C'est un fait avéré pour ceux qui s'y connaissent en Black Sympho : GRAVEWORM, tout comme le mouvement, a connu des hauts et des bas. Ainsi va l'évolution. Entre les deux, il y a le « correct », le « ok », le « minimum syndical », « le pas mal du tout ». On parle ici de la majorité des albums, ceux qui dorment sous la pointe de l'iceberg, noyés sous le pic ressortant fièrement au soleil. Et c'est parfait ainsi, la mémoire a ses limites, on peut se souvenir de tout.

"Fragments Of Death" fait partie de cette masse infinie et heureusement pour les fans des Italiens, il y a du très bon. Ça ne m'emmerde donc pas du tout de vous en parler.

GRAVEWORM débute en fait sa résurrection avec cet album, même s'il n'y a pas eu de changement de line-up. La courbe remonte avec des promesses qui se concrétiseront quatre ans plus tard (mais ça, on ne le savait pas encore). Et de quoi est constitué ce regain ? Des ingrédients simples, directs et surproduits des albums précédents, miraculeusement couplés à de brillantes idées jetées ça et là. Oubliez toutefois les éclairs de génie ; misez plutôt pour un refrain bien troussé, une ligne mélodique accrocheuse et un riff ciselé dans de l'or. Oui, les Italiens sont encore capables de nous offrir quelques cadeaux de temps à autres.

Et on n'attend pas trop longtemps, car malgré un départ maladroit, "Insomnia" et son riff nerveux sème les germes qui pousseront, disparates, sur "Fragments Of Death". On a littéralement droit à des fragments mortels. Pas toujours, car l'opération achoppe à différentes étapes, mais GRAVEWORM arrive, cette fois, à colmater les fuites en n'enchaînant jamais deux navets à la fois.

J'avoue que des pistes 7 à 9 on s'ennuie un brin, mais quand même, le sextette arrive à déployer assez d'énergie pour ne pas qu'on soit pris de nausées après avoir ingéré du navet... Saluons la décision d'ajouter la reprise "Awake" (parue en 1997) en bonus pour terminer l'album avec classe, car "Where Angels Do Not Fly" est une fausse fin. Ironiquement quand même, quand on sait qu'"Awake" débutait "When Daylight's Gone" ! Parmi les autres notables, la légèrement apocalyptique "The World Will Die In Flames" est prégnante dès la première écoute, "Anxiety" détonne avec son chant féminin et son refrain agréable, la lourde "Old Forgotten Song" nous aide à sortir de la bulle des titres 7 à 9, alors que le duo "Only Death In Our Wake" – "Absence Of Faith" vient confirmer que GRAVEWORM ne se foutait de pas de notre gueule avec "Insomnia".

Loin d'être une réussite de bout en bout ("The Prophecy" me reste prise dans la gorge et "See No Future" est fadasse), "Fragments Of Death" est un pas en avant pour GRAVEWORM, qui sans se réinventer, parvient à calmer les manifestations haineuses des amateurs. Ses détracteurs lui reprocheront sa linéarité sans prendre en compte ses éléments colorés et obscurs, qui éclairent suffisamment la galette pour qu'elle soit mangeable.

On aura droit à un petit peu mieux par la suite, mais en 2011, on pouvait se permettre d’espérer. Pas que GRAVEWORM soit essentiel à notre bonheur ou au Black Sympho, mais de grands sages ont un jour déclaré que tout le monde avait droit à une seconde chance.

Podium : (or) "The World Will Die In Flames", (argent), "Only Death In Our Wake", (bronze) "Awake".