Lorsqu'il déboule en 2012 avec son premier album studio - le troisième de sa carrière - en vingt-cinq ans, EXUMER, même sans lettre H, paraît n'avoir jamais aussi bien porté son nom. Certes, quelques mouvements post-mortem s'étaient fait sentir dix bonnes années plus tôt, rapidement calmés par une incapacité à revivifier le cadavre de ce second couteau du Thrash allemand, qui n'a jamais vraiment voulu ressembler à ses pairs d'outre-Rhin. Aussi, lorsqu'une deuxième reformation prit corps en 2008, sans Syke Bornetto ni Bernie Siedler, la logique voulait que l'on n'ait droit qu'à un ultime baroud d'honneur, le temps de quelques festivals et de concerts par-ci, par-là.

Un an et une Démo plus tard, le groupe semblait vouloir faire mentir les oiseaux de mauvais augure mais, en 2010, Paul Arakari foutait le camp d'EXUMER une nouvelle fois, laissant le champ libre à Mem Von Stein et Ray Mensh pour mettre enfin sur les rails le troisième opus longue durée du combo. Désormais au nombre de cinq, les Hessois pouvaient enfin nous faire entendre ce que donnait leur Thrash Metal emballé dans une production actuelle et (un chouïa) moins tributaire d'EXODUS ou de SLAYER ! Résultat : un "Fire And Damnation" qui donne, à première ouïe, un bon coup de pied aux fesses. Oui, on vous a menti : c'est le nerf auditif qui est le plus long du corps humain car, relié au séant, c'est lui le responsable de l'impression de se faire botter le cul quand on écoute un disque musclé. Sauf que, non, "Fire And Damnation" n'est pas si musclé que cela, en fait.

Pourtant, on y a cru. Le morceau-titre, en ouverture, est un peu l'arbre qui cache la forêt, en vérité. Parce que ses riffs en inox sont parmi les plus efficaces de l'album, que son alternance entre passages bien vifs et moments plus lourds est réussie… Et surtout parce que l'on retrouve avec plaisir la voix de Mem Von Stein, moins excité qu'auparavant mais non moins méchant ! Mieux entouré que jamais, vocalement, le frontman se permet désormais de mener des gang vocals de thugs qui fleurent bon le Thrash Crossover. Ainsi, l'alliance entre voix hargneuse, riffing solide et production puissante et moderne permet à quelques morceaux de sortir du lot, dans la droite lignée du morceau-titre, notamment "Vermin Of The Sky" et surtout "Waking The Fire", petite bombe incendiaire qui s'avère être le meilleur morceau de l'album. Mais au-delà de ces trois morceaux, finalement, rien ne sort réellement du lot sur ce troisième L.P. d'EXUMER.

Car, encore une fois, les riffs, bien que trempés dans un bain galvanisant, restent assez convenus et n'ont rien d'inoubliable. Combien de fois faut-il écouter le disque pour en retenir davantage que les trois titres-phares déjà cités ? Depuis la sortie de "Fire And Damnation" (il y a sept ans !), j'en suis à plus d'une quarantaine d'écoutes attentives et même l'à-peu-près original "Crushing Point" peine à s'imposer à mes oreilles… Le plus dommage, dans l'histoire ? Que le quintette ait jugé bon de remettre dans le tracklisting de l'album deux de ses "standards" : "Fallen Saint", issu de "Possessed By Fire", et "I Dare You", extrait de "Rising From The Sea". Or, ceux-ci souffrent de leur manque de jeunesse et donc de folie dans leur interprétation. Tout comme EXUMER dans son ensemble sur ce troisième album.