A peine le précédent opus fut-il sorti dans les bacs que Josh Scogin mis les voiles et s'en alla former THE CHARIOT. Doolittle en fit de même... Un gros coup rude porté à la formation tant le chanteur m'avait épaté par ses talents de hurleur sans limite !
Brad Norris a beau prendre la suite pendant un an et demi, c'est finalement Cory Brandan Putman qui se charge de poser sa voix sur ce second effort du groupe... Un album attendu au tournant par les amateurs du genre, tout émoustillés que nous étions par "Bless The Martyr..." qui avait mis la barre relativement haute.

Petit jeu "amusant", on remarquera que tous les titres de l'album sont des mots-valises ("portemanteaux" en anglais !!) : vous savez ces mots inventés par la contraction de deux autres comme un adulescent ou le franglais par exemple...
Ces derniers demeurent au passage toujours aussi longs que sur l'opus précédent !
Une anecdote bien peu essentielle (par définition) pour nous faire rater la question fondamentale ici : quid de ce nouveau frontman ?
Rassurez-vous, NORMA JEAN ne nous décevra pas sur ce coup-là : mieux, Brandan intègre même des parties "chantées" qui fonctionnent franchement bien ("Bayonetwork"). Pour autant, la férocité de son chant trouve tout de même ces limites car tout ceci reste relativement monocorde. "Liarsenic" pourra certes me contredire de façon flagrante mais il s'agit tout de même du sixième morceau qui vient véritablement briser le sentiment de pseudo monotonie.

Attention, soyons clair : "O'God The Aftermath" marque un début d'évolution de NORMA JEAN vers un Mathcore épique et toujours aussi puissant mais cet album est frappé du sceau de l'urgence. La violence musicale est toujours à l'ordre du jour et notre hurleur en chef est à l’œuvre avec beaucoup de métier. Mais dans son ensemble, la comparaison avec son illustre aîné rend "O' God The Aftermath" un poil déroutant en ce sens.
Là où "Bless The Martyr..." avait mis la barre super haut, on se retrouve ici avec un produit plus "attendu"... et "entendu" parfois...

Heureusement, le groupe a conservé la superbe idée du titre à rallonge, complexe et alambiqué comme sur la galette précédente, et il fait une nouvelle fois mouche : "Disconnecktie" nous transporte, nous fait divaguer dans les méandres des ambiances torturées que le combo sait si bien construire mais en l'allégeant de cet aspect si sombre et glauque.
En tout cas, il s'agit désormais d'une marque de fabrique de NORMA JEAN avec THE titre long qui arrache tout, mais qui ici illustre à merveille le virage opéré par les Américains (beaucoup plus proche du postcore/mathcore) qui viendra prendre forme dans la seconde partie de ce "O' God The Aftermath".

Même si les guitares d'un "Charactarantula" se font pénibles sur ce riff sursaturé (surtout dans les dernières secondes du morceau), on retrouve toujours ces plans syncopés ("Pretendeavor") qui maltraitent les cervicales. Une formation appliquée dans laquelle chaque poste est attaché au service du son collectif et non pas présent pour se mettre en valeur. De toute façon, dans le genre, c'est une voix + un groupe qui joue fort/gros... Contrat rempli !

Soyons clair : NORMA JEAN a limité la prise de risques à sa plus simple expression. Son Metalcore (Christiancore) évolue "timidement" (façon de parler) en conservant à la fois son efficacité mais en montrant une facette trop "déjà vu" (déjà !!) parfois...
"O God' The Aftermath" est au final un (seulement ?) bon album qui vient se placer sans rougir dans la discographie du groupe. Il poursuit la lignée du genre en offrant un bon moment de Metalcore extrême en pleine mutation...

Note réelle : 3,5/5.