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BLACK MODERNE  |  STUDIO

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2008 Exit
2010 16[485]
2013 Aetas Cineris

AGRYPNIE - 16[485] (2010)
Par MEFISTO le 12 Juillet 2010          Consultée 10024 fois

Bon ben, faudra faire avec les cocos. Le Black n'est plus entièrement ce qu'il était. La preuve : un des matadors du genre, Ihsahn, l'a compris, et endosse dorénavant cette étiquette de Black moderne, ce que plusieurs surnomment aussi Black Prog.

Pour moi, c'est de la foutaise cette racine Prog, même si je l'emploie aussi à l'occasion, car bon, c'est se planquer la tête dans les sables bitumineux de tout cataloguer prog ce qui n'est souvent qu'une légère variation d'un modèle déjà établi, d'accises vieilles comme la barbiche de James Hetfield, dit « la face cachée de la lune ». Alors oui, faudra vous y faire, les fines bouches et les nez en l'air de puristes qui tuent notre musique en hurlant au loup au moindre petit accouplement, hein, car AGRYPNIE, entre autres combos, vous emmerde et vous fera passer un puissant et marquant moment. Et je vous défie de ne pas vous sentir déboussolés dès la première écoute ; moi, je me sentais soufflé, littéralement, je volais dans les airs.

Les Allemands (au statut douteux d'ailleurs, on hésite entre duo studio ou quintette live, mais on ira pour le duo de créateurs à l'interne ici) sont un des plus beaux et nouveaux spécimens de Blackeux propres, dévoués à cette nouvelle cause du Black moderne. Exit les clous, les barbouillages, les déguisements, les imageries grotesques qui foutent les jetons, AGRYPNIE est impeccable. Il n'est pas provocant, juste doué et heureux de pouvoir encore hurler et créer des ambiances cauchemardesques comme ses aînés avant lui. Son véhicule a toutefois changé ; moins de chrome, plus de sécurité, moins de brut, plus de finition. Exit les démons ou les yétis vengeurs du Grand Nord, bienvenus la philo, la tristesse et la solitude d'un monde contradictoire où les gens de la vieille école se perdent et où les jeunes errent, accrochés à leurs bidules électros (des colliers pour chien qui forment des générations de robots aux grandes lacunes sentimentales et humaines, si vous voulez mon avis).

La musique d'AGRYPNIE, tous titres confondus – oui, car ce type d'album n'est pas une course au tube, alors ne vous énervez pas – est introspective. Un pore qui laisse échapper les toxines qu'il laisse pénétrer contre son gré, un cœur secoué par les affres qu'il ne contrôle pas toujours et qui le transpercent de part en part, un miroir craquelé réfléchissant l'image de ses bourreaux friands d'absurdités (je vous laisse choisir les vôtres), un phare enveloppé de noirceur impuissant dans une nuit qui n'en finit plus… AGRYPNIE n'est pas un baume, mais un témoin, un ami qui vous prendrait par la main pour visiter le champ de bataille qu'est devenu l'existence de l'homme, et incidemment de la femme et de l'enfant, c'est une occasion de faire le point, de revenir au départ ou de sombrer.

"16[485]" est supérieur, plus profond, que son successeur, "Exit", et s'étend sur 73 minutes ! Mais merde, vous ne serez jamais las de cette musique, je vous le garantis. La « faute » à une maîtrise indéniable de ces atmosphères aux textures chaudes et noires, accueillantes, où nagent sans peine les instruments du duo, qui forme une barrière entre la réalité et la façon de la percevoir. C'est ainsi que les Allemands deviennent si fascinants et permettent à leur Black de transcender les définitions du genre, car au-delà du défoulement intrinsèque de l'égérie Bathorienne, on décèle dans cette musique une envie d'aller plus loin et de fondre ce Black dans des eaux étrangères. On y décèle parfois la tendresse du Goth, la rigueur du Progressif, la rugosité du Death, la rage du Black classico ou le recueillement du Doom nerveux. On y pêche tant d'espèces différentes que ce fleuve où s'est déversé la douleur ébène opaque semble posséder mille deltas et des millions d'affluents.

"16[485]" nécessiterait-il une carte ? Que de l'ouverture, de la concentration, une approche sérieuse et totalement soumise. AGRYPNIE a besoin de votre totale obéissance, de vos tripes et de nos neurones étendues sur la table pour se livrer. Qu'il gratte la guitare acoustique, qu'il recouvre ses longues pièces de filaments de claviers ou de tortueux plans de batterie, qu'il hurle sa peine ou sa colère, le duo est hallucinant d'authenticité et impressionnant dans la livraison d'autant de notes, d'atmosphères bouleversantes… Un grand disque, déjà, qui dépasse de loin en frais d'émotions ce que vous vous attendiez d'un album de Black.

N'oubliez pas que le Black moderne, pour la majorité d'entre nous, est encore un étranger et qu'il ne se laisse pas apprivoiser facilement. AGRYPNIE sait bien qu'il prend un risque en nous balançant 73 minutes à la gueule ainsi, mais à l'écoute de ce troisième album des Allemands, force est de constater qu'entre autres choses, ce sacré Black moderne est un joli pied dans le cul de l'automatisme et du « jeter après usage » de cette société de consommation qu'est devenu notre monde.

Un voyage dans les tréfonds de l'âme qui ne vous coûte pas cher de tenter. AGRYPNIE ne vous noiera pas dans les limbes de l'incompréhension, il sait charmer. Seulement faut-il lui faire un tantinet confiance.

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- Torsten Hirsch (chant, guitare, claviers)
- René Schott (batterie)


1. Figur 109-3
2. Der Tote Trakt
3. Kadavergehorsam
4. Verfall
5. Schlaf
6. Zorn
7. F15.2
8. Morgen
9. 16[485] / Brücke Aus Glas
10. Figur 109-1



             



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