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TANKARD - Stone Cold Sober (1992)
Par CANARD WC le 19 Août 2010          Consultée 6878 fois

L’un des effets les plus connus de la bière lorsqu’elle est ingurgitée rapidement et en quantité (deux pintes quoi), c’est son côté diurétique.

En clair, ça donne envie de pisser un boc.

L’aspect « urinatoire » de la bière fait partie de son folklore. C’est entre autre un moyen social de faire connaissance avec ses acolytes de beuveries en faisant pleurer popaul, d’engager la conversation sur la base de rots ou encore de comparer la taille de son sgueg à la sortie des pissotières. Plus poétiquement, si vous êtes en plein air chez votre beau-frère (c’est un exemple), ce lien social peut aussi se manifester en une contemplation rêveuse des étoiles tout en arrosant les géraniums de la voisine (non sans perfidie il est vrai). Les plus observateurs d’entre nous auront noté que la pisse de bière dégage un fumet particulier (surtout si cette pisse rentre en contact avec l’écorce d’un arbre), mais passons. Je referme cette parenthèse bucolique, fort à propos quand on parle de TANKARD.

Ah non, en fait j’ai pas fini ma parenthèse bucolique.

Un des effets moins connus de la bière est son aspect nourricier. La bière – ami(s) lecteur(s) intéressé(s) par tous ces détails – a des vertus alimentaires qui plombe le bide (certes) mais nourrit également son homme (dans une moindre mesure). Du coup, lorsqu’on a descendu un nombre de bières absolument pas raisonnable, qu’on en est à peu près au stade où on parle davantage en terme de litres qu’en nombre de bouteilles, si tant est que vous décidâtes de vous rendre dans des lieux d’aisance pour déféquer, il se passerait un phénomène moins connu appelé par tous les experts du monde sur le sujet comme étant « la merde de bière ». Soit une ridicule petite merde qui pique les fesses et d’une puanteur infernale.

Le grand Charles BUCKOWSKI - lui même - l’évoque délicatement dans son « Ragoût du septuagénaire » :

« Rien ne sent plus mauvais qu’une bonne petite merde de bière ».

Ou comment un breuvage honnête et salvateur - après un passage dans votre duodénum- peut se transformer en d’infectes excréments. Je vous renvoie à l’épopée du diamant que chante si bien l’ami Rob dans "Diamonds And Rust" (1). Parce qu’au-delà de la métaphore, il est une réalité : le diamant que vous offrez à votre bourgeoise n’est rien d’autre à la base que du caca pressurisé (2). Tout comme votre bière transformée en un caca infernal. La boucle de ma brillante démonstration est bouclée, ce qui m’amène à vous poser la question suivante (presque « GUUDienne » cette question) :

Le beau, le moche, le bon, le mauvais c’est quoi en fait ? Hein hein ?

En vérité je vous le dis : tout n’est que question du moment où vous prenez le produit dans sa chaîne de fabrication (émergence, déclin, apogée etc.).

Même au sein d’un micro mouvement comme le Thrash, comment comparer la virtuosité d’un "Tornado Of Souls" et le pire méfait de MORBID SAINT, la violence pure d’un "Angel Of Death" et les tabasseries approximatives d’un HIRAX ? Il s’agit pourtant du même moule, des mêmes ingrédients. Au final, ce ne sont que quelques détails qui permettent de hisser certains albums de l’excellence pour mieux condamner les autres à l’oubli le plus dédaigneux. De fait, pour le commun des mortels, la différence entre un mauvais WATCHTOWER et le meilleur de CORONER n’est pas flagrante. Seule une personne aguerrie (experte) fait la différence et saura expliquer en quoi ANTHRAX ça tue. Ou pas (selon les albums).

Cette longue introduction (3) pour en arriver à la conclusion que cet album de TANKARD joue dans cette catégorie « merde bièreuse ». Soit celle d’un album médiocre qu’on ne peut apprécier que si l’on est expert es Thrash, le genre d'expert qui sait ce que cache ce « smog de Thrash nullard », qui sait que derrière cette avalanche de nullité se cache un groupe sympa, frais et sans prétention. Car pour les autres – les non initiés aux plus sombres arcanes du genre – vous n’entendrez rien d’autre qu’un bruit crachoteux, un album mal dégrossi insupportable de basicité, d’une linéarité à faire peur à un tracé d’autoroute. Seul l’esthète taré qui s’est mangé avec délectation tout son EXODUS, son DESTRUCTION et son OVERKILL des familles pourra apprécier la beauté laide ("Ugly Beauty") de TANKARD.

Car derrière cette façade peu engageante, pétrie d’une médiocrité presque revendiquée, on trouve bien quelques passages jouissifs, quelques riffs presque efficaces, d’illustres références et toujours cette imagerie sympathiquement conviviale. Mais qui d’entre vous aura assez de courage, de persévérance et de temps à perdre pour plonger les mains dans un tel caca Thrash pour en apprécier la consistance ?

Donc oui, cet album de TANKARD est médiocre (TANKARD est de toute façon un mauvais groupe de Thrash). Mais le groupe est bien dans ce registre, il évolue comme un silure dans son marais, en ayant conscience de son état de sombre carnassier. Nul doute que si demain devait se constituer une CGT du genre (Confédération Générale des Thrasheurs), la section allemande de ce syndicat serait brillamment tenue par les mecs de TANKARD qui manient mieux que personne la sueur, les cris et les postillons autour d’un grande vide musical.

C’est précisément ce en quoi "Stone Cold Sober" a de décevant. De même que lorsque le CGTiste se prend au sérieux, fait semblant de comprendre ce qu’on lui dit et utilise des mots compliqués ; TANKARD s’est p'tet un peu pris au sérieux avec cet album. Le propos se responsabilise ("Sleeping With The Past"), on fait croire en une démarche « artistique », on ose même proposer une instrumentale Thrash ("Strange Talking") etc. En voulant se faire passer pour ce qu’il n’est pas, le groupe flirte un peu plus avec le ridicule. Du coup, TANKARD amuse moins et donne irrémédiablement l’impression de jongler avec des boules bien trop lourdes pour lui.


Alors la lassitude gagne du terrain. Un peu plus vite que d’habitude. Et on range pour de bon cet album dans l’étagère de notre oubli.


Note : 1,5/5


Morceaux préférés : "Stone Cold Sober", "Ugly Beauty".




(1) Oui oui, je sais, en fait à la base c’est une chanson de Joan BAEZ et non du PRIEST gnagna.

(2) C’est toujours bon de lui rappeler à votre bourgeoise, par exemple en guise d’introduction d’une demande de mariage.

(3) Soit le schéma introductif suivant : Bière – Pisse – Merde bièreuse – Dimaonds and Rust - Relativité – Application au Thrash – TANKARD. Je remercie les admins pour avoir eu la patience (et le courage) de me laisser aller au bout de mon idée.

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Par DARK BEAGLE




 
   CANARD WC

 
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- Andreas 'gerre' Geremia (chant)
- Frank Thorwarth (basse)
- Andy Bulgaropulos (guitare)
- Axel Katzmann (guitare)
- Arnulf Tunn (batterie)


1. Jurisdiction
2. Broken Image
3. Mindwild
4. Ugly Beauty
5. Centerfold
6. Behind The Back
7. Stone Cold Sober
8. Blood, Guts & Rock'n'roll
9. Lost And Found (tantrum Part Ii)
10. Sleeping With The Past
11. Freibier
12. Of Strange Talking People Under Arabian Skies



             



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