Le chanteur des BÖHSE ONKELZ sur le dernier PRO-PAIN ? Ça n'a l'air de rien et bien peu de metalleux français connaissent l'existence même d'un groupe allemand éteint depuis trois ans et qui a traîné ses guêtres pendant deux larges décennies au sein de la scène musicale teutonne. Stylistiquement difficile à cerner, punk dans ses premières années, metal par endroits, hardcore mélodique de ci de là… J'ai dit hardcore mélodique, pas hardcore. Car les BÖHSE ONKELZ, longtemps montrés du doigt pour une orientation politique des premières années un peu trop droitière, pour un esprit bière, punk et bras tendus dans les stades de foot, n'ont rien à voir avec le hardcore américain muscles bandés de PRO-PAIN.

Normal que "Hour Of The Time" sonne comme un énième ersatz de BAD RELIGION alimenté par une gélule vitaminée à la pop typique d'un certain son germanique. Et ce morceau ne veut vraiment rien dire au milieu de cette nouvelle fournée sans grande originalité ni sans grand défaut estampillée New York / hardcore / metal. La timide apparition de Rob Barrett a plus de sens, tant le death de CANNIBAL CORPSE et le hardcore peuvent se vanter de partager les mêmes envies de cassage de portes.

Merde, j'ai parlé trop vite. A vrai dire, sans même écouter le disque avec une réelle attention. Car pour quelqu'un qui a laissé tomber PRO-PAIN au milieu des années 90, l'actuel quatuor semble avoir légèrement modifié sa formule. PRO-PAIN sourit, on le croirait content de vivre. La preuve, il nous balance quelques refrains mélodiques qui trouveront nombre de points communs avec n'importe quel album de happy metal. Et ce chant clair récurrent. Tout ça dénote passablement avec la patte des premières années, qui continue à faire ici plein de traces de doigt, dieu merci. Mieux encore, le groupe se fait plus sombre que jamais sur "God's Will" tandis qu'il continue son travail de monolithe sur un bon paquet de titres plus ou moins convaincants, en lui adjoignant quelques grammes de vrai metal qu'il fait bon entendre.

Vraiment dommage d'avoir zappé les 158347 des 158350 albums qui précèdent "No End In Sight", j'aurais certainement mieux compris cette évolution qui date peut-être déjà un peu. Tout n'est pas perdu, il n'est jamais trop tard, il est juste trop chiant. Car évolution ou pas, PRO-PAIN conserve ses attributs premiers, et son mode automatique de composition, même lissé et agrémenté de quelques facéties, ne facilite pas la digestion de ses 7885421356 morceaux. Des facéties qui ne datent de toute façon pas d'hier. Rappelons-nous la présence d'Ice-T sur "The Truth Hurts" ou les cuivres mexicains sur "Foul Taste Of Freedom" qui restera définitivement le plus beau témoignage de l'artiste.

Pourtant, "No End In Sight" sent plutôt bon malgré quelques tentatives infructueuses et rapproche par instants la troupe du grandissime PRONG, sacrée performance. Voilà d'ailleurs une bonne manière de conclure ma chronique. Vous avez aimé "Power Of The Damager", dernier dépôt oublié d'un groupe oublié, vous aimerez peut-être "No End In Sight", disque étonnamment metal et varié quand on lit le patronyme de son géniteur. Disque également inférieur à l'ensemble de la discographie de PRONG (il ne faut pas non plus rêver !!!) mais disque du possible, une découverte à tenter si on a un peu de temps à tuer.
Et pour les supporters les plus acharnés de PRO-PAIN, je n'ai rien à dire, ils banderont sur "No End In Sight", comme d'hab' quoi.