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- Style : Spineshank, Slaves On Dope
 

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ILL NIÑO - One Nation Underground (2005)
Par BAAZBAAZ le 13 Octobre 2005          Consultée 7937 fois

Le son est monumental. C'est ce qui frappe immédiatement : les rythmiques thrash et néo, le roulement ethnique de la batterie, l'alternance du chant death / hardcore et de la voix claire… tout est net et parfaitement découpé. La masse sonore est taillée et ciselée à la perfection. Rarement on aura vu un tel travail sur une musique qui se contente souvent d'un aspect sale et rugueux, voire d'un amateurisme brouillon parfois soigneusement calculé et entretenu. Ce n'est pas le cas sur ce disque : chaque chanson est une montagne imposante et chromée où chaque note, chaque accord est mis en valeur. D'entrée « This is War » donne le ton, avec son intro tribale classique et millimétrée à laquelle succède l'irruption des premiers enchaînements rythmiques – sans surprise, percutants et bondissants. Et pour ceux qui craignent les vocalises gutturales, un refrain mélodique et aéré, honnête mais peu original, vient rappeler la marque de fabrique du groupe : un néo-métal à la Soulfly, plein d'influences latinos, une efficacité martiale de tous les instants, et un manque cruel d'innovation et d'inventivité musicale.

On ne s'ennuie pas vraiment, bien sûr. Les morceaux sont variés, appuyés sur des structures mouvantes et changeantes, en rupture, faites d'accélérations et de temporisations bien senties. Sans oublier les incontournables passages exotiques, les ambiances dépaysantes renforcées par l'utilisation récurrentes de la langue espagnole, qui confère une réelle personnalité à Ill Niño. Du moins sur le papier. Parce que dans les faits, c'est un groupe qui a encore du mal à se forger une identité propre. Non pas que sa crédibilité soit en cause : on le sait, ils viennent du New Jersey – pas l'endroit le plus riche d'Amérique – et sont d'origine latino-américaine. Leurs influences n'ont donc pas été inventées de toutes pièces. A la manière de Sepultura, c'est tout un héritage culturel que les membres du groupe tentent de faire passer dans leurs compositions.
Le lien avec Soulfly n'est d'ailleurs pas un hasard si l'on se souvient que Ill Niño a été fondé par Dave Chavarri, un ancien membre du groupe de hardcore Pro-Pain qui a fait le batteur pour l'orchestre hétéroclite de Max Cavalera pendant une courte période. C'est un peu une histoire de famille. C'est aussi un argument de vente en béton dans un pays où les parts de marché latinos sont en pleine expansion : s'adresser à la communauté hispanique, mélanger les styles musicaux, les ambiances et les cultures, pratiquer le syncrétisme artistique, voilà qui démontre la vitalité salutaire d'une scène métal qui s'ouvre à la diversité identitaire et ne recule pas devant les expérimentations. Rien à dire là-dessus. On l'a vu avec Sepultura et Angra, le métal a tout à gagner à l'utilisation de sonorités nouvelles qui ne sont pas que des ajouts folkloriques basés sur la nostalgie, mais bien des croisements entre des cultures riches et vivantes. On ne s'enferme pas dans son délire de petit blanc narcissique – et on évite en même temps le métal à croix gammée de quelques danseuses hystériques d'Europe du Nord.

Le problème, bien sûr, c'est que ce joyeux optimisme culturel n'évite pas le business plan. Car chanter dans la langue d'Evita, c'est aussi ramasser un sacré gros paquet de fric. C'est s'assurer d'une bonne publicité, c'est profiter de l'air du temps et sa sacralisation de l'exotisme bon marché. Surtout avec une telle musique, c'est-à-dire bien construite, violente mais sans faire trop mal, agressive mais pas méchante – avec « Turns to Grey » par exemple – et dont le manque de spontanéité et d'originalité est assez frappant. Surtout sur le chant clair, qui – il faut le préciser – n'est pas limité aux refrains, mais qui manque cruellement d'intérêt. Quand il domine, comme sur « De la Vida », c'est même parfois un vrai handicap. Cristian Machado n'est pas mauvais, pourtant. Ce sont plutôt les mélodies qui sont en cause : chaque fois qu'une chanson délaisse les vocaux hurlés, elle devient presque immanquablement plus terne, un peu poussive, sans entrain.
C'est sans doute que les sonorités se rapprochent alors de l'emo ou du post-grunge, genre dans lequel le groupe ne semble pas exceller, comme le prouve « All I Ask For », sans intérêt. De même sur « Corazon of Mine » qui démarre pourtant en trombe avec une rythmique syncopée et nerveuse avant de s'engluer dans un refrain banal et assez faible, sans accroche, sans personnalité. Le comble pour un groupe dont toute l'authenticité – et dont tout le potentiel commercial – est fondée sur la particularité, la spécificité et l'expérimentation. Un paradoxe : Ill Niño promet une musique originale, audacieuse, cassant les clichés et les habitudes, et propose finalement un univers sonore déjà exploré par Soulfly et qu'il plombe par la platitude désespérante de certains passages mélodiques qui devraient pourtant renforcer la puissance de la musique. Heureusement, ça ne rate pas à chaque fois. Un morceau comme « My Pleasant Torture » s'arrache un peu de la pesanteur ambiante. Mais c'est sans doute sur la dernière chanson que le groupe affine le mieux son style : sur « Violent Saint », colérique et entraînant. Là, la densité du son ne masque pas les défaillances de l'inspiration.

Reste une déception légère mais persistance face à un album qui a tout pour convaincre, mais qui peine souvent à proposer des morceaux mémorables. Chaque intro, chaque amorce est prometteuse – extraordinaire par la force du bloc rythmique systématiquement esquissé – avant que des baisses de tension, des atermoiements vocaux et des lignes mélodiques un peu fades ne viennent gâcher la fête. Le disque s'écoute sans déplaisir, mais le manque d'ambition des compositions, et surtout leur caractère impersonnel, pousse à déplorer la distance entre la formule alléchante – le néo-métal latino – et le résultat un peu anecdotique. Soulfly, plus bordélique, est bien meilleur. Et avec Ill Niño, on a le sentiment qu'un plafond artistique a été atteint, que le premier disque a donné des espoirs mais que le groupe ne fera jamais mieux. Bon, on s'en contentera. On ne peut pas écouter que des génies : une fois que l'on a compris que ces musiciens-là ne feront rien de plus et n'iront pas plus loin – plus haut – il reste tout de même la possibilité de passer un bon moment.

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   (3 chroniques)



- Cristian Machado (chant)
- Marc Rizzo (guitare)
- Jardel Paisante (guitare)
- Lazaro Pina (basse)
- Dave Chavarri (batterie)
- Roger Vasquez (percussions)


- One Nation Underground
1. This Is War
2. My Resurrection
3. What You Deserve
4. Turns To Gray
5. De La Vida
6. La Liberacion Of Our Awakening
7. All I Ask For
8. Corazon Of Mine
9. Everything Beautiful
10. In This Moment
11. My Pleasant Torture
12. Barely Breathing
13. Violent Saint



             



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