"Brakebein" vous avait fait gigoter le derrière ?
Et bien TROLLFEST remet le couvert sans se faire attendre, s’empare de sa fourchette électrique, de ses riffs coutelés et de sa sempiternelle connerie. Mais cette fois-ci, c’est jour de carnaval pour nos norvégiens ! Ils délaissent leur bestialité et font avancer trompettes et kazous sur des planches toujours enflammées, disent gloire au diable des canards et fuck off aux dark forests de leurs contemporains extrêmeux qui rament un peu dans la semoule ces derniers temps.

Moins humpaa,et maintenant bien loin du portrait de copie de FINNTROLL qu'on pouvait en faire au début de sa carrière, TROLLFEST s'affirme dans son délire et a désormais clairement trouvé son identité entre l'humour des peaux de bananes et les poils de bites du père fouettard, entre acharnement décérébré et fêtes de tartines et de trolls aussi beurrés les uns que les autres. "Villanden" est tout aussi outrancier que "Brakebein", peut-être un poil plus accessible, car il sacrifie un peu dudit acharnement, et se porte plus sur le Festif avec un grand f.

Pour vous donnez un aperçu, prenez "Yameeka" dans "Brakebein", gardez la même énergie maniaque, ajoutez un chant clair de beuverie et une bonne grosse minute et demi de plus, et vous aurez une idée de ce à quoi ressemble "Villanden".

Avec ses kilos d'alcool dans le sang et son black fanfare sauce merguez pour les barbec' de décérébrés du dimanche midi, TROLLFEST avait clairement de quoi nous asséner un album grandiose de débilité assumée, plus excessif, avec plus de chants clairs, mais toujours bien de chez eux.
Car des titres aussi bien pensés que "Villanden" (quelle levée de rideau détonante !), "Festival" (qui porte trollement bien son foutu nom !), "Die Kierche Undt Der Mache" (festo-épique comme jamais !) ou "Der Jeger Meister" (parenthèse trop positive !) montrent une nouvelle fois que les norvégiens sont des guignols de talents ! Si tout avait été de cette trempe, "Villanden" aurait pu être carrément novateur et s'élever au rang des très grands albums du genre. Mais trop de précipitation le rendent malheureusement assez répétitif et pas toujours ultra-pertinent, je ne cite pas les quelques instrumentaux qui manquent d’accroche, ou certains titres très brouillons comme "Gof Fart", d’autres trop redondants bien qu’amusants, classiques dirons-nous, "Trinkenvisen" par exemple. C'est d'ailleurs dans ces moments qu'on se rend compte à quel point la voix de Trollmannen peut être pénible.

Bref, les quatre morceaux cités en haut auraient fait un super EP, mais là, on a du coup qu’une semi-prise-de-pied-à-moitié-fantastique.

On pourra dire que TROLLFEST se répète un peu, que l’album est inégal, que ça manque souvent de pêche et d’inventivité côté riff, que l’excès festivalier devient aussi lourd que les hot-dogs merguez du déjà-cité barbecue. C'est dur à digérer, c'est assez coriace à sortir du cul, mais au final, on est bien content de l'avoir eu, cette putain de teuf !
Un album qui fait quand même plaisir à entendre en pleine crise économique mondiale.