Il était temps afin que ceux qui maîtrisent trop mal l'anglais ne croient pas en une supercherie.
Johnny Hedlund porte le marteau de Thor en pendentif. Grand bien lui fasse. Il revendique haut et fort ses accointances païennes et son ascendance viking. Là encore, on est bien content pour lui. Mais alors pourquoi proposer des pochettes d'albums qui évoquent des univers de monstres dans des grottes mystérieuses que couvrir visuellement les plus grandes épopées de ses ancêtres ? Problème de marketing très certainement, volonté de faire la nique au grand rival ENTOMBED, décision de la maison de disques (on se souvient encore de la sombre affaire qui vit les pochettes de "Cause Of Death" d'OBITUARY et "Beneath The Remains" de SEPULTURA interverties pour simples raisons stratégiques alors que les deux artistes n'avaient nullement main mise sur leurs propres visuels). En 1993, le mal est réparé et trône enfin sur la pochette du troisième album des Suédois un drakkar évocateur des thèmes de prédilection du quatuor. Les paroles sont elles aussi plus strictement orientées navigation sur navires à fond plat.

Un troisième album qui débute de la plus belle des manières. Le riff d'introduction fait partie de ces joyaux moqueurs qui ont parsemé la carrière de l'artiste et l'ont rendu célèbre. Un troisième album qui s'essouffle vite. "Open Wide" claudique et ne passe jamais la vitesse qui lui rendrait la conduite plus facile. Erreur sur le levier, "I Am God" va trop vite, les freins ne répondent plus. L'orchestre tente de se ressaisir sur "The One Insane" en retrouvant un mid-tempo qui lui va si bien au teint. Mais on a entendu mieux de la part de l'artiste. Et ainsi de suite.

Petite déception accentuée par le caractère ambitieux du disque. Car après "The One Insane" figure un intermède acoustique qui sent le monastère perdu (et un peu aussi le jeu vidéo) et atteste d'une agréable volonté de variété. Autre signe de cette ambition, "Breaking The Law". Reprendre un des tubes interplanétaires du metal : UNLEASHED naïf devant le périlleux de la tâche ? UNLEASHED pleinement sincère dans son hommage ? Dommage que le rendu soit aussi peu convaincant et manque complètement de patate ou de pêche selon qu'on soit plutôt salé, plutôt sucré. VENOM se portait mieux sur le disque précédent.

Dernier accent porté sur ma mine déconfite, la production.
Le débat pourrait durer des heures, les pour et les contre bénéficient d'arguments d'égale valeur. Fini l'aplatissement généralisé, Fredrik Andersson, ingénieur en chef, a décidé, conjointement avec le groupe qui prend lui-même les commandes de la production, de jouer sur une plus grande abrasivité des guitares. Le chant gagne également en puissance et en humanité. Les paroles en deviennent plus parfaitement audibles et le son récupère du relief. Voilà bien la fin d'une époque, celle des productions calquées sur le son aplati des studios floridiens Morrisound.

En 1993, le Death vit ses dernières heures de gloire, UNLEASHED n'aura même pas le temps d'y goûter. Tant pis, "Across The Open Sea" ne mérite de toute façon pas qu'on lui porte louange excessive, inférieur qu'il se trouve face à ses deux prédécesseurs.