Ô prince Satan qu’il est loin le temps de "Nord…". Même si ce "Hell Eternal" revient aux fondamentaux qui ont attiré l’œil et l’oreille, SETHERIAL remet le couvert en cette fin de millénaire en pompant bien plus largement DARK FUNERAL. Les riffs sont tellement proches que nous serions en droit de nous demander si Lord Ahriman n’est pas derrière les mélodies, les paroles et même le jeu vocal de l’album. Démaquillons donc l’un de ses sbires de SETHERIAL pour en avoir le cœur net. Mais si l’on fait fi qu’il existe DARK FUNERAL, alors ce troisième album de SETHERIAL possède une âme et un sens. Peut-être n’aurait-il pas fallu sortir ce "Nord…", la déconvenue aurait été moins totale. Mais au fait, qui de l’œuf et de la poule ? Hé oui ça se réfléchit.

Alors pour analyser dignement cet album, faisons comme si de rien n’était, et qu’une énième faille temporo-spatiale m’ait bloqué la pensée et la mémoire. En me rebootant le derrière, je comprends alors que ce "Hell Eternal" est à aborder sous un autre angle. Et c’est là que le disque se révèle complètement. Le blizzard épais de "Nord…" s’y retrouve avec la même épaisseur, et diantre qu’il souffle… Et le hasard – s’il existe – déterminant pourtant si bien les choses, Napalm Records en 2008 réédite le digipack sous la forme d’un double CD qui comprend "Hell Eternal" et "Nord…" dans le même coffret. Pour en revenir à l’opus qui nous préoccupe aujourd’hui, notons la saccade infernale du batteur et l’état possédé de Wrath qui tutoie son meilleur niveau. Wrath, qui officie aussi chez NAGLFAR, est un pur chanteur de Black Metal et pourrait remporter à ce titre l’une des palmes des vocalistes les plus furieux que compte le Black Metal. À ne pas confondre avec un autre Wrath, celui de DØDSFERD qui je pense à mon humble avis tutoie quant à lui le podium…

Les compositions sont à l’instar de celle de leur essai séminal toutes intéressantes. La rythmique des guitares, qui participent à cette idée que SETHERIAL serait frère jumeau avec DARK FUNERAL, déroule avec acharnement une avalanche de reverb au blanc immaculé. La sensation qu’elle dégage donne l’impression de saturer totalement la scène sonore. L’effet de blizzard dont je parlais plus haut est le fruit de ce riffing démentiel. Tout l’album est à couper le souffle, et l’on pourrait croire que la place prépondérante des blastbeats occupe un esprit très MARDUK-ien, mais l’ambiance de SETHERIAL colore ce Brutal Black Metal d’éclats autrement plus possédés. Des titres sortent du lot, je pense notamment au courroucé "Shadows Of The Throne", à l’innommable "The Aeschma Deava" ou au talentueux "The Nightrealm".

"Hell Eternal" n’a jamais si bien porté son nom, diabolique et palpitant, sa tachycardie frénétique des rythmes est indissociable de l’esprit malaisant qui conduit l’album. En écrivant la fin de cette chronique, je viens à me rappeler que je parlais de cette comparaison avec DARK FUNERAL. Rassurez-vous, SETHERIAL va encore plus loin et expédie Lord Ahriman et sa bande de zouzous à compter les pavés qui mènent à l’enfer. Profitez donc de cet album de SETHERIAL avant que ceux-ci ne dégringolent et perdent pied dans le royaume du Black Metal. La suite de leur discographie ayant surtout fait perdre la superbe maléfique qu’ils pourtant préemptaient à tant d’autres groupes.