Entrez dans la tombe…

Le suédois GRAVE, accumule les faits d'armes depuis longtemps notamment un "Tremendous Pain" (voir plus bas). Mais ce qui nous intéresse ici, c'est ce premier album sorti dans les bacs à un moment clé où le Death scandinave s'expose (et s'impose) à tous. Donc, ce pionnier de l'école qui grince vers le bas, partousera gentiment avec ses potes. Un lieu revient souvent ici, normal aussi puisqu'il s'agit du studio Sunlight où monsieur Skogsberg frétille des manettes sur "Dark Recollections" pour CARNAGE et "Like An Everflowing Stream" pour DISMEMBER et bien sûr, vous vous en doutez, pour ce "Into The Grave" fraîchement moulé dans la tombe.

Et bien, contre toute attente, GRAVE n'est pas fait dans le même moule. Il possède en lui quelque chose qui sonne mieux à mes oreilles de brute. La musique se veut plus dense, le jeu plus musclé. Un groupe qui s'identifie à une sorte de cousin par alliance, baraqué comme une brique qui joue des biceps dans un registre plus plombé qu'à l'accoutumé et revêt une couleur bien plus sombre que ses congénères. En clair, ça frappe massif et ça gratte gluant.
On comprend déjà qui nous avons à faire, dès la première torgnole "Deformed". Le ton général de l'album est à la rixe et c'est lorsque l'orchestre (toujours au diapason) rentre dans une course contre la montre, que l'on prend véritablement son pied. Car GRAVE a le feu au cul et c'est justement par le feu de ses instruments et par les râles ultra puissants de Jörgen, que ce vacarme outrancier (voisin de CARNAGE) prend de belles couleurs pour des oreilles averties.

Ce qui fait qu'un petit quelque chose en plus va devenir gigantesque, c'est ce putain de "groove", comme une graine qui germe et nous amène à reconnaître le charme fou de ce cousin baraqué. En fait, tout ce joue sur la force et la simplicité tout conne (mais efficace) d'un répertoire qui n'affiche aucune perte de vitesse. Que ce soit médium ou speed, le résultat est tueur, par le biais d'un rythme toujours tendu, battant infiniment la cadence, toujours. Cependant, on se rend compte très vite que la mélodie n'est pas le point fort de GRAVE, à la différence d'ENTOMBED ou de DISMEMBER, par exemple. Ici la lumière reste bien tamisée. Et alors ? Après tout nous ne sommes que des humains, et donc par définition, imparfait.

Il n'en demeure pas moins que "Into The Grave" c'est du Death Metal de haute volée. Du charbon brut dont certains de ses débris (rien de péjoratif), brillent comme des pépites, tout naturellement. La petite bombe sexy "Hating Life" nous pète à la gueule… délicatesse suédoise oblige. Tout GRAVE est dedans et c'est particulièrement charmant. Idem pour son frère jumeau "Extremely Rotten Flesh" bien putride lui aussi. On croise des lieux plus éclairés sur les "Day Of Mourning" autres " Banished to Live", qui égayent (au sens large) un peu plus les couleurs du tableau. Sans oublier, "Into the Grave" nourri d'artéfacts discrets qui lui donnent une force supplémentaire et se conclut par l'éternel sprint final. C'est fabuleux, tout simplement.

En plus, ce bijou scandinave est de nouveau disponible avec "Tremendous Pain" et là c'est la grosse baffe ! Le nouveau son de l'édition remasterisée est énorme, bien entendu, profitant ainsi pour surligné les deux titres au tempérament fort séduisant. Un moment "culte" moi je dis parce que la tombe est un produit certifié authentique.
D'ailleurs, les différentes versions et autres démos disponibles sur la nouvelle édition, nous le prouvent ; GRAVE est un des acteurs principaux d'une scène des plus populaires du Death Metal et pour le coup unique en son genre. C'est pour cela qu'il fait partie du quarté gagnant suédois. C'est pour cela que je m'en vais l'honorer comme il se doit.