Le Death Mélo/Atmo à tendance prog/goth est un des styles les plus difficiles à jouer en raison de la… multiplication des sous-genres, donc des risques. Menaces de sombrer trop dans un genre en négligeant l'autre. THURISAZ n'est sûrement pas le pire fusionniste, car ce troisième album, conseillé par le fidèle lecteur Louvoir, à qui je dédie humblement cette chronique, ne soûle sur aucun plan. Il en enivrera peut-être quelques-uns avec ses sensibles mélopées, mais personne ne pourra lui reprocher d'être ennuyant.

L'album commence merveilleusement avec ce lent et passionnant "My Precious Unknown", qui m'a fait voyager au gré des flots tumultueux que les Belges romantiques savent réveiller. Une pièce parfaitement ambiancée – wow, ce détour vers la Perse antique sur le bridge ! – qui donne de suite le ton et la couleur à un album à la pochette on ne peut plus représentative : des teintes gris-bleu, un pont entre la nostalgie des traditions ancestrales et le présent si monstrueux avec son développement sauvage incontrôlable. Mais c'est surtout le souvenir lointain de cette race de nomades thraces forcés à l'exode, avant la naissance du Christ, dans un territoire qui serait aujourd'hui considéré comme l'Iran. Charmant parallèle avec la crise actuelle des migrants !

Vous pouvez alors mieux comprendre la forte teneur en émotions que les Belges font pleuvoir sur "The Cimmerian Years". Des morceaux tels que "Fare Thee Well" ou "Inner Voices" renvoient à ces épisodes tragiques de l'histoire qui, malheureusement, se sont répétés, sans que l'homme avec un petit "h" n'ait été capable d'apprendre de ses erreurs. En fait, surveillez chaque plage de l'album, car ces moments lyriques sont partout, pimentent et agrémentent l'odyssée peinte avec talent par THURISAZ, poète obscur des temps modernes.

Laissez-vous aussi imprégner par une pochette facilement compréhensible, mais aussi dotée d'une subtilité appréciable, poétique. On aimerait tant voir l'expression sur le visage de ce guerrier qui toise, et/ou envie, ces tours de merde… Mais n'est-ce pas là toute la beauté de l'art ? La subjectivité, le pouvoir laissé entre les mains de l'admirateur ? Oh que oui. Disons que pour l'autre forme artistique dans laquelle excellent les Belges, la musique évidemment, on peut moins compter sur les énigmes, car ce Death Atmo/Mélo un brin progressif/gothique avec une pointe de Doom, se laisse déguster sans trop de maux de tête ou d'estomac. Le sirop et l'agression se côtoient sans prises de bec excessives ou d'écœurement des tympans, on est correct. Même si l'ombre de GRAVEWORM pourra planer chez certains.

La noirceur aussi flirte avec la lumière, comme sur le duo de départ ou des pièces comme "No Regrets", "The Carnival Of Miscreation" et "Unhealed", avec son chant féminin aérien. De belles trouvailles qui rempliront les auges de près de la moitié des métalleux de ce monde, pourvu que ces derniers aient le cœur à la bonne place !

Un bon album, recommandable autant aux fans de Death Mélo que de Metal Gothique. Un bien beau et inspiré mélange !

Note : 3,5/5 arrondi au supérieur parce que... c'est Louvoir.

Podium : (or) "My Precious Unknown", (argent) "Second Mirror", (bronze) "Unhealed".