Après "Alternative 4" et PORCUPINE TREE ".3", le nouveau RIVERSIDE : "Reality Dream 2 : le retour".
- On est peut être né en Pologne mais un jour on nous ouvrira les scènes que même les plus grands ont foulées.
- Et quels sont vos noms ? Grudzień. Piotr Grudzień.
- Et toi ? Mittlof. Piotr Mittlof.
- Et toi ? Da. Mariusz Du...da.
RIVERSIDE dans son second rôle sensible, émouvant. La continuité de la quête introspective, spirituelle et émotionnelle du protagoniste toujours en proie à son amour conflictuel envers "she".
- Piotr, tu l'as vu ce matin errer, marcher ?
- Oui Piotr ! Je n'ai jamais vu quelqu'un se poser autant de questions à la fois !
- [...]
- Vous allez finir par vous aimer les uns les autres bordel de merde ?!
RIVERSIDE, dans l'album qui a bouleversé le Progressif. 50% Metal. 50% Prog. 100% conceptuel.
- Où crèchent-ils ? Où peut-on les trouver ?
- Parait-il qu'ils ont signé chez InsideOut...
- Ah ! Encore un groupe qui se prend pour le sauveur du Prog !
- [...]
- Et toi Mariusz, tu n'écoutes pas ?
- Je... ne suis pas dans le mood, je visualise mes textes...
- Tu trouves que notre musique n'a pas l'air cathodique ? Ah ah ah...
"Reality Dream 2 : le retour". Pour sauver son personnage, il doit effacer son passé et commencer une seconde vie.
- Il a "ressuscité" ! Il a "ressuscité" !
- Maintenant, ça va chier !
RIVERSIDE. Bientôt, "Reality Dream 3".

Après un premier volet couronné de succès, RIVERSIDE a de l'ambition et a pris le temps de peaufiner cette deuxième mouture. Thématiquement, nous reprenons l'histoire là où nous l'avions laissée après "Ok". Notre protagoniste s'était replié sur lui-même pour s'émanciper de ses conflits émotionnels qui le "sortaient de lui-même" mais réalise que dans son esprit l'obscurité qui en découle et qu'il a admise le fatigue et qu'au final il n'est pas "Ok". Il a finalement peut être besoin des autres et c'est en les affrontant et en acceptant ses tourments internes qu'il parviendra à véritablement s'en affranchir et amorcer une nouvelle vie, plus ancrée dans la réalité. Musicalement, "Second Life Syndrome" commence sur les mêmes bases que "Out Of Myself" mais se voudra vite plus Heavy, plus Metal et plus sombre que son prédécesseur. RIVERSIDE affine son style et affirme sa personnalité.

"After" lance ce "Second Life Syndrome" par un souffle empreint de mystère et des chuchotements sinistres qui se mêlent à un rythme percussif hypnotique et la voix planante et envoûtante mais presque funèbre de Mariusz. La symbiose avec la thématique est toujours en parfaite harmonie. On comprend de suite, sans même connaitre les paroles, que l'apaisement final de "Out Of Myself" n'était qu'apparent. Cette concordance entre musique et textes est au centre de l'approche artistique des Polonais. Ainsi, si notre protagoniste se veut plus combattif, plus déterminé et déploie plus de force (de caractère) pour se sortir de son marasme, c'est tout naturellement que RIVERSIDE penche plus vers le Metal Prog ici (on pensera à TOOL et OPETH notamment), comme en témoignent ce "Volte-Face" plus agressif (rassurez-vous, RIVERSIDE n'en perd pas sa science de la mélodie, cf ce thème récurrent très catchy), cet "Artificial Smile" survolté, de son riff d'intro rageur aux vociférations finales de Mariusz soutenues par des grattes presque Grunge (à nouveau l'effet miroir avec les paroles est saisissant : le protagoniste éructe sa colère face aux prétentions de façade et aux apparences artificielles), et ce "Reality Dream III", instrumental plus sombre et Heavy que ses deux prédécesseurs.

RIVERSIDE ne renie pas ses influences atmosphériques, ses ambiances veloutées Wilson-iennes et ses guitares Gilmour-iennes et les met à l'honneur sur le single de l'album ("Conceiving You", délicate mais douloureuse ballade qui traduit le sentiment d'insécurité du protagoniste dans sa relation à "she") et sa magnifique B-side ("I Turned You Down", pièce mélancolique sublimée par la justesse de ses mélodies, lignes de chant et soli de guitare ou comment illustrer la notion de regret sans en faire trop - du grand art !) ainsi que sur le closer éthéré aux relents presque Post Rock (ce "Before" qui ouvre vers la troisième partie du concept et dont le râle final semble expulser tous les combats internes surmontés par notre protagoniste enfin prêt pour sa seconde vie [si j'ose poursuivre ma parabole introductive, "maintenant ça va chier"... ou pas ; réponse bientôt, dans "Reality Dream 3"]).

Et lorsqu'ils combinent ces deux univers ("Second Life Syndrome", "Dance With The Shadow"), leur musique atteint son apex, prend toute sa mesure, dévoile son ampleur. L'équilibre entre l'agressivité et la délicatesse, le Heavy et l'Atmo, le chant (qui embrasse un large panel d'émotions) et de longs passages instrumentaux, les guitares et les claviers qui se complètent adroitement, est remarquable (50% Art Rock, 50% Metal Prog, 100% talent). C'est très bien écrit, pensé, arrangé, à l'image de l'album dans son ensemble. Le tout s'enchaîne d'ailleurs avec fluidité si bien que le concept n'aliène pas la musique. La répartition astucieuse des titres, qui voit s'alterner morceaux agressifs et chansons plus calmes et qui distribue les deux pièces-fleuves sur chaque "face" du disque, n'y est pas étrangère. La production, encore confiée à Magda et Robert Srzednicki, est soignée et illumine toutes les nuances de leur musique. Et la pochette, à nouveau signée Travis Smith, image pleinement le concept et l'ambiance générale de l'album. Les tourments internes, l'introspection et ce climat sombre, tout y est avec une certaine sobriété qui sied parfaitement au propos musical.

"Out Of Myself" était un premier album remarquable. RIVERSIDE a bien fait de prendre son temps pour lui donner un successeur. Cet album sophomore affiche davantage de personnalité et surpasse son prédécesseur. Les sauveurs du Prog ? Non, et ils ne le prétendent pas, mais assurément un de ses fleurons !

Note : 4,5/5 ; si je pinaille, je note que le spectre de PORCUPINE TREE plane encore un peu, ce qui ne m'empêche pas d'arrondir au supérieur.

- Meilleur titre Metal Prog : "Volte-Face".
- Meilleur titre Rock Atmo : "I Turned You Down".
- Meilleure combinaison des deux : "Second Life Syndrome".
- Mention spéciale : "After" (quelle meilleure introduction/transition pour nous présenter l'âme torturée du protagoniste ?!).