On les croyait condamnés aux feux de la damnation éternelle (ah ah), mais non. EXUMER nous fait lui aussi le coup du retour « outretombesque » et vient rejoindre la masse des ressuscités du Thrash dont l’état de fraîcheur rappelle davantage la horde de zombies qu’une bande d’angelots blondinets.

Si tous les groupes de Thrash de seconde zone remettent ainsi les couverts, vous n'avez pas fini de me lire.

Donc, c’est au tour d’EXUMER de se payer un petit tour de DELOREAL (mais si rappelez-vous dans "Back To The Future"). Paraît que certains fans grisonnants sont excités par ce retour. Moi pas.
Vous non plus ?
Cela nous fait un point commun qui remet très sérieusement en cause l’intérêt même de ce papier.
Quoi ?
Le plaisir de me lire ?
« Peu importe le groupe de Thrash, pourvu que nous ayons le Canard ».
Oh, c’est gentil ça, vous allez me faire rougir.

"Fire & Damnation" sent tellement le réchauffé que le groupe a même remis en plein milieu de l’album leur titre phare (dans le cul rance "Fallen Saint"), discretos ni vu ni connu. Pour le reste, je me suis fié à mon palpitant. J’ai écouté la galette et à aucun moment donné je me suis mis à crachouiller les riffs, je n’ai pas senti mon cœur s’emballer et je n’ai pas fiévreusement cherché à réécouter l’album en jurant. Non, c’était plutôt bande-mou, avis mitigé de rigueur. Plutôt pas mal pour du Thrash de D2 mais pas plus. Chaque morceau de ce "Fire & Damnation" a en général un petit passage sympa, quelque chose de mémorisable (à défaut d’être mémorable) mais EXUMER ne viendra pas vous hanter la nuit.

D’un autre côté, que pouvait-on attendre de cette reformation ? Si le temps lisse certaines aspérités, il ne fait pas non plus de miracle. Ce qui était anecdotique et honorable en 1986 n’est au mieux que sympathique et correct en 2012. D'autant que la recette est la même : EXUMER bourrine, joue de l’accélération et riffe en ligne droite. Sans surprise, tout cela sonne rance au mieux désuet. Le titre éponyme est un modèle dans le genre « Thrash qui n’a rien à dire mais qui dit le quand même », puis les choses s’améliorent au fil de l’album. EXUMER a pris une coloration qui m'a pas mal rappelé le "Dreamweaver" de SABBAT. Certains titres s’en tirent mieux que d’autres (citons "New Morality" ou encore "Waking The Fire" qui déboite le caisson). Au final, rien d’extraordinaire mais dans l’ensemble ça fonctionne (ce qui n’est déjà pas si mal), les plus optimistes d’entre nous iront même jusqu’à dire qu’on passe un moment sympathique, un « honnête moment Thrash ».

La force d’EXUMER en 2012 tient essentiellement dans cette rage que le groupe véhicule. Ce tempo furieux et cette envie de faire du boucan rendent meilleurs. Même si les lignes de chant sont atroces, que les soli puent et que certains riffs ne sont pas sortis de la cuisine à Jupiter. Peu importe, il y a derrière tout cela une motivation salutaire. Et c’est essentiel dans le Thrash qui pue.

EXUMER est revenu. Après 25 ans d’absence, ils ont fait comme si de rien n’était. Soit du bon petit Thrash bien secondaire. En cela, le contrat est respecté même si au final ce "Revival" a pris des allures de « Survival ».


Note : 3/5 (bien tassé)

Morceau préféré du Canard : "Waking The Fire"