La mélancolie musclée de "The Cimmerian Years" était envoûtante et promettait de grandes choses pour les Belges de THURISAZ. Ce troisième opus nous faisait voyager entre passé et présent, entre la nostalgie des époques révolues et les effets cruels de la modernité. Le talent certain du quintette pour les ambiances lyriques et les mélodies aériennes nous projetait au cœur d'une tornade grisâtre d'où filtraient quelques couleurs vives.

"The Pulse Of Mourning" est une suite logique de notre album de 2011, "The Cimmerian Years", mais il marque aussi un retour à la rage de "Circadian Rhythm", sorti en 2007. Nous avons tenté encore une fois de créer un album varié, qui explore les différents aspects de la désillusion et de la déception, nous apprend le groupe. En matant la pochette, impossible de se tromper quant à la teneur en émotions que contiendra cette galette, autant par cette simple image qu'avec le titre. Et c'est exactement ce qu'on obtiendra en ne travaillant pas trop fort.

Car les Belges, mes chers amis, ont fait assez court sur ce coup. "The Cimmerian Years" s'étalait sur 54 minutes jamais trop longues, alors que "The Pulse Of Mourning" touche aux 44 minutes de peine et de misère. Un défaut ? Non. L'ensemble est correct, bien équilibré, mais on sentira que les Belges auraient pu en faire plus. Surtout que sur les neuf plages, si on exclut les trois instrumentales, il ne nous reste que six morceaux. Or, dans cette demi-douzaine, il y a un brulot ("…For A Change") qui ne sert que de mise en bouche et une clôture sirupeuse ("Stargaze"). Donc un simple calcul nous amène à quatre titres protéinés qui raccrochent le groupe à son étiquette Death Mélo/Atmo. Ce quatuor est heureusement bien réussi, sinon on aurait hurlé au scandale, car bon, attendre quatre ans pour se farcir une telle œuvre en dents de scie…

Il faut croire que les Belges ont privilégié les atmosphères dramatiques en sacrifiant du tonus. On devra l'accepter ou se barrer.

Les aficionados de riffs molosses devront ainsi se jeter crocs dehors sur le podium, qui offre de merveilleux moments de Death Mélo, qu'on croirait parfois calqués sur la nouvelle recette d'INSOMNIUM, décidément la nouvelle pointure du genre grâce à un "Shadows Of The Dying Sun" mélodieux et accrocheur qui aura dépassé les attentes. Ce n'est pas le cas pour THURISAZ sur ce skeud, car les zicos ont manqué de jus un brin pour se hisser dans le peloton de tête. Sauf qu'on se repassera sans gêne cet amoncellement de chagrin printanier (car pour être automnal, il aurait fallu pousser le bouchon un peu plus loin), sous lequel les Belges nous enterrent. "One Final Step" et son clin d'œil à 007 est particulièrement puissante dans le style. "In all Remembrance" nous achève avec son synthé magnifique, après que les couillues "Patterns Of Life" et "Rays Of Light" nous aient énergisés avec leurs mélodies poignantes, leurs sentiments contraires et inspirantes lignes de chant.

Un disque à la forme somme toute assez différente de "The Cimmerian Years", qui prodiguait davantage d'homériques odyssées pour guérir son mal-être. "The Pulse Of Mourning" se rangerait donc dans la catégorie « recueillement » grâce aux salves parfumées des Belges qui rendent cet album plus intimiste.

Nous avons donc admiré tous les visages de THURISAZ depuis cinq ans. Le prochain album sera un condensé de ses meilleurs atouts, sinon, il y aura peut-être plafonnement à l'horizon.

Note : 3,5/5.

Podium : (or) "One Final Step", (argent) "Patterns Of Life", (bronze) "Rays Of Light".