Je me répète : pas facile pour quiconque d'enchaîner les drapeaux à damier, car les retardataires fulminent et votre ego assassine vos neurones. V'là déjà près de quinze ans qu'OMNIUM GATHERUM se fraie un spot de choix dans nos cœurs de Deatheux romantico-musculeux, sans trop dévier de sa trajectoire. Serait-ce le temps du hoquet ou les Finlandais auront-ils assez de truffe pour renifler de nouveau le sommet du podium ? Avec un guitariste en moins (l'excellent Joonas Koto), un nouveau bassiste et un nouveau batteur de surcroît ? Ouf, tout un contrat…

Ce neuvième album débute sur un ton gentillet, lumineux, limite supportable pour les anti-pop mainstream comme moi. J'avais alors foutrement peur, surtout avec "Prime" et "Reckoning", que les Finlandais sombrent dans leurs travers des débuts. Je me souviens notamment de mes doléances concernant la facilité, toute relative, des compositions aspergeant "Redshift". Ce sentiment avait teinté mon avis, et celui de milliers d'observateurs, qui accusaient OMNIUM GATHERUM de labourer de la convenance dans un champ recelant de promesses et de talent.

À partir de "Fortitude", il FALLAIT qu'un truc se passe pour relever la barre. J'entendais trop de Heavy ici, trop de mièvreries là. ALLEZ, PUTAIN, enfoncez la pédale ! Les guitares suaves et grésillantes et le « synthéré » (@Copyright 2024) des Finlandais s'élèvent alors pour nous offrir… une balade ? Vraiment ? Cette lente procession confirmerait-elle mes premiers doutes ? Comme tout bon vétéran qui en a déjà esquivé d'autres, OMNIUM GATHERUM effectue subtilement un petit revirement de situation grâce à un riff lourd et tourne-tête, qui agit comme une tornade dans ce surprenant vent chaud que s'avère "Fortitude". Mais… l'absence de la seconde guitare dans le line-up de base se fait cruellement sentir.

À partir de là, sans tomber dans le track by track, vous comprenez que les possibilités de dériver ou d'arriver à bon port sont abondantes ! Il en va de la survie de ce "Origin". Pour vous résumer le topo, disons qu'il y a du très fort dans cette seconde demi-lune. Au premier plan, "Unity" et son refrain entêtant taillé pour les stades. J'aurais accéléré le tempo un peu par contre, pour que l'ambiance bourrée d'espoir de la plage soit remplacée par un beat plus fédérateur. C'est le genre de morceau qui risque d'être repris par un band qui veut en découdre et rendre hommage à OG en simultanée. "Friction" est aussi pas mal avec sa trame très classique OG et ses guitares nerveuses, idem pour l'efficace boule d'émotions "Solemn", alors que "Tempest" passe rapido dans nos mémoires.

Ironie : un des meilleurs titres du skeud est le dernier, une reprise de l'exquise "In Front Of Me" d'INFECTED MUSHROOM. Je vous conseille d'ailleurs d'écouter l'originale, une vraie pépite.

Si on fait les comptes, il est clair que les Finlandais ont changé de registre, tentant je ne sais pourquoi de sonner plus propret et près du peuple. Est-ce la faute aux nouveaux venus (sûrement pas celle des absents !), une coïncidence, un problème de chimie ? Après tout, la musique est humaine… On sera indulgent, mais pas trop, car un album a quand même été lancé.

Cette fois, après une note plus que remarquable, OMNIUM GATHERUM mérite un « bon sans plus ». Le niveau doit être impérativement remonté dès le prochain, le dixième ! Go, les gars, ne gaspillez cette occasion !

Podium : (or) "Unity", (argent) "In Front Of Me", (bronze) "Fortitude".