"Thalassic" aura été un tournant dans la carrière d'ENSIFERUM. Après plusieurs albums assez similaires où le groupe semblait tourner en rond, l'arrivée de Pekka Montin au chant clair (et aux claviers) a clairement redéfini la musique des finlandais. L'album de 2020 est pour moi un quasi sans-faute, tant sur l'approche épique et mélodique appliquée à chaque piste que par l'intégration intelligente d'un VRAI chant clair. Comme le souligne Volthord, ENSIFERUM a glissé vers du Power Folk en délaissant un peu le côté "Death Melo Folk". Je pense être beaucoup plus enjoué que mon camarade sur ce virage même s'il peut s'avérer casse-gueule. (*) "Winter Storm" débarque en 2024, pour presque fêter les trente ans du groupe (et oui déjà ! ) et mes attentes sont par conséquent très élevées. Passons rapidement sur l'artwork qui fait le taf. Je ne peux pas m'empêcher d'y voir Eivor (les gamers comprendront) mais bon. Il y a évidemment un côté guerrier et un côté épique qui s'en dégage mais est-ce que la musique va suivre ?

Sans parler de douche froide, "Winter Storm" est en-deçà de son prédécesseur. Et le grand perdant est sans conteste Petri Lindroos. Déjà mis fatalement en retrait sur "Thalassic", il fait ici presque de la figuration. Quelques lignes sur des couplets, ok, lâcher un scream de temps à autre ok, quelle tristesse de ne pas voir ENSFIFERUM prendre "des risques" et de nous claquer au moins un titre avec exclusivement du chant extrême. Le grand gagnant par contre c'est notre bon Pekka Montin, toujours aussi incroyable vocalement. Arrivant à manier les graves et les aigus à sa guise, le bougre impressionne par sa vélocité et a définitivement acquis sa place au sein des légions ENSIFERUM-iennes.

Le groupe est toujours impeccable quand il s'agit de pondre des hits, "Fatherland" et "Winter Storm Vigilantes" démontrant encore la qualité d'écriture des Finlandais. Entre couplets pêchus, riffs en trémolo, batterie à toute vitesse et chant conquérant sur les refrains qui restent en tête, les ingrédients sont bel et bien là. Notons aussi l'excellente "Victorious" qui conclut l'album, épique comme on aime avec son refrain fédérateur. Je dois également admettre avoir été agréablement surpris par la ballade "Scars In My Heart" où Madeleine Liljestam (du goupe ELEINE) prête sa voix. Le résultat est très bon, cette power-ballade folky simple et efficace (qui n'aurait pas fait tâche sur "Dragonheads") placée en milieu d'album est un moment de répit fort appréciable.

ENSIFERUM nous balancera deux longues pistes, avec en premier un "Long Cold Winter Of Sorrow And Strife" qui traîne un peu mais qui nous donnera quelques lignes vocales de Pekka bien efficaces et un refrain réussi. "From Order To Chaos" est quant à elle plus réussie où Petri est enfin mis en lumière grâce à ses hurlements sur fond de blast, où l'epicness prend ici tout son sens avec des lignes vocales frisant vers le Power pour nous saluer une dernière fois, de bien belle manière.

Au niveau des choses qui fâchent, à part le retrait de Petri, notez bien que le disque contient sept morceaux réels, les trois autres étant des intro/interludes totalement dispensables (intro ok à la limite). Je sais que beaucoup de groupes font ce genre de choses mais personnellement ça me sort un peu de l'écoute et je n'en comprends vraiment pas le but.

Très honnêtement je trouve ce "Winter Storm" vraiment bon, chaque morceau contient un refrain qu'on mémorise instantanément, Pekka est encore une fois impeccable, les leads conquérants couplés à la rythmique solide font que les sept morceaux qui composent ce nouvel album tiennent franchement la route. Je le trouve juste moins percutant et moins "intéressant" finalement que "Thalassic" qui proposait un peu plus de variété dans ses compositions mais ce serait mentir de dire que je ne prends pas mon pied à l'écoute de cette cuvée de 2024.

Note réelle : 3,5 réhaussée à 4.

(*) PS : Un grand merci à Volthord de m'avoir laissé la main sur cette chronique. Je vous laisse en bas de page les coulisses de cette passation…


Reclu dans des terres isolées, ayant pour seul abri une maison de Hobbit (mais avec une énorme porte car il est très grand), Volthord m'accueille, pipe à la bouche, dans son humble demeure. Il m'invite à déposer mon manteau près de sa collection de peaux de bêtes, à côté d'une jolie vitrine qui me tape immédiatement dans l'œil.

"Ah c'est là que tu exposes tes vinyles Volthy ?
- Non ça ce sont mes instruments. Tu as tout un tas de trucs, des flûtes, des instruments à vent, à bec, tout ce qui sonne trve folk en somme. D'ailleurs, à partir de maintenant nous parlerons en finnois.
Devant mon évidente inquiétude, le géant esquissa un sourire et m'apporta un verre d'hydromel.
- Bon, tu voulais me voir, c'est que c'est important. Je préfère être direct, je ne veux pas que la discographie de SUMMONING soit réécrite, surtout par un….
- Je t'arrête mon ami, je n'aime pas SUMMONING. En fait je voulais… attends, surtout par un quoi tu voulais dire ?"
Balayant d'un revers ma question Volthord se leva, sa stature imposante m'intimidant de plus en plus. Je tentai un trait d'humour :
"Bah dis, heureusement que ton plafond est haut !"
Il ne rit pas. Il leva son bras en direction d'un vaisselier :
" Tu vois ces albums là-bas ?
- O..Oui.
- Apporte-les-moi je te prie."
Les albums en question étaient ceux qui composaient la discographie d'ENSIFERUM, EP et live inclus, le tout drapé dans un magnifique drapeau de la Finlande.
" Je sais pourquoi tu es venu, je l'ai vu dans mon marc de café ce matin.
- Ah tu bois quoi comme café ? Perso je ne peux pas m'en passer, une journée sans café c'est comme…
- Une journée sans flûte.
- Oui, voilà, une journée sans flûte….
- Tu as toute ma confiance pour traiter "Winter Storm", je l'ai trouvé sympathique mais je ne vois pas trop quoi en dire."

Je remerciai chaleureusement l'ami Volthord mais il était déjà parti loin, très loin dans ses pensées… Je pris mon manteau et regagna ma contrée. Avant de fermer la porte j'entendis juste ces derniers mots : "une journée sans flûte…"