin" et ses "Still" stridents et vers la fin de "Sterile Vision" où des trompettes triomphantes accompagnent des cris littéralement déchirés. Cette musique est autant cathartique pour ses acteurs que pour ses auditeurs. "Salvation Through Destruction" voilà ce qu'il pourrait être écrit sur ce premier méfait sérieux et totalement décoiffant des Américains. A tout moment le flot un semblant organisé de guitares peut exploser dans un délire foutraque, un petit bordel sonique et sifflant (par exemple "Souls At Zero"). La basse n'est cependant pas en reste, le groupe ayant gardé de son précédent album un mix très en avant de l'instrument, il se fait donc tout à fait audible et nous laisse contempler son jeu tentaculaire et écrasant. Le mot "charpente" devient de plus en plus compréhensible (elle règne en maîtresse sur l'introduction de "A Chronology For Survival").

Ce qui est particulièrement génial et impressionnant chez NEUROSIS, c'est qu'il fait partie de ces groupes qui ne créent pas des morceaux composés de plusieurs parties, d'un côté on entend la basse, de l'autre de la guitare, et le chant surplombant le tout. Non. NEUROSIS crée un climat, tous les instruments fusionnent en un, une seule bête sonore qui éclate comme un orage maritime. Le résultat de cette fusion est explosif et inattendu. "Souls At Zero" est parcouru d'une cohérence exemplaire dans son atmosphère générale et même si le groupe aménage des petites accalmies de-ci de-là, à l'aide de guest acoustiques notamment (un violon, une trompette, une flûte et un violoncelle ; tout un petit orchestre que l'on pourra entendre lors du break de "Flight" par exemple), il reste un expert en terme de riffs monstrueux et anéantissants, qui n'oublie pas cela dit pas d'être un minimum frénétique, influence Post-Hardcore oblige.

L'ajout d'éléments non négligeables et la tournure des morceaux à chaque fois unique, contribuent à renforcer la richesse de cet album. Que ce soit l'intervention des moines sur "Stripped" (suivie plus tard de violons tragiques, grandioses et comme apeurés) avant la déferlante ou tout simplement le solo supersonique (et le break au violoncelle et violon) sur "A Chronology For Survival", les interventions en tout genre ne manquent pas à la recette. Côté sample le groupe nous gâte aussi plus que de raison. Obscurs enregistrements, extraits de films, paroles de soldat, détonations meurtrières au loin, cet opus c'est un peu la guerre dans tous les sens du terme. Au dessus de ces riffs solides, malicieux et destructeurs, au dessus de ces échanges acoustiques / électriques, il y a donc aussi toute une ambiance, une aura qui se crée et qui enveloppe l'écoute de ce disque. Le transformant donc en autre chose. Quelque chose de plus grand, de plus riche que l'on ne cesse de découvrir au fil des écoutes, qu'importe leur nombre.

Du granite noir de la haine et de la violence, ces quatre géants sculptent et peaufinent, avec la plus grande des passions, une musique apocalyptique et étouffante, nocturne et solaire à la fois. "Souls At Zero" est une marche vers l'anéantissement personnel, un seppuku musical, un chemin vers la lumière intense des flammes de notre Monde en feu. Ombre et lumière. La fin est proche.


And I'm left still, still longing. Still cold. So cold.

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   ENENRA

 
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- Scott Kelly (chant, guitare)
- Steve Von Till (chant, guitare)
- Dave Edwardson (basse, chant)
- Simon Mcilroy (claviers, programmation)
- Jason Roeder (batterie)


1. To Crawl Under One's Skin
2. Souls At Zero
3. Zero
4. Flight
5. The Web
6. Sterile Vision
7. A Chronology For Survival
8. Stripped
9. Takeahnase
10. Empty



             



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