La vie n’a pas de sens. Aucun. On veut vous faire croire qu’il y a autre chose, une « Belle Cause » ou des concepts comme la Patrie, la Foi, l’Amour, l’Argent qui méritent de se battre. En vérité je vous le dis : tout ce cinéma est fondamentalement décevant. On essaie de donner une autre dimension aux choses pour se masquer la réalité crue et vide suivante :

L’existence n’est qu’une bête succession de denrées alimentaires à ingérer, de merdes à évacuer et quelques liquides corporels en rab (si on a de la chance).

Il est si déprimant d’ouvrir les yeux sur un tel bilan qu’on préfère généralement se draper de grands mots et de nobles raisons, plutôt que de déprimer lucidement.

Je pense qu’il faut prendre le contrepied de toussa et faire de cet état de fait une véritable philosophie de vie, une sorte de « way of life » qui mêlerait les credo du Punk et les bases d’un épicurisme pur et dur. Soit un éloge du « rien à foutre de tout » qui se contenterait d’une bonne bière bien fraîche. Dans ma vision des choses, la vie peut se résumer à ces petites choses « concrètes » du quotidien : une bonne bouteille de picrate, la petite blanquette de veau à l’ancienne qui mijote amoureusement, une bonne éjaculation bien jouissive et basta, on a fait le tour de tout ce que la vie a de mieux à vous apporter. C’est uniquement en ce sens que l’Homme peut être considéré comme un « animal évolué » parce nous niquons par plaisir, nous ne nous contentons pas de bouffer de l’herbe et parce que nous savons faire la différence entre un Grand Bourgogne et de l’eau croupie.

Dieu pourra vous décevoir, tout comme votre femme ou vos biens matériels. Mais jamais une bonne DUVEL bien fraîche, croyez-moi.

C’est précisément dans cette dynamique que j’ai de la sympathie pour TANKARD. Ce groupe de Thrash « bas du front » - derrière ses maximes cinglantes et débiles – a tout compris à la question. Le groupe doute qu’il y ait un sens à tout ce bordel (« It's such a mystery / Can someone tell me the meaning of life? / It's really killing me / ») et faute de pouvoir répondre à cette interrogation, TANKARD va se contenter de décapsuler une bière (« Gotta find it in my own / Sober, drunk or maybe stoned / Grow myself a wisdom tooth /Ask him, if he knows the truth »). Des sages, ces gars-là.

Du coup, en prenant la chose sous cet angle, le Thrash de TANKARD tape dans le registre idoine : du bon gros riff entre potes, une envie de se défouler, de brailler pour évacuer, un pack de bières après l’enregistrement et éventuellement la serveuse qui passe en dessert. Ce Thrash double fermenté – basique mais honnête – accumule les mauvais titres mais draine à chaque fois un rythme si véloce et du riff qui tient si bien la route que "Meaning Of Life" frôle gentiment sa troisième étoile « nimienne », synonyme de respect, de gloire et accessoirement d’album à peu près valable à écouter. Et je n’ai pas honte : j’ai toujours soutenu que l’association riff / tempo était la charnière du Thrash qui tue.

Quel dommage que TANKARD n’ait pas au passage éradiqué certains de ses défauts congénitaux (compositions médiocres, soli horrible, chant hurlé pénible)… Le mauvais niveau affiché est à peine compensé par cette bonne volonté désarmante et cette envie de faire du Thrash plus fort que tout. Je reste persuadé que si TANKARD avait réussi à intégrer quelques éléments accrocheurs – voire un brin de mélodies – ce groupe aurait peut être réussi à monter d’un cran, voire à tutoyer des formations de la trempe de DESTRUCTION ou OVERKILL. Sauf que non, même sur ce "Meaning Of Life" qui fait figure de « fleuron du groupe », ça reste globalement beaucoup trop chiant, linéaire et laborieux.

Ca remet un peu les choses à leur place, non ?

Comme quoi, la troisième division du Thrash, même avec plein de choses positives à dire, ça reste de de la troisième division.


Note : 3/5 (en tirant sur les draps).


Morceaux préférés : "Beermuda", "Space Beer".