Nous sommes en 2002. La Finlande se présente comme un pays où le metal est roi, guidé par des groupes tels que NIGHTWISH, STRATOVARIUS ou CHILDREN OF BODOM. Et dans son sillage, ce dernier emmène de jeunes formations emplies d'enthousiasme, à l'image de NORTHER, qui dévoile cette année son premier album, et de KALMAH. L'enjeu pour ses deux formations ainsi que toutes celles qui leur sont apparentées, est de se démarquer de l'influence des enfants de Bodom. Je ne vais pas faire durer le suspense plus longtemps, KALMAH reste encore très comparable à son influence principale et délivre une musique énergique et très mélodique, dans un format relativement accessible, chaque chanson durant entre quatre et cinq minutes.

KALMAH, comme souvent dans le death mélodique, repose sur des musiciens très professionnels, à l'image des frères Pekka et Antti Kokko, tous les deux guitaristes, le premier s'occupant également du chant. Les riffs et soli de guitare sont toujours bien pensés, entraînants et mélodiques, subtilement mariés avec des claviers typiques de la scène finlandaise, mais finalement assez discrets. La batterie, simple et carrée, accompagne le tout de manière très efficace, se permettant de temps à autres des accélérations bien senties.

A mon sens, KALMAH parvient, petit à petit, à s'éloigner de l'influence CHILDREN OF BODOM, à s'imposer comme un groupe représentant plus qu'un clone qu'on appréciera un temps pour l'oublier ensuite. Tout d'abord, Pekka Kokko possède une voix plus puissante que son homologue Alexi Laiho, et les claviers, s'ils sont mis à contribution pour des soli magnifiques, comme celui de My Nation, sont utilisés de manière plus fine, moins démonstrative, le claviériste n'ayant pas la virtuosité de Janne Wirman, et créent des ambiances de bonne facture. Sur des bases communes, les deux groupes commencent à prendre des chemins différents, et cette tendance ne fera que s'amplifier par la suite.

They Will Return est par conséquent un très bon album, mélodique, cohérent et accrocheur, sans doute pas à la hauteur de ce que fait le groupe depuis l'excellent The Black Waltz, mais il offre des moments forts absolument délectables. Il suffit d'écouter "Human Fates" et son orientation symphonique, son orgue de toute beauté, pour s'en convaincre. On appréciera aussi la sympathique reprise de Megadeth, "Skin O' My Teeth", qui conserve l'esprit de l'originale en y ajoutant l'agressivité de KALMAH ; le chant y est moins bon que sur les autres titres, étrangement.

J'aime bien les deux premiers albums des seigneurs des marais : remplis de qualités et de mélodies étonnantes, tout à fait capables de s'imposer sur une scène death mélodique surchargée de concurrents pas forcément intéressants. Il faut toutefois attendre Swampsong pour voir KALMAH faire preuve d'une réelle maturité.