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2012 Sanity Burns (Self Titled)

SANITY BURNS - Sanity Burns (self Titled) (2012)
Par CANARD WC le 20 Juin 2013          Consultée 3451 fois

Les Anglais ne savent pas thrasher, c’est ainsi. Sont costauds pour faire le thé, pour le cheddar, pour monter des clubs de foot et faire du Heavy Metal… mais pas pour le Thrash. C’est déjà pas si mal, me direz-vous.

Et je vous répondrais bien qu’il y a une raison à cela.

Car figurez-vous que plus jeune au fin fond des années 90, j’avais développé une thèse sur : « L’incompétence rosbif en matière de Thrash » que je vous livre et qui me servira de longue introduction.

Allez-vous chercher un verre d’eau et de l’aspirine.

...

Tout parle d’HEGEL. Oui, le philosophe allemand imbitable. Je vous la fais courte, mais en gros HEGEL pensait que le monde était gouverné par une sorte de force supérieure – à mi-chemin entre la notion de Destin et de Marche de l’Histoire. Cette « force » - qu’il appelle « Geist » - se manifeste de façon éparse à travers certains évènements marquants de l’humanité, voire à travers le destin de grands hommes. Les pages roses de l’œuvre d’HEGEL vous apprendront qu’il voyait par exemple en Napoléon une personnification du « Geist », qu’il en a été d’ailleurs été tout chamboulé le Georg Wilhelm Friedrich quand il aurait croisé Bonaparte.

L’Histoire n’étant qu’une succession d’évènements et de Grands Hommes (Egypte – Grèce – Rome – empire anglo-américain etc.), l’idée que celle-ci serait dominée par une force d’essence plus ou moins divine et qui se baladerait de ci de là est intéressante. Si j’applique cette idée à notre musique, il est à noter que souvent les grands courants naissent à un certain endroit, souvent avec dix ans d’écart et à un continent d’intervalle. Le Heavy Metal par exemple est quant à lui indissociablement rosbif et fin seventies. Tandis que le Thrash est US et parfaitement ancré dans les années 80. Tout comme l’Extrême vient d’Europe du Nord et pue le début des années 90. Et ainsi de suite.

Par analogie au fameux « Big Four » du Thrash, on pourrait presque parler d’un « Big petit four » (ah ah) 100 % rosbif composé de BLACK SABBATH, JUDAS PRIEST, SAXON et IRON MAIDEN. Suivant la logique d’HEGEL, il était physiquement et naturellement impossible de « thrasher » derrière. Il fallait une décennie et un océan pour séparer un peu les choses. Ce qui nous amène alors tout droit vers le début des années 80 en pleine Cote-Ouest US. Ce long liminaire canardien pour vous expliquer pourquoi les Anglais ne pouvaient pas thrasher dans les années 80. Le « Geist » ayant foutu le camp de la perfide Albion. Tout simplement. Pour cette raison, on peut analyser le « Revival Thrash » en un « Survival Thrash » (soit les soubresauts post mortem d’un genre périmé qu’une véritable résurrection).

Fin de l'introduction capillo-tractée.

...


Le fait est que le temps et l’acharnement à thrasher de la part de certains groupes force le respect. Pire, écouter du Thrash en 2013 est sans doute moins ringard que dans les années 90. La faut entre autres à de nouveaux groupes sortis de nulle part qui défoncent tout (j’ai envie de citer GODSLAVE, voire de contrées improbables, vierges de toute compétence es Thrash (j’ai envie de citer GAME OVER). Puis là, en 2012, l’Angleterre qui prend sa revanche, thrashe sans complexe et en débardeur. Je doute.

Donc SANITY BURNS est nouveau, anglais, fait du Thrash burné et leur premier album est une tuerie. Ne cherchez pas l’erreur, il n’y en a pas. J’ai eu beau remué l’équation dans tous les sens, pas de piège non plus. Pour le coup, on pourrait parler d’un renouveau en lieu et place d’un « Revival ».

« Brulures de bonne santé » (traduction Google) est d’une efficacité à tomber de la chaise. Riffs mortels, tempo enragé, compos accrocheuses etc. SANITY BURNS joue décomplexé, s’emballe et le résultat lorgne du côté du nouveau TESTAMENT (pas le manuscrit hein, le groupe) sur "Relentless" (par exemple) ou plus largement d’EXODUS dans ses grandes œuvres - le tout saupoudré de choses un peu plus modernes à la LAMB OF GOD. Mais pas seulement, car il y a aussi de l’esprit de SEPULTURA dans les acoustiques vénéneux de "Schizophrenia" (souvenez-vous de "Jasco" dans "Roots") et si "Killed In Action" ne vous rappelle pas le "Die By The Sword" de SLAYER, c’est que vous ne connaissez pas tout votre SLAYER par cœur ce qui est dramatique selon moi. Bref, ça brasse avec soin, avec cet amour du travail bien fait dans la tradition des meilleurs trappistes belges (faites-moi penser à déboucher une cuvée des « Cinq Cents » à la fin de cette chronique tiens). « SANITY brule t’il » a la pêche, est bien foutu et envoie donc du bois à tous les coins de l’album.

Enfin presque.

"Embers". C’est le nom du méfait, d’un aussi bon gout que l’espèce de sauce à menthe que les Anglais foutent sur leur rosbif bouilli. Dégueulasse et immanquable vu que cette « chose » figure en plein milieu de l’album. Une sorte de ballade ridicule, si mauvaise, si niaise qu’elle confine à la blague. SANITY BURNS est si mauvais pour le coup et affiche un tel feeling qu’on se dit que c’est forcément de l’humour « so british ». C’est d’autant plus dommage que pour le reste c’est du quasi presque parfait du subjonctif présent : "Etenity" nique tout et "Massacre" porte bien son nom. Un brin d’émotion sur le final d’"Ashes" (ça pleurniche pas mais presque). Sanitaires Burnés sait aussi se montrer monolithique et intransigeant sur "Black Widow" tout de mid tempo hurlé (oui, ça peut gentiment lorgner vers le Death). Sans parler du final de toute beauté, dix belles minutes de montée / descente avec de l’acoustique et une tempête de riffs.

Pour reboucler avec mon introduction « hégélienne », je dirais que je me suis souvent posé la question depuis 2000 de savoir où avait foutu le camp le « Geist of Metal ». M’est avis que s’il ne s’est pas réincarné dans un sous genre précis, son esprit s’est disséminé de ci de là, à travers les années, par flagrances sur un album ou un groupe. Le « Geist of Metal » butine, zappe, se désagrège et rebondit un peu partout à travers la planète. Si on ne peut pas dire qu’il s’est réincarné dans SANITY BURNS en 2012, je suis quasi certain qu’il est au moins passé en coup de vent en studio pour voir ce que branlaient ces Anglais qui thrashent.

Au moins quelques minutes.


Note : 4/5


Morceau préféré : "Massacre"
D’une effroyable nullité : "Embers"
(Pour le reste, c’est quasi du sans faute)

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   CANARD WC

 
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- Don Merritt (basse)
- James Phoenix (guitare)
- Hugo Terva (batterie)
- Chris Simmons (chant)


1. Relentless
2. Eternity
3. Killed In Action
4. Fracture
5. Embers
6. Ashes
7. Massacre
8. Black Widow
9. Shitfaced
10. Schizophrenia



             



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