A tout jamais, dans les esprits, GRAVEWORM restera le prestataire du sublime "As The Angels Reach The Beauty", pièce majeure du Black Sympho. GRAVEWORM, l'as de la mélancolie sur fond de Dark Metal, le maître des envolées de grâce. Alors quelle tristesse de le voir décliner, et, bien que restant toujours irréprochable techniquement, compromettre un style intense émotionnellement au profit d'une écriture assez formatée, visant essentiellement l'efficacité et l'énergie. Mais bon sang, GRAVEWORM, jamais on ne vous a demandé de la violence !

Sur "NUtopia", la magie opérait encore assez souvent, les nappes de claviers ronds et atmosphériques fonctionnant toujours à merveille et offrant aux morceaux l'emphase mélancolique propre aux habitudes du groupe. Sur "Collateral Defect", tout foutait le camp. On se retrouvait confronté à un album certes bien écrit, mais mal senti ; déchéance du feeling, automatismes fatals, comportement mécanique et dénué de vie -sauf exceptions. Je ne regrette toujours pas la sévérité dont j'ai fait preuve à l'égard de cet avant-dernier album franchement mauvais et sans saveur.

Et aujourd'hui, alors que je craignais le pire, mais toujours submergé d'espoir (parce que c'est là l'un de mes groupes cultes tant leurs premières sorties m'ont touché), que fait GRAVEWORM ? Il entame son repentir. Sans faire marche arrière, ce que certains lui auraient reproché en prétextant l'anti art d'une démarche rétrograde, le combo reprend contact avec ses vieux fantômes, ses obsessions atmosphériques, son emphase blackisante qui autrefois nous avaient frappés de sa majesté. Et "Diabolical Figures" nous redonne espoir, parce qu'il est un album correct. On ne retrouve certes pas le génie émotionnel des "The Angels" et "Scourge Of Malice", l'ensemble est encore trop superficiel, et pâtit encore d'une relative stérilité de composition. Comprendre : aucun riff mémorable, pas de vraies mélodies prenantes, des structures un peu imperméables, difficile de faire son chemin dans cet amas métallique souvent noyé dans les claviers atmosphériques et survolé du chant toujours remarquable du grand Stefan Fiori. On sent néanmoins chez le groupe une volonté de revenir à l'essentiel, à un mysticisme Black ambiancé, finalement ce qu'il sait faire de mieux. GRAVEWORM propose donc un retour aux sources stylistiques, tout en poursuivant l'avancée sonore. Forcément, on n'est plus en 1999 : aujourd'hui, le groupe arbore un apparat sonore moderne et clair, qui explose d'élégance dans le superbe "Hell's Creation", pianos en tornades, nappes symphoniques et riff électrique triste... meilleur morceau du disque ?

L'album a beau commencer d'une manière un peu redondante et insondable avec un "Vengeance Is Sworn" qui renoue avec le dynamisme Black Sympho/Atmo de la belle époque sans parvenir à faire émerger quelque élément d'écriture, il se développe rapidement et procure un certain plaisir. Rien de précis n'en sort et il est difficile de retenir grand chose sans l'avoir beaucoup écouté, à part la reprise, assez anecdotique, de "Message In A Bottle" de THE POLICE. Cependant, on ne peut qu'être soulagé que le groupe redevienne fidèle à ce pourquoi il est fait. "Diabolical Figures" est un album de transition entre la catastrophe artistique de 2007 et, on l'espère, un nouveau sentier sur l'excellence, soit une oeuvre moyenne et manquant singulièrement de relief. Mais on est trop content de ne pas détester le nouveau GRAVEWORM !

2,5/5