Originaire de la froide Finlande, Kalmah est un groupe de heavy black, souvent catalogué comme un ersatz de Children Of Bodom, leurs compatriotes évoluant dans le même style. Cependant, il est extrêmement injuste de considérer Kalmah comme des suiveurs sans inspiration, d’autant plus que si leur premier album studio est sorti en 2000, soit trois ans après Something Wild de Children Of Bodom, le groupe Ancestors, qui changea par la suite pour le nom de Kalmah, fut créé en 1992, soit un an avant la fondation d’Inhearted, qui allait devenir Children Of Bodom par la suite. Taxer Kalmah de COB-like est donc passablement injustifié.

Pour revenir au groupe qui nous intéresse donc, Ancestors, puis Kalmah, a subi de nombreux changements de line-up et enregistré de nombreuses démos avant de signer chez Spikefarm Records pour leur premier véritable album, Swamplord, avec un line-up provisoirement stabilisé, album qui sera enregistré et mixé au Tico-Tico studios en octobre 2000, et qui atterrira dans les bacs finlandais le mois suivant.

Et un album de qualité, il faut le dire. Si, si. D’accord, ça sonne un peu comme du Children Of Bodom, en plus black peut-être, mais le groupe a sa propre personnalité. Bénéficiant d’une production plutôt correcte, l’album est court et direct : 36 minutes de musique rapide, agressive et néanmoins mélodique. Oui, c’est court, mais au moins on n’a pas le temps de s’ennuyer.

Les musiciens, techniquement très à l'aise, entre les solos de guitares, les riffs incisifs et la batterie pilonnant furieusement (même si ce martèlement est parfois un peu trop facile), nous balancent dès le titre d'ouverture, Evil In You, un condensé d'agressivité et de puissance, entre le chant écorché plutôt bien foutu, et les mélodies de claviers omniprésentes, quoiqu'un peu répétitives sur ce morceau, mais le concluant de fort belle manière. Agréablement surpris par cette entrée en matière, on suit sans prudence les membres du groupe au cœur de leur noir marécage, envoûté par des mélodies très accrocheuses...

Si l'album n'est pas parfait, donnant par moment l'impression que la musique est un peu brouillonne, en revanche il regorge de très bonnes idées : jolies lignes de claviers sur Heritance Of Berija, ainsi que de guitares, pour un excellent morceau par ailleurs, un de mes préférés. Riff d'intro sympathique pour le furieux Black Roija, excellent solo au milieu du même titre ; superbe ambiance assurée par les claviers sur l'intro de Dance On The Water, intro qui aurait pu gagner à être rallongée, avant d'embrayer sur un solo de guitare plutôt inspiré, malheureusement le morceau tourne un peu en rond par la suite, pas le meilleur du disque.

Excellent Hades, aux riffs et aux claviers bien sentis, malgré une batterie un peu trop simpliste encore une fois, et l'album s'achève sur deux morceaux encore une fois bien agréables, et pour finir un rugissement comme on les aime !

Bon, il est vrai que Swamplord n'est pas exempt de défauts, la batterie, sans être mauvaise, ne m'a pas vraiment convaincu, les morceaux sont parfois un peu trop brouillons et on apprécierait qu'ils soient plus aérés. Mention spéciale pour les claviers en revanche, qui pourraient prendre un peu plus de place, car ils apportent vraiment une personnalité à l'album. Et si les guitares sonnent très Children Of Bodom, on ne reniera pas la technique des 6-cordistes.

En conclusion, une très bonne performance pour un premier album, malgré quelques défauts que l'on pardonnera à un jeune groupe qui nous a fait passer un si bon moment.