Il y a des albums qui laissent des traces dans l'histoire du hard rock. Justement, "We're an American band" de Grand Funk Railroad a le privilège de faire partie de ceux-là. Sorti en 1973, ce disque est le 8ème opus studio du groupe americain, dont les débuts discographiques remontent à 1969. Autant dire que le combo du Michigan, mené par le chanteur Mark Farner, a été très actif et n'a pas eu le temps de gamberger.

Bénéficiant de l'aide de Todd Rundgren(celui-là même qui produira plus tard le fameux "Bat out of hell" de Meat Loaf) à la production, Grand Funk Railroad est dans une période d'inspiration faste et en profite pleinement, d'autant que le son brut et sec de l'album apporte aux compos ce petit quelque chose qui les fait sortir de l'ordinaire.

Et l'album démare d'emblée avec un veritable hymne en puissance, un classique intemporel du rock (hard ou pas) américain, j'ai nommé "We're an American band". Rythmique syncopée, guitares et basse qui se relaient fort bien, refrain entrainant et fédérateur: ce titre a décidèment tout pour casser la baraque et on comprend aisément pourquoi les futures générations de rockers ont été marquées tant ce titre atteint le stade du divin.

Cet album ne se résume pas à cette pépite, loin de là. Par exemple, le mid-tempo bluesy "Stop lookin' back" avec ses notes de piano et d'orgue d'abord, puis son final aux rythmes indigènes, est une superbe trouvaille, de même que le long et mélancolique "Creepin' ", plein de sensibilité, qui se distingue par un final plus haletant, plus enlevé. "Black licorice", avec le batteur Don Brewer au chant, est une compo plus hargneuse, plus musclée et Don Brewer s'en donne à coeur joie pour pousser sa gueulante. La power-ballad "The railroad", magnifiquement arrangée avec sesambiances crépusculaires et sa splendide jam instrumentale au milieu de la chanson, est de haute volée et tempère comme il faut les ardeurs. Les excellents "Walk like a man", assez proche de "We're an American band", mais en plus bluesy, "Ain't got nobody", et "Loneliest rider", qui se conclut par une rythmique tribale en guise de clin d'oeil aux Indiens, complétent de fort belle manière un disque qui ne comporte pas le moindre bouche-trou.

D'autre part, il y a un detail que j'avais omis de mentionner au départ(méa-culpa):c'est l'importance du batteur Don Brewer sur cet album. Outre sur "black licorice", il chante aussi sur "We're an American band", "Stop lookin' back" et "Walk like a man", ce qui signifie qu'il a autant d'importance que Mark Farner dans le registre du chant sur ce disque, d'autant qu'il se débrouille très bien.

Cet album fait partie des chefs-d'oeuvre du hard rock des 70's et on comprend pourquoi il a tant marqué les esprits quand il est sorti. La production signée Todd Rundgren valorise comme il se doit les compos et, avec un tel disque, Grand Funk Railroad est devenu un des groupes-phares de l'époque au point de passer à la postérité.