DARK FORTRESS aura tenu plus de vingt-cinq ans pour nous adresser huit albums dont quelques-uns ont réussi complètement à sortir de l’ombre dans laquelle le groupe était plongé. Je pense inévitablement à "Ylem" (2010), "Eidolon" (2008) et "Stab Wounds" (2004). Ce tiercé gagnant ou ce podium olympique, puisqu’en écrivant ces mots il est de bon ton d’y glisser un petit clin d’œil, restent la charnière du groupe à partir de laquelle d’autres disques gravitent dont celui qui nous préoccupe aujourd’hui. En vous dépliant le tout premier méfait de DARK FORTRESS : "Tales From Eternal Dusk" sorti en 2000, il allait sans dire que le groupe combinait des aspects mélodiques à un Black Metal jamais trop agressif ni offensif.

"Profane Genocidal Creations" amène davantage d’épouvante dans son Black Metal plutôt symphonique, même si les claviers restent discrets et jamais trop au-devant de la scène sonore. La part belle restant aux aspects mélodiques des guitares. Et des titres sortent du bois et du lot très rapidement, passée l’introduction, la triplette "Defiance Of Death", "Passage To Extinction" et "In Morte Aeternitas" nous propulse rapidement vers des ambiances sacrément bien troussées. Diantre le début de "Defiance To Death"… ! Plus Dark qu’un DIMMU BORGIR, parfois très Black/Heavy notamment sur certaines parties de "Passage To Extinction", ces trois titres fonctionnent à merveille et nous happent même si nous pouvons déceler quelques longueurs ou fragilités. "Moriboud Be Thy Creation" leur emboite le pas avec ces consonances symphoniques bien plus marquées, et un clavier démarrant un peu kitsch à l’instar de certaines tracks de LIMBONIC ART (Morpheus a d’ailleurs composé l’introduction de cet album) ou des débuts de CRADLE OF FILTH. Mais ses atmosphères un peu vampiriques ne sont pas trop désuètes pour autant.

Je serai moins conciliant avec certains titres de la seconde partie de l’album qui, malgré leurs efforts, m’insupportent quelque peu. Je pense notamment au très Black’N’Roll "Through Ages Of War" salement ennuyant et un peu trop tiré par les cheveux. Un peu dommage aussi pour "Battles Rage In The Infernal Depth" qui s’essouffle au fur et à mesure. D’une manière générale, hormis "A Fortress Dark", la seconde moitié de l’album ne tient pas la dragée haute à la première, et de fait l’album paraît bien trop long. Soixante-huit minutes c’est conséquent, surtout quand quatre titres s’enchaînent sans produire un quelconque éclat. Le dernier titre ramène enfin des ténèbres avec son rythme lancinant et sa batterie lourde. La guitare acoustique puis les claviers bien plus manifestes emportent enfin l’ambiance et avec brio.

Je vous conseille aussi d’écouter la version remasterisée par le label Century Media en 2017. Le duo basse/batterie obtient enfin davantage de corps, lui qui en manquait cruellement sur la production originale. Deux bonus tracks, deux reprises en l’espèce, se joignent à cette réédition et ne comptent pas les cailloux. J’apprécie bien celle de "I Am The Black Wizards" de qui-vous-savez. Ce titre madeleine pour moi n’est pas dévoyé tout comme celui de UNANIMATED, "Eye Of The Greyhound" tiré du génialissime album "Ancient God Of Evil" (1998) avec sa pochette caractéristique, dont on ressent l’influence sur nos Allemands avec son Black/Death Metal Mélodique bien expédié et agité. D’ailleurs – en aparté - il est grand temps que ce groupe si doué passe le pas de porte de votre webzine préféré… En attendant, terminons cette chronique de DARK FORTRESS en lui concédant une note assez juste, au regard de la très belle première partie et de son titre de clôture, sans oublier son ventre mou et la déception d’une petite palanquée de titres.