Quoi ? Du Black Mélo ? Ah ben, j'y croyais plus ! Est-ce moi qui cherche mal ou le style tire de la patte depuis quelques années ? À l'instar du Black Sympho, entre autres. J'étais vraiment dû pour me farcir du Black Mélo, ça manquait à mon casque depuis des lunes. Et avec les prolifiques Allemands de DARK FORTRESS, on peut pas se tromper : du classique pour les amateurs.

"Ylem" est un bon album, accrocheur dès la pièce-titre, les guitares tournent bien, les mélodies sont là. Elles seront d'ailleurs au rendez-vous du début à la fin, DARK FORTRESS connaît son affaire. Il nous fait valser confortablement avec des riffs ensorceleurs ("Ylem", "As The World Keels Over"), ose les balades ("Evenfall", "Wraith") et s'en sort superbement et opère même un détour vers la mythologie sur "Osiris" et "Nemesis", ce qui tranche certes avec le reste, mais qui permet à l'album de ne pas stagner dans la merde apocalyptique. De toute manière, le sextette ne joue pas les métalleux orientaux, ces deux pièces se fondent facilement dans ce gros bloc de grès.

« Gros » est le mot. Obèse morbide plutôt. Plus de 70 minutes au compteur, soit 15 minutes de trop au minimum. Je ne dis pas si "Ylem" était l'album du siècle, mais justement, il ne l'est pas ; certaines plages auraient pu être envahies par la mer avant qu'elles n'atteignent les 7-8 minutes. L'art de rallonger quelque chose de déjà long, l'art de DARK FORTRESS. Une manie que le groupe entretient depuis ses débuts et qui n'est pas pour les aider. Les fans adorent, bien sûr, mais merde, quand on se demande quand le disque se termine parce qu'on est paf de cette musique qui traîne, y a un problème.

Le truc est que DARK FORTRESS ne comprend pas qu'une intro de 90 secondes de grattes molles ou des répétitions de refrains à la fin avec fade out, etc., (vous trouverez bien votre reproche vedette à adresser aux Allemands), eh bien ça le fait pas. En Black Atmo, ok, mais là… Prenez par exemple "Redivider" et "The Valley" : après 3 minutes, on ne sait toujours pas où on s'en va, le tempo est ennuyeux, les guitares se bercent sur une vapeur de synthé alors que Morean tente de raviver la flamme avec sa voix Black Mélo internationale. Celle employée notamment par NAGLFAR, les rois du Black Mélo pour moi, dont les gémissements et le type de composition sont quelque peu présents sur ce "Ylem". Comment y échapper d'ailleurs ? On ne cesse de vouloir comparer les plus petits aux plus grands, c'est ainsi dans la vie…

Voilà, trop long. Pourquoi ne pas avoir planché sur l'efficacité de morceaux suintants comme "Satan Bled", "Hirudineans" (vidéoclip disponible) ou "Silence" ? Pourquoi étirer la sauce, radoter, quand on peut fendre le crâne en deux temps trois mouvements ? DARK FORTRESS en a le pouvoir, mais il se perd constamment dans les méandres de l'exagération. Tout en demeurant simple par contre, le combo n'est pas si pompeux, attitude aisément adoptable en Black de cette teneur, où les envolées mélodiques peuvent rendre les groupes plus éminents que la nature elle-même. Ce n'est heureusement pas le cas des authentiques Allemands, malgré un look de zombie dégénéré.

Cela m'aura pris énormément de temps pour me faire une idée sur ce "Ylem", car bon, avant même que la première écoute s'achève, des cheveux gris ont eu le temps de pousser sur ma tronche… Et même après 7-8 écoutes, j'y étais toujours pas. Alors là, soit les Allemands et moi ça ne clique pas ou soit je suis bouché. Ou… peut-être avais-je secrètement hâte que cet album parasite ne disparaisse de ma vue et de mon ouïe ? J'imagine que cette chronique trahit mon sentiment partagé…

Qu'importe, le verdict tombe aujourd'hui et, même si DARK FORTRESS possède un indéniable talent de harponneur, il est saoulant et aurait intérêt à entreprendre un régime.