Premier album, un espoir gavé de défauts, deuxième album, une bouze stellaire, à quoi pourrait bien ressembler le troisième effort de PRO-PAIN ?

A un message, clair, net précis. PRO-PAIN trempera toute sa vie dans le petit bassin et s'est lui-même condamné, en faisant pipi dans l'eau et en agitant des bras pour diluer le jaune, à regarder les grands faire leurs longueurs.

- "Contents Under" Pressure est donc mauvais ?
- Non, il est plutôt…correct. Bien meilleur que son prédécesseur en tout cas.
- Alors je ne comprends pas.

C'est justement en proposant un produit correct que PRO-PAIN s'est définitivement fermé les portes de la grande école. Correct, passable, moyen. Et "Contents Under Pressure" nous annonce que PRO-PAIN ne fera jamais mieux. Ou alors d'un demi-centimètre. Mais il a tellement compris ce qui ne collait pas sur ses formules passées qu'on le voit mal encore se bonifier. Le gang a décidé d'abandonner la démarche artistique et personnelle entreprise sur "Foul Taste Of Freedom", il ne se sentait pas les épaules suffisamment solides pour faire aboutir un projet qui aurait pu devenir grand, acceptons sa décision. Il a préféré se recentrer sur une formule systématique qui lui permettra d'exister longtemps…sans jamais briller au-delà d'un microcosme bien exigu. Là encore, respectons ce choix. Un choix solide, et "Contents Under Pressure" n'est autre que la version réussie du lamentable "The Truth Hurts". On est rassuré, PRO-PAIN n'est pas fou et ne se tirera pas de nouvelle balle dans le pied. On aurait presque envie de bondir de joie tant on est satisfait de voir un artisan sympathique de la scène metal de la rue reprendre des couleurs.

Sauf que…

En révisant à la baisse son ambition, PRO-PAIN a également perdu une grande partie de son intérêt. On pourrait lister toutes les qualités de "Contents Under Pressure", rien n'y changerait, le contenu de cette galette est médiocre. Le son a repris du poil de la grosse bébête. Gary Meskil a lâché ses contractions stomacales pour retrouver un minimum de coffre. La basse fait des siennes et vrombit agréablement. Mais il ne s'agit là que de la forme. Et le fond conserve son penchant anémique. Adieu "Foul Taste Of Freedom", je le répète une nouvelle fois, on ne trouve rien ici que du riff hardcore primaire déjà mouliné sur "The Truth Hurts" et de la rythmique de placard en bois de chêne.

Pourtant, quelques mignardises.
"Gunya Down" vit grâce à un brin de mélodie, "The Mercy Killings" sait user de gimmicks efficaces (comme cette deuxième voix plus naturelle). Mais des mignardises en nombre insuffisant pour satisfaire nos envies sucrées. Et les New-yorkais livrent bel et bien un plat roboratif uniquement destiné à nourrir les estomacs des ouvriers du hardcore. D'assez belle manière, il faut le souligner et ne pas tomber dans l'excès de sévérité. PRO-PAIN voulait cogner, il cogne. Et le fait infiniment mieux que sur "The Truth Hurts". Un disque qui trouvera son public, pas au-delà. On reste ici dans un cadre strict et vite lassant pour celui qui n'est pas hardcorophage niveau 4 ou plus. Pensez plutôt CURSED ou REFUSED si vous désirez vraiment démarrer l'exploration d'un genre difficile.