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1998 Queens Of The Stone A...
2000 Rated R
2002 Songs For The Deaf
2005 Lullabies To Paralyze
2007 Era Vulgaris
2013 ...like Clockwork
2017 Villains
2023 In Times New Roman
 

- Style : Fierce Deity, Frank Carter & The Rattlesnakes
- Membre : Kyuss
- Style + Membre : Screaming Trees, PatrÓn, StÖner

QUEENS OF THE STONE AGE - Rated R (2000)
Par CANARD WC le 14 Février 2008          Consultée 11769 fois

Vous posez votre pipe à eau à coté du lit, il est temps de prendre l’air. Votre cerveau embrumé peine à refaire surface, vous trébuchez, ouvrez les fenêtres, vos yeux rougis par les volutes de fumée ne distinguent plus le monde réel.

...


Bien qu’il ne soit pas vraiment question de violence ou de sexe (si peu), le titre de ce deuxième album (*) des Queens of the Stone Age (QOTSA) est on ne peut plus en adéquation avec les effluves que dégagent la galette.

Il flotte sur « Rated R » comme un laisser-aller assez troublant… Il est le manifeste post-Rock pour toxicos. Une ode à la défonce au sein de laquelle chaque décibel transpire de substances illicites. Irrésistiblement Stoner donc. Au cas où la musique ne serait pas suffisamment explicite, vous êtes agressé d’emblée par Josh HOMME et Rob HALFORD (himself) vous hurlant dès les premières secondes de l’album le programme de la séance :

« Nicotine Valium Vicodine Marijuana Ecstasy and Alcohol... co-co-co-co-cocaine »
Rated R est un long périple au pays des psychotropes, une traversée vénéneuse hallucinatoire, de splendeur à misérabilisme comme une histoire qui se déroule et n’en finit pas de vous happer (**).

On aurait pu craindre que le groupe se perde en chemin comme à son habitude (Cf. époque KYUSS et le premier QOTSA), mais non. Toute l’évolution du groupe réside dans ce paradoxe : dans son délire luxuriant, QOTSA s’est structuré, se forçant parfois à être plus Rock que Metal, plus Pop que Stoner. Bien qu’il soit question de défonce et de came en tous genres, jamais le groupe ne tombe dans l’expérimentation. Le délire n’est que faiblement visible sur le résultat musical. En bon tôlier des lieux, Josh HOMME a su garder d’une main de fer ses compos, sans brider mais indéniablement maître de son talent.

Si l’évidence des mélodies et de certains riffs vous tombent dessus, ce n’est que la surface des choses. QOTSA surprend toujours, déroute souvent, dérange parfois mais conserve tout du long sa folie richissime. Seule la persévérance doublée d’une certaine attention rendent l’album proprement passionnant. Même l’immédiateté d’un « Lost Art of Keeping a Secret » (ma préférée du groupe, le tube « made in QOTSA » par excellence) ne révèle jamais complètement ses secrets. Inépuisable recette dans laquelle le Rock moderne à tendance grungy-heavy flirte avec une Pop Music séduisante. Ce titre préfigure à lui seul ce que sera QOTSA sur le prochain album. Il n’y a bien que le dernier titre de l’album (made in KYUSS) qui part vraiment en Live. Pour le reste, ça vole haut, célestement haut, le tout emmené par une production puissante, claire dont le sérieux tranche avec les sonorités seventies.

Malgré le talent indéniable, ce sens de la mélodie et les morceaux de choix qui le composent, Rated R reste ce qu’il est : un album de Stoner brut avec sa violence inhérente. A la fois inaccessible et accueillant, gardant sa rugosité « naturelle » (à l’inverse d’un Songs for the Deaf si facile et presque universel). Et que ce soit en terme de compos que de démarche, l’album s’adresse davantage à un public « mature » (M) qu’averti (R). Album de la maturité d’un groupe grandi pour un public d’initiés. Sans doute ce qui lui confère aussi un charme fou.

On se doutait bien qu’en passant de KYUSS à QOTSA, HOMME et ses potes avaient bien une idée derrière la tète. Ils devaient pressentir le potentiel du truc et un avenir meilleur pour leur « Desert Rock ». Un monde fait de tubes, de bombes à fragmentation et de bons gros délires, le tout à la jonction de mondes parallèles. A l’orée du nouveau millénaire, Rated R est ce bond de géant qui a donné au groupe une nouvelle dimension artistique.


Il est assez aisé de chroniquer Rated R après que l’ouragan « Songs » soit passé, faisant des millions de victimes en 2003. Et quand on connaît encore un peu plus l’avenir (la catastrophe Lullabies et le renouveau d’Era Vulgaris), Rated R en devient encore plus limpide. Avec le recul nécessaire et avec la compréhension des années, on contemple l’œuvre dans son intégralité, nous permettant ainsi de l’apprécier pleinement et de nous perdre dans ses conjectures délicieusement narcotiques.


Note : 4/5


Morceau préféré : Lost Art of Keeping a Secret
L’album s’écoute en entier sans zapper comme un tout, comme un mystère à percer…

(*) = Aux States, les films qui chez nous sont interdits aux moins de 12 ans / 16 ans portent la mention « R » (pour « Restricted ») et ne peuvent être vus en salles par les mineurs.



(**)

Rated R : Vrai-Faux concept album ?

Si on se laissait aller à une explication de textes doublée d’une légère analyse musicale, les esprits les plus contemplatifs (dont je fais partie) peuvent voir en Rated R un simili concept album autour de la prise (intégrale) de drogue(s).

Chaque morceau pourrait correspondre à un état différent, tout en respectant une certaine « chronologie » des évènements. Evidemment se droguer c’est maaaaaaal. Comme baiser sans capote ou boire plus que de raison. Il n’empêche que si un soir vous vous retrouvez comme par magie à fumer un petit grillos – par le plus grand des hasards – vous pourriez avoir la bonne idée de glisser concomitamment Rated R dans le mange-disque.

Je dis ça, je dis rien.

Tentative de décryptage :
(Track by Track)


1. Feel Good Hit Of The Summer : Première Prise

Le premier titre donne le programme de la séance : « Nicotine Valium Vicodine Marijuana Ecstasy and Alcohol... co-co-co-co-cocaine ». C’est la ronde infernale de substances plus ou moins illicites. La basse gronde, les guitares ronflent, la batterie martèle au rythme des hurlements des chanteurs. La rage est contenue, doublée d’une pointe de décadence.


2. The Lost Art Of Keeping A Secret : Euphorie

Sans doute le premier tube du groupe. Après la prise, la joie planante. Les paroles sont ironiques. Le piano léger rebondit au poil sur le refrain millimétré, donnant un entrain incroyable au morceau. Entre douceur et agressivité. Les drogues ne sont pas encore tout à fait montées au cerveau : excitation de la prise ou pente ascendante ? Peu importe.

3. Leg Of Lamb : 1ers effets

La vision se voile, les idées s’embrument légèrement. On peine à formuler une phrase. Assommé, on mate la télé sans rien comprendre. Le morceau est dur à suivre, le riff lancinant vous travaille doucement le ciboulot. Tout est flou. Puis, ça démarre : à une minute de la fin, Josh HOMME s’envole. On commence à planer doucement.

4. Auto Pilot : Décollage immédiat (good trip)

Nick prend le micro. Le registre est plus malsain mais terriblement doucereux. On se laisse bercer, on flotte dans du coton. Ca tombe bien, il est justement question de s’envoler, de flotter dans les airs. Le chant ambigu contraste avec l’ambiance calme et planante du titre. Le cerveau est anesthésié en douceur, tandis que les arpèges de fin (2’30) finissent d’endormir les derniers remparts de votre vigilance. Les répétitions de fin accentue le coté entêtant du morceau. Alors on se laisse aller à cette douce déchéance. Quel plaisir de somnoler dans cette apathie.

5. Better Living Through Chemistry : First Big Trip

Dans la lignée du meilleur de KYUSS, on retrouve le coté expérimental du groupe. Le riff est massif, opaque comme le soleil en plein désert. Quelques percussions accompagnent ce mur de décibel, nous encourageant à percer cette façade intimidante. Le son du Charley est stupéfiant : il vous hypnotise pendant que HOMME vous balance des paroles insensées (« The blue pill opens your eyes » : la pilule bleue t’ouvre les yeux). Projeté en plein Desert-Rock, vous errez dans une plaine aride, sauvage, folle et inquiétante. En plein « trip ». Au maximum de la charge, cloué sur place, transpirant, votre pouls s’accélère. Soutenues par une batterie colérique, les guitares seventies se déchaînent pendant que quelques choeurs résonnent dans le vide. Le morceau tourne un peu sur lui même, cherchant une issue possible.

6. Monsters In The Parasol : Hallucinations

Après l’envolée, la rupture. La batterie mise en avant est l’"artisante" de cette cassure. Le Bad Trip n’est plus très loin. On baigne dans le non-sens. Il y a des monstres qui se cachent dans le parasol, si si je vous jure. Et la soeur de Paul est une extra-terrestre. Tout va bien. Le refrain se veut donc décalé – gentiment étrange (« You’ve got a monster in your parasol »). On glisse doucement de l’hallucination à la paranoïa, pendant que le morceau s’imprime difficilement dans votre mémoire.

7. Quick And To The Pointless : Fureur

Nick OLIVIERI reprend le micro pour pousser sa gueulante (« Je ne sais même pas ce que je fous ici »). C’est le 2ème effet « Kiss Cool » : après l’hallucination, on passe à la violence dégénérée. Envie de tout casser, de crier, de cogner... Riff sourd, basse arrêtée, hurlements. L’immédiateté de la solution soulage, on peut passer à autre chose.

8. In The Fade : Le calme, après la tempête

Changement de chanteur, c’est LANEGAN qui s’y colle. L’effet de la drogue s’estompe, le cerveau se remet doucement en état de marche. Au ralenti. Tout va bien – under control. Les nerfs se relâchent au son de cette merveille Pop. La mélodie est douce, le refrain réconfortant, le titre est accueillant gonflé d’espoir. On range le bordel, on ouvre les fenêtres, on boit un verre d’eau bien fraîche. Trop tard, tout seul. La drogue a déjà fait le vide (« with nowhere to fall into the arms of someone »).

8 bis (Hidden Track). Feel Good Hit Of The Summer (bis) : Re-prise

C’est la rechute. Peut être à cause de la solitude et du désespoir qui perlait à la fin de “In the Fade” ? Bref, c’est reparti pour un tour. On remet ça et dans le même ordre (« Nicotine, Valium... »). Pour se faire exploser le crâne, pour se mettre à mal. Volontairement.


9. Tension Head : Bad Trip

Ca monte directement au cerveau ce coup-ci. Directement plongé en plein coeur de l’enfer, plus fortement, plus violemment. Nick hurle à pleins poumons. Son mal être est tangible (« I’m feeling so sick... I’m feeling so fucking sick”). La drogue fait apparaître le coté Punk des choses avec son nihilisme exacerbé. Tout est de la merde.

10. Lightning Song : Total décalage

L’interlude tombe comme un cheveu sur la soupe. On passe de la violence du Bad Trip à une instru désertique, de « Requiem for a Dream » à une partie de cache-cache avec les indiens. Tout en arpège et en percussion, on redoute le dernier morceau. Qu’est ce qui va nous tomber dessus...

11. I Think I Lost My Headache : Last Trip

Le plus “KYUSSien” des titres de QOTSA. Presqu’un hommage. La rupture totale n’est plus très loin. Bruitages bizarroïdes et heavy mid-tempo au menu. Ca sature et ça répète à mort. Les pistes s’embrouillent à mesure que le titre avance sur ses 9 interminables minutes. QOTSA a le temps de se recroqueviller sur lui même et évoluer au rythme d’un escargot. Puis ça part et c’est étrange, un peu flippant. Quelques cuivres hystériques concluent le morceau et emportent le peu de raison qui vous restez... Oui, votre cerveau a explosé.

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   CANARD WC

 
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- Josh Homme (guitare, chant)
- Nick Oliveri (basse, chant)
- Gene Trautman (batterie)
- Dave Catching (instruments divers)


1. Feel Good Hit Of The Summer
2. The Lost Art Of Keeping A Secret
3. Leg Of Lamb
4. Auto Pilot
5. Better Living Through Chemistry
6. Monsters In The Parasol
7. Quick And To The Pointless
8. In The Fade
9. Tension Head
10. Lightning Song
11. I Think I Lost My Headache



             



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