Je ne connais rien du passé de SETHERIAL. Je ne connais rien des premières horreurs de SETHERIAL. Je ne devrais peut-être pas avouer cette faiblesse. Certains croient les chroniqueurs omniscients, à la culture infinie et jamais prise en défaut. Il leur arrive pourtant de débarquer au milieu d'un univers dont ils ignorent tout et de tenter malgré tout de jeter leur plume sur le papier. L'exercice est aujourd'hui périlleux étant donné mon sentiment final envers et contre "Death Triumphant", dernier ouvrage en date d'un pilier du black metal suédois. L'aventure "Endtime Divine" m'avait laissé froid, je tenais cependant, quelques années plus tard, rouvrir les portes de l'enfer de Sundsvall. Ma question première restait là. Pourquoi SETHERIAL bénéficiait-il d'autant de soutien de la part de l'underground maléfique ? Question un peu bête tant je suis au courant de la particularité de mes goûts. Aux chiottes GORGOROTH, va mourir DARK FUNERAL, dégage MARDUK, même IMMORTAL ne me convient qu'à moitié. Le black brutal et sans concession au sensible, je n'aime pas. Mais "Transilvanian Hunger" n'est-il pas brutal ? HATE FOREST ne figure-t-il pas parmi les combos les plus haineux de la création ? L'analyse est complexe et restera toujours imparfaite. Peu importe, "Death Triumphant" est devant moi, je me dois de l'écouter et de comprendre mon ressenti après l'avoir sauvagement décortiqué.

Je sais que je fais fausse route. Comme il est si souvent de mise dans l'underground, le meilleur a souvent lieu durant les plus vertes années de la vie d'un artiste et m'intéresser au dernier né d'une discographie dont beaucoup disent que sa première période reste la plus valable revient à assumer par avance sa volonté de dire du mal. Après tout, je pourrais apprécier "Nord" ou "Lords Of The Nightrealm". Mais non, j'en serais peut-être déçu. J'aime détester, j'aime critiquer et vouer aux gémonies les suiveurs, les inutiles, les bouchers sans âme. Voilà, je suis déjà méchant sans même avoir commencé à parler du contenu de cet album. Il est plus que temps de commencer.

3…2…1…C'est parti pour 40 minutes de la pire acrimonie saveur de flammes. Le riff d'introduction, exercice parfait de respect des normes de l'orthodoxie noire, permet de se rendre compte du potentiel d'un groupe non dénué de savoir-faire. Un potentiel porté par une maîtrise instrumentale indiscutable. SETHERIAL sait jouer vite et fort. Et on remarque à peine les effets d'un changement de line-up important, qui prend en compte le chant aujourd'hui tenu par le bel Infaustus. Mais on ne s'est pas abreuvé 30 secondes de la bile servie dans une coupe impie que déjà, la soif ne nous tiraille plus l'estomac. Les albums qui lassent avant même qu'on en achève l'écoute sont légion, "Death Triumphant" ennuie au bout d'un quart de premier titre. Belle réussite que, même dans mes pires souvenirs, "Endtime Divine" n'avait pas atteint. On sait d'avance que la double grosse caisse refusera de partager sa place avec des schémas plus harmonieux. Mais c'est vrai qu'elle va si bien avec ces blast-beat et autres tremolo picking de marathoniens du vulgaire.

J'exagère. Mon envie de cracher sur ce parasite reprend le dessus. Ils sont en fait des dizaines…que dis-je, des centaines à proposer la même mélasse abjecte. Et SETHERIAL n'est pas le moins compétent de tous. L'orchestre a bien fait son nid dans le milieu du black asphyxiant, surproduit et ultra linéaire. Il tient avec "Death Triumphant" une nouvelle raison de headbanguer pour pas cher, distraction qui se fera sans moi, merci. J'ai mieux à faire que de continuer à me demander ce que peuvent bien valoir les premières créations de ce Scandinave bêta.