Voici donc la nouvelle coqueluche de l'heure en Death Mélo scandinave. Et moi qui pensais que c'était les Suédois d'IN MOURNING ?! Bon, à l'écoute de ce "New World Shadows", qui fait d'ailleurs un malheur dans les palmarès, je suis toujours du côté d'IN MOURNING, un OPETH-like qui détonne, mais je dois avouer qu'OMNIUM GATHERUM a tous les attraits pour livrer une chaude bataille. Bordel que ça m'a pris du temps pour m'en convaincre…

Les Finlandais jouent un Death Mélo catchy, mais pas explosif. Leur leitmotiv tient à deux choses : trouver le riff incendiaire qui mettra le feu aux poudres tout au long du morceau (la recette de tous les groupes de Death Mélo) et y coller des ambiances au clavier mélangeant la mélancolie du Gothique et du Doom. Le tout parsemé d'increvables mélodies et d'une voix grasse mais sèche, bien dosée, ne prenant pas le pas sur la musique. Certains y entendront DARK TRANQUILLITY, AMORPHIS, INSOMNIUM (dont le chanteur est venu hurler à quelques endroits sur l'album), ou, comme se plaît à dire le guitariste Markus Vanhala, un savant mix de AT THE GATES, DEATH, JUDAS PRIEST et KATATONIA ! Sur ce gros n'importe quoi tiré par les vers du nez, on peut parler de choses sérieuses ?

Car oui, OMNIUM GATHERUM est sérieux. Et pas mal à part ça. "New World Shadows" est un titre parfaitement choisi pour cet ensemble de compos musclées (masterisé par Dan Swanö, ça aide) au son absolument foudroyant. Même un peu trop puissant. Ok, c'est du Death Mélo et on aime ça cristallin, à la limite de l'exagération, on aime entendre chaque fibre de guitare acoustique et chaque pleur de clavier, mais bon… On n'est vraiment pas dans le brouillard ici, rien n'est laissé au hasard, chaque tripe de "New World Shadows" est exposée au soleil, chaque sentiment est multiplié par dix et ça provoque parfois un effet bouleversant. Prenez "Watcher Of The Skies" par exemple : après une longue intro vaporeuse, la guitare nous entraîne dans un vol inspiré à travers des nuages rosés, bien loin de la désolation, de la désillusion moderne, que traduit avec force le quintette. Encore plus que sur leur dernier skeud, "Red Shift", plus rentre-dedans, moins émotionnel.

Ce côté tendre est possiblement le meilleur des Finlandais. Derrière ce mur de grattes auquel les fans sont habitués depuis des décennies et cette voix de brute tentant de séduire, se cachent des petits trésors atmosphériques personnifiant littéralement ces "Nouvelles Ombres Mondiales". De lentes parties rythmiques comme sur la pièce-titre, "Everfields" ou "Deep Cold". On ressent cette envie d'arranger les choses, certes, mais surtout cette résignation face à un futur incertain et vide, électronique et robotique. Le groupe ne se gêne pas à ce sujet pour foutre des étincelles cyber partout, question de nous rappeler que ce Death Mélo est moderne et vient opposer deux pans de notre société : la froide et la chaude. Et les ondes de choc partent du Nord, donc oui, le bleu, le vert et le blanc prédominent pour exprimer haut et fort ces impressions un brin démoralisantes. Le chant du cygne de ces buildings à étages empilés comme des blocs de glace fondant sous l'astre suprême, au grand plaisir des prolétaires cyniques.

"New World Shadows" est un très bon album. Même si au début je le trouvais un peu ennuyeux, car ne présentant aucune grande originalité à mon oreille critique, je dois me rendre à l'évidence que le buzz international autour d'OMNIUM GATHERUM est mérité. Pas facile d'entrer dans cet amas de mélodies bâti comme le dernier BLIND GUARDIAN – deux pavés au début et à la fin et des pièces plus courtes et disparates au milieu – mais lorsqu'on en émerge, il est objectivement impossible de ne pas saluer la maîtrise des musiciens, la production monstrueuse (et encore une fois, peut-être trop intense) ainsi que la thématique bien respectée.

La magie fait son travail et en Death Mélo, c'est primordial. Ça doit nous foutre des baffes, certes, mais ça doit aussi interpeller la corde sensible en nous et OMNIUM GATHERUM y arrive sans peine.

J'abdique donc en osant même lever mon pouce aux Finlandais.