UNLEASHED, voilà un groupe qui fait plaisir. Une présence quotidienne au zinc des pubs d'Oslo, une machine à riffs qui n'a jamais failli, une ambition artistique à hauteur de schtroumpf. Avec UNLEASHED, on sait à chaque fois où on met les pieds, le headbang est immédiat, jamais déçu. En plus de quinze ans de très loyaux services à la cause du death metal, les cinq chevelus de Kungsängen n'ont pas bougé d'un iota dans leur discours. Cinq chevelus pour un quatuor qui n'aura subi qu'une seule modification à travers sa longue existence. Une seule modification mais une modification de choix. Car si longtemps, Fredrik Lindgren n'a agrémenté les compositions que de solos modestes et guère capables de faire vibrer notre mémoire, son remplacement par le sémillant Fredrik Folkare pouvait faire espérer quelque évolution dans l'écriture. Résultat mi-figue mi-raisin puisqu'UNLEASHED refusera finalement de faire le moindre pas en avant mais acceptera sans sourciller la nouvelle mouture des acrobaties de la six cordes. L'homme n'a jamais apporté que son doigté talentueux, insuffisant pour réveiller ceux qui se sont lassés des sempiternels riffs guerriers, rassurant pour la cohorte de fans qui a toujours su se satisfaire de ce que son poulain avait à lui offrir : de la sueur acquise sans réflexion superflue.

"Eastern Blood – Hail To Poland" se charge de graver la représentation publique des deux périodes du combo, l'avant et l'après Folkare. Et si l'ouvrage est intitulé "Hail To Poland", la prestation donnée à Katowice en novembre 1995 n'est que pour moitié dans une tracklist immense et complétée par un concert d'avril 1992 enregistré à Cologne. 21 titres, 1 heure 20 d'un bon gros son suédois, l'artiste fait ce qu'il sait le faire, foncer droit devant. Il a gavé la rondelle de plastique mise à sa disposition par sa maison de disques jusqu'à la faire exploser. Et c'est exactement ce que voulaient les fans. Plus c'est long, plus c'est gras, plus c'est bon. Ces gens-là ne sont pas genre à muter en petites natures délicates promptes à se laisser blaser par trop de répétition. Et vas-y que je te rote à la gueule, UNLEASHED ça déchire, c'est toujours pareil et je t'emmerde. En avant pour la séance de muscu !

Une séance de muscu sans chrome. Le son est sincère, un peu cheap. Pas de retouche ni épilation, pas de savonnage intempestif. Ça sent l'homme ici, le vrai, pas le repeint. Ça blaste, ça cogne et ça groove puissant ! Et si on n'entend pas le public, c'est bien parce qu'il n'était pas venu en nombre (trois spectateurs, c'est peu), pas parce qu'il manque de patate, bordel de merde !
Dans cette orgie de testostérones, le pauvre Fredrik Folkare fait comme on lui a dit, il récite ce qu'il a appris et ce n'est que plus tard qu'il laissera vivre quelques envies. Et le double concert ne propose de variété que dans ce son plus foncièrement death metal pris à Cologne. Epoque oblige (le death n'avait auparavant que trop touché les profondeurs), Katowice baigne dans un climat doucement teinté de hardcore comme en atteste un chant moins caverneux et plus humain.

La setlist est totale, carrée, c'est du 100% et la setlist est… exécutée ! Et pour fignoler, Johnny Hedlund dédicace un titre aux guerriers du death metal, nous explique très sérieusement que le morceau intitulé revanche parle de… vengeance et caetera et caetera…

Fidèle à sa fidélité, UNLEASHED nous sort là un produit parfaitement calibré, du zéro surprise zéro déception qu'on ne peut décemment descendre en flammes, tant il est rassurant de voir de tels musiciens continuer à exister. Et puis, il s'agit d'un bon best of des premières années, les meilleures, de la troupe.