La voie de l'épée , voilà par où est en train de passer CRIMFALL, nouvelle sensation du Folk/Sympho.

"As The Path Unfolds" pavait ses premières bravades et nous présentait un style connu, mais revu et corrigé grâce à une propension pour les atmosphères d'une grande beauté et un duo chant masculin de bête sauvage/chant féminin de nymphe en esclavage. Et pas n'importe quelles voix ; le mec est le gueuleur en chef de DRAUGNIM et Helena Haaparanta est épique, touchante, aussi jolie qu'un coucher de soleil ou une chaude brise de vent voguant sur les violons enjoués de la victoire, entendus après une rude bataille. Que si !

Le voilà de retour, ce fier destrier, ses rangs grossis de deux tueurs, avec sa musique d'un autre temps. Aussi pompeux qu'un TURISAS (Mathias Nygärd est d'ailleurs invité, tout comme Ville Sorvali de MOONSORROW, comme quoi on se serre les coudes en Finlande !) mais plus élaboré dans les structures et moins symphonique, plus root et folk. CRIMFALL et son leader incontesté Jakke Viitala enfoncent l'accélérateur en s'agenouillant devant le roi. L'heure est déjà venue pour eux, avec ce deuxième skeud, de gagner la confrérie des chevaliers du royaume de la Finlande. Après avoir opéré de valeureuses vrilles de son épée sur la plaine et dépeint avec un franc lyrisme les affres de leurs compagnons, ils ont suffisamment impressionné la galerie pour être déjà reconnus comme de futurs grands du Folk. Des semeurs de rêves, rien que ça.

Tout est gros et si petit à la fois sur "The Writ Of Sword". Il s'en dégage une simplicité déconcertante comme sur "As The Path Unfolds" (merci aux instrumentaux et nombreux passages atmosphériques qui font oublier la haine des époques barbares pour n'en conserver que les beautés terrestres et les valeurs), mais en même temps, on sent que les Finlandais veulent en mettre plein les oreilles avec un son riche (salut, Jens Bogren), où les instruments tournoient dans un cyclone automnal. La mélancolie côtoie la joie et la ferveur à travers les deux paires de cordes vocales, la mince rivière se jette dans un torrent de sang, le grandiloquent « orchestre » se colle sans gêne à l'humble acoustique, capable grâce aux doigts sensibles de Viitala d'injecter autant d'émotions qu'un ensemble de 100 musiciens. La dose de cuivres et cordes est parfaite, les chœurs ne viennent pas brouiller les cartes, seulement appuyer un propos historique, nostalgique.

Si vous avez adoré "As The Path Unfolds", "The Writ Of Sword" est une suite logique et plus couillue encore. Ne vous attendez pas à un album qui brasse du début à la fin à la FINNTROLL, les Finlandais n'abusent pas de leurs riffs brutaux et de la double, une tendresse constante plane sur ces compos, malgré quelques débâcles non tempérées (et souhaitées). La guitare se fait souvent heavy pour ne pas prendre le pas sur les instruments folk si géniaux et adroitement parsemés. Écoutez les montagnes russes de "Storm Before The Calm" ou de la magnifique "Silver And Bones", quintessence de CRIMFALL, et vous aurez tout compris.

J'ose imaginer que les amateurs feront la différence entre les groupes cités plus haut et la magie unique de CRIMFALL. Rares sont les (jeunes) formations à utiliser aussi bien le chant féminin en Metal épique et surtout, les orchestrations. Naissent alors de vibrants, de lumineux tableaux, dont on ne veut plus ressortir, pour y errer pour l'éternité.

J'avais sincèrement peur que les Finlandais n'arrivent pas à capituler, mais merde, c'est mission accomplie ! "The Writ Of Sword" hausse le ton par rapport à son petit frère tout en gardant ce qui le rend si charmant. Qui dit mieux ?