Après pratiquement une décennie à attendre la suite de "Element Of Anger", SADUS - sans le second guitariste d’alors, Rob Moore - va nous surprendre une première fois avec son retour pratiquement inatendu. Et quel retour ! Car le deuxième effet "Kiss cool" va vous tomber dessus, sans préparation à un dégorgement énergique à l’enthousiasme grandiloquent et non fin. "Out For Blood" se veut complexe, technique, rapide et de très bonne facture. De plus, il se fend de nous requinquer et de nous galvaniser, nous, les vieux Thrasheurs qui ne croyaient plus au retour du groupe. Quand aux jeunes, nombreux en ces plaines, ils vont avoir l’occasion d’écouter un des dinosaures de la Bay Area, berceau du Thrash.

Véritable ode à cet instrument qui, à l’origine, ne devait se contenter que de quatre grosses cordes. Justice est faite, depuis lors et c’est est fini des barrettes (frettes), qui indiquaient les notes, afin de soulager la dextérité délicate du doigté des connaisseurs. Et, dans la foulée - paf - une corde en plus, allez, zou ! en l’interprétation magistrale de Monsieur DiGiorgio. C’est un festival de maîtrise haut en couleur et d’un raffinement accompli et incroyable pour ce genre de musique. Personne, à l’heure actuelle, n’a le génie aussi créatif - dans son domaine, évidemment - surprenant et méchamment imposant de ce talentueux bassiste.

Il ne faut pas pour autant négliger la force de frappe du batteur Jon Allen et de ses changements perpétuels et compliqués dont, seul, il a le talent pour le reproduire sans fin. Précis, bourré de dynamisme et d’une vitalité émoustillant notre petit cœur fragile de métalleux, son jeu est également exemplaire (juste un peu trop carré - métronomique - par moment). Aussi, le chanteur Darren se doit d’être à la hauteur et nous balance sa hargne avec ferveur et dévouement. A bien y regarder de plus près, ce seraient plus des cris que du chant, parfois proche d’une voix Black - sans en être une pour autant, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit !

Pas mal d’expérimentations même si nous sommes bien à l’écoute d’un album pur Thrash. Un exemple ? Passages électros dans le titre "No More", cela a de quoi nous surprendre. Et pourtant, ils apportent une dimension jamais soupçonnée chez SADUS (du moins de la sorte). Un duo vocal très appréciable est celui qui permet à Chuck Billy de TESTAMENT d’éructer de la plus enthousiaste des manières. Maître également dans son domaine, un autre Chuck nous vient à l’esprit par l’entremise du morceau "Freedom" dédié à Monsieur "MANTAS / DEATH / CONTROL DENIED" Schuldiner parti à jamais cinq ans auparavant - A jamais dans nos cœurs pour ta personnalité et tes compositions d’anthologie, so long man…

Excellent album, brut de décoffrage mais qui en vaut le détour. Ne fusse que pour en avoir le cœur net que SADUS est en pleine forme.

Dans la version digipack se trouvent trois titres dont deux reprises ("Invaders" d’IRON MAIDEN et "Merciless Death" de DARK ANGEL). Le troisième morceau, "Black March", provient de leur "Red Demo". Je vous laisse imaginer l’emballage qu’ils y ont apporté…