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2005 Apologize For Nothing

BOBAFLEX - Apologize For Nothing (2005)
Par BAAZBAAZ le 24 Octobre 2005          Consultée 3764 fois

Et voilà.
Quand déboule « Six Feet Underground », on comprend tout de suite : c'est trop tard, il fallait réfléchir avant ; il ne fallait pas écouter ce disque. Maintenant, on aime le rapcore. C'est-à-dire l'un des sous-genres les plus controversés du néo-métal. Celui qui a peut-être donné lieu aux pires dérives, à la fois artistiques et mercantiles. Bien sûr, il y a les anciens, comme Rage Against the Machine. Mais c'était une autre époque, une autre façon de mélanger rap et métal. Depuis, il y a eu Limp Bizkit, et tout ce qui a suivi. Et ce style est devenu celui que l'on s'empresse de détester, à tort ou à raison.
D'accord, mais là, on est coincé. Parce que non seulement cet album est excellent, sans doute l'un des tous meilleurs de cette fin d'année, mais il prouve avec un talent, une créativité et une capacité d'innovation rares que le rapcore peut aussi être à la pointe du métal. Dynamique, accrocheur, plein à craquer de tubes irrésistibles, de surprises sonores, de trouvailles géniales et surtout d'un rythme infernal, d'une tchatche à la fois variée, ludique et puissante, d'un groove prodigieux taillé dans les riffs les plus entêtants.
Laissez tomber le speed mélodique. Stratovarius et Gamma Ray, c'est fini. Laissez tomber le death mélodique ou le black symphonique. C'est le passé. Terminé le temps où vous crachiez à longueur de journée sur le néo-métal. Cette époque sera bientôt un lointain souvenir. Parce que vous allez aimer ça. Le rap-métal va devenir pour vous le centre du monde, votre unique raison d'être. Allez, on monte le son, on met une casquette, on sort le skate, et on entre enfin dans la modernité. Dans le réel. Dans le troisième millénaire.
On écoute Bobaflex.

La bombe, la claque. Le truc le plus jouissif du moment. Et System of a Down, tout à coup, vient de s'en prendre plein la gueule. Déjà has been, dans les poubelles de l'histoire. Car voici sur un seul disque tout ce qu'on ne trouve plus chez les nouveaux riches du néo : la rage, la vraie – pas simulée –, la spontanéité et la fraîcheur, des chansons à tiroir qui regorgent de trouvailles et d'astuces, des refrains vicieux qui tombent comme des couperets sur des couplets scandés avec une détermination sismique : ça braille, ça vibre, les murs de guitares écrasent les voix déchaînées des chanteurs – tout le monde donne un coup de main – ou se répandent en mélodies souvent aussi inattendues qu'efficaces. La totale, quoi. Le pied.
D'ailleurs la première chanson n'est qu'un apéritif léger. Avec « Better than Me », on est projeté au cœur d'un maelström métallique où le béton armé côtoie les nuances les plus ravageuses, juste avant que l'ombre salutaire et planante des Red Hot Chili Peppers ne viennent illuminer un « Bullseye » lourd et poignant. Mais le meilleur est encore à un pas de là. Le tube qui va vous lessiver. Le top du top. En à peine quatre chansons, Bobaflex vous a habillé pour l'hiver. Déjà, vos vieux disques à pochette Donjons & Dragons ont compris leur douleur. Mais le cinquième morceau arrive et là, ils agonisent.
Voici « Guns Ablazin' », on cherche son souffle. Des rebonds serrés, des mélodies pop, la fureur d'un rapcore qui va rendre Blind Guardian ringard et linéaire. C'est épique, ambitieux, terriblement prenant. Un coup de poing à l'estomac, direct et revanchard, qui se paye le luxe d'être subtil, de ménager ses effets, et de renouveler en une seule chanson, en quelques notes et en trois minutes – pas plus – la totalité de la scène néo-métal. S'il était vraiment nécessaire d'en passer par tout le reste, par Limp Bizkit, alors oui : ça valait la peine.
Tout l'album serait de la même trempe, on aurait un chef d'œuvre définitif. Ni plus ni moins.

Mais la subtilité et l'inventivité s'estompent un peu.
Une ou deux fois, comme sur « Turn the Heat up », le groupe fatigue avec un rap-métal bas du front, pas désagréable mais franchement banal. Bon, c'est brutal, bien rythmé, mais c'est une petite faute de goût. Rattrapée immédiatement, avec une belle candeur, par une power ballade ahurissante, « Family », qui explose soudain au détour du refrain en virant – presque – au punk alternatif. On comprend alors que les influences et l'érudition du groupe le portent sur des terres inconnues des néo-rapeurs incultes – qui existent aussi, hélas.
Une érudition qui arrive en droite ligne du métal traditionnel, des riffs rouillés et pesants à la Black Sabbath, de la marche inexorable des mid-tempos stoners, comme le prouve l'extraordinaire « Guardian » et son chant épais criblés par des descentes foudroyantes de guitares. On ne le savait pas : en fait, on vient de l'apprendre. Le rapcore est génial, il l'a toujours été. Seulement il fallait Bobaflex pour en révéler la vraie nature, pour lui permettre enfin de réaliser tout son formidable potentiel.
Et quand arrive la dernière chanson, c'est une sorte de révélation. Avec « Rescue You » qui met sa claque à tout le cloaque post-grunge et émo, on découvre un groupe sur le point de se détacher des genres, de parfaire sa propre personnalité, ses nuances, ses harmonies, un son encore ancré dans le monde que nous connaissons, mais qui a tout en lui pour partir explorer des contrées miraculeuses et inouïes. Qu'on ne s'y trompe pas. Ce groupe est déjà très grand. Aussi fou que System of a Down, moins démonstratif mais avec autant d'ambition et un art qui ne s'est pas encore sclérosé et glacé, enterré sous la recette du succès.

Bobaflex, parions-le, ce sera de mieux en mieux.
Un nom un peu crétin, c'est sûr. Des musiciens avec des bonnets enfoncés sur la tête. Et des cassures rythmiques qui ne sont pas toujours très fines, ce qui donne souvent à leurs chansons un petit côté bricolé. Sans compter les valeureuses lignes vocales, enthousiastes mais parfois un peu primaires. Ce sont les restes d'un autre rapcore, celui que vous n'aimiez pas. Celui qu'il fallait être américain, avoir moins de quinze ans et un beau drapeau étoilé fièrement accroché devant la maison pour apprécier pleinement.
Mais c'était la préhistoire du rap-métal. Des traces éparses, en voie d'extinction dans la musique de Bobaflex. Maintenant, tout a changé. On va pouvoir aimer cette musique. On va pouvoir la revendiquer. Car elle bondit dans tous les coins, à droite à gauche, elle dégomme tout sur son passage : crade et enjouée – c'est son côté sleaze –, insolente et sans complexe, elle invoque le souvenir de Guns'n Roses en même temps que celui de la vague crossover, Faith No More en tête.
Sans nostalgie. Avec une conscience aigue de la nécessité de dépasser ses influences, de les fondre si possible dans une identité propre, et surtout de jouer fort, de faire du bruit, d'écrire des chansons qui donnent soif ; de ne pas laisser de répit ; de ne pas faiblir et de garder l'avenir en ligne de mire.
Vous ne le saviez peut-être pas encore, mais c'est la musique que vous allez tous écouter demain.

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- Marvin Mccoy (chant)
- Shawn Mccoy (chant, guitare)
- Michael Steele (guitare)
- Jerod Mankin (basse)
- Thomas Johnson (batterie)


1. Six Feet Underground
2. Better Than Me
3. Bright Red Violent Sex
4. Bullseye
5. Guns Ablazin'
6. Got You Trapped
7. Turn The Heat Up
8. Family
9. Guardian
10. Medicine
11. Don't Lie Down With Dogs
12. Rescue You



             



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