En bon Nile qu'il est, le groupe américain ne peut se permettre d'aller raconter des légendes celtes sous prétexte d'innover. C'est donc sans "grande surprise" que ce deuxième album interpelle l'auditeur sur ces thèmes arabisants, nourris à grands renforts de samples, d'ambiance et de riffs dignes d'une mélodie pour serpents.

C'est donc également sans grande surprise que l'on découvre ces morceaux tout ce qu'il y a de plus brutaux, entretenus par une batterie toujours aussi imposante, une polyphonie plutôt bien pensée pour varier les morceaux et des riffs hargneux. Mais les morceaux sont moins fréquemment couverts de ces riffs typiquement orientaux, comme on en avait fait la douce expérience dans l'album précédent. Celà dit, l'album n'en reste pas moins travaillé, car en plus du son excellent, le groupe fait preuve d'une plus grande maturité en proposant des interludes, des intro et des outros à outrance, ainsi qu'une jolie pièce maîtresse de 9 minutes, certes moins abrasive que l'ensemble de la galette, mais très audible et originale, et celà en contrepartie du reste des compos.

C'est bien là que pêche un peu l'album. Avec très peu de passages lourds, on est en proie à un déballage de brutalité assez sommaire, accompagnée de solos de bouchers, sans pour autant pouvoir être à même de distinguer tel ou tel morceau. Seules les conclusions restent excellentes et toujours différentes, et rehaussent l'intérêt relativement faibles des mélodies, heureusement parfois doublées de riffs aigus, qui permettent enfin de percevoir la ligne musicale. Faire du complexe n'est pas donné à tout le monde, et ici l'ensemble paraît au final bien décousu et pas mal d'écoutes seront nécessaires pour se faire une idée de chaque morceau.
Notons quand même des samples un poil moins clichés que dans "Amongst the Catacombs" et soulignons les quelques excellent morceaux comme par exemple "Masturbating the War God" (y'a pas qu'en Grèce que les dieux sont salaces) tout en progression ou l'interlude "Libation Unto the Shades...".

A n'en point douter Nile a voulu se faire plus grosse que le boeuf (Dieu seul sait lequel) et faute par moment. Des erreurs de jeunesse qui contrastent avec quelques bons moments dans l'album et vous saurez tout de ce Black Seeds of Vengeance grandiloquent, overdosant l'auditeur de ces passages purement orientaux, et se perdant un peu dans l'ambition qu'il avait de lui-même.