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- Style : Mark Lanegan, Pearl Jam, Screaming Trees, Stubborn Trees

DOGSTAR - Somewhere Between The Power Lines And Palm Trees (2023)
Par DARK BEAGLE le 9 Mars 2024          Consultée 1607 fois

Hôtel Nightfallental, 23h42.
Au dernier étage, dans le bureau de la direction, Dark Beagle était assis dans un fauteuil, pendant que Fenryl et Jeff Kanji lui hurlaient littéralement dessus. Le chroniqueur s’enfonçait petit à petit dans les coussins alors que ses deux supérieurs se penchaient de plus en plus sur lui. Jeff était hors de lui, le visage cramoisi par la fureur, Fenryl se montrait plus mesuré même si une veine battait à sa tempe.

« Mais tu te rends compte de ce que tu as fait ? hurla Jeff. Tu as foutu un 1/5 au dernier DOGSTAR et pire ! Là, j’accuse Fenryl, ça a été publié ! Tu veux savoir le temps qu’il a fallu pour que le mail arrive dans la boîte, hein ? Moins de trente secondes ! Un putain de mail qui dit juste « j’arrive », signé Keanu Reeves. Mais pourquoi tu as fait cette chro, bordel ?
- Ben, pour compléter la disco, se défendit Beagle qui ne comprenait pas trop pourquoi on lui en voulait.
- Depuis quand on complète des discos sur NIME ?!? Éructa Jeff, hors de lui.
- Hum… Depuis que ça a été ton cheval de bataille, intervint rapidement Fenryl. Bon, j’ai posté l’équipe un peu partout, si tout se passe bien, il ne devrait pas arriver jusqu’ici.
- Hourra, on est mort, gémit Jeff. Reeves va tous nous tuer et je doute que sacrifier Beagle le calme. Je ne sais pas ce qui me retient de le tuer moi-même !
- Heureusement que tu n’as pas vu le 2/5 (*) que j’ai lâché à AVALAND alors, soupira DB un brin énervé.
- Putain Fen, file-moi ton flingue, je vais l’abattre moi-même avant que Reeves arrive.
- Ça, c’est trop tard, fit Fenryl qui était en liaison radio avec chaque équipe.

Kol, Storm et Remissa jouaient à celui qui remonterait son pistolet le plus rapidement. Les pièces étaient dispersées sur une table, mais aucun n’osait vraiment avouer aux autres que l’exercice n’était pas aussi facile que cela. Dans un silence de mort, ils essayaient de trouver où s’imbriquait chaque pièce, en se demandant s’il fallait appuyer, forcer un peu, ou au contraire, espérer que chaque partie s’insère dans la précédente toute seule. Ils n’avaient pas remarqué qu’ils avaient mélangé les pièces.

- Dites, vous croyez qu’on est en première ligne parce que nous sommes des newbies ? demanda Storm pour briser la glace.
- Ta gueule et remonte ton flingue, grinça Kol qui se disait la même chose. Oh putain !

Il venait de voir Reeves entrer. Il leur faisait face, un revolver en un seul morceau dans les mains. Chacun essaya de remonter le sien le plus vite possible, en s’échangeant des noms d’oiseau, mais très vite trois cartouches les firent taire. Keanu remonta en deux secondes un pistolet et poursuivit sa route.


Dans le bureau de la direction, Jeff se servit un whisky, qu’il se contenta de renifler.

- Mais comment vous faites pour boire un truc qui pue à ce point-là ?
- Ça soulage les blessures de l’âme, répondit philosophiquement Fenryl.
- Ah ? Bon, Beagle, pourquoi 1/5 ?
- Parce que ce n’est pas bon. Parce que l’on sent que ce groupe n’existe que parce que Keanu Reeves a une carrière solide. Chaque album sort alors qu’il fait un carton au cinéma : tu cherches les années de sortie de "Speed", "Matrix" et du dernier "John Wick", tu es certain de trouver un album de DOGSTAR dans la foulée. Si au moins c’était bien, hein ! Mais non ! Déjà que sur leur deuxième essai leur Alternatif prenait du plomb dans l’aile, là ils n’ont même pas essayé de faire semblant, c’est de la Pop insipide qui ne se réveille que sur le dernier morceau. Faut avouer que ça fait désordre.

Keanu entra dans le restaurant où l’attendait Fredouille, qui servait deux verres de muscadet.

- Ah ! Vous voilà ! Détendez-vous et buvez un verre, je suis certain que nous pouvons nous arranger, mon ami ! Est-ce la peine de se mettre dans des états pareils ? demanda Fredouille.
- Ouais, répondit Reeves.

Et il tira. Fredouille s’effondra, une balle entre les deux yeux. Des cuisines jaillit Dark Schneider, armé d’une kalachnikov. DS n’avait pas peur, il ne se faisait pas doubler pour ses cascades, lui. Il appuya sur la gâchette et… rien ne se produisit. Il appuya encore, et encore, mais toujours rien : l’arme était enrayée.

- Mais putain de matériel russe de meeeeeeeeeeeeeerde ! hurla Schneider.
- Mauser. Deutsche Qualität, siffla Reaves avant de loger une balle dans la poitrine de DS, puis une autre dans son crâne.


- Le souci, c’est qu’on a envie d’aimer DOGSTAR parce que Keanu Reeves est sympathique.
- Euh… Je l’ai quand même vu tuer deux journalistes de Rock Hard avec un crayon, grommela Jeff. Continue, je veux comprendre.
- Ben y a rien à comprendre. Reeves est un mec occupé. Il a coécrit le comics BRZKR avec Matt Kindt, il a interprété Johnny Silverhand dans "Cyberpunk"…
- Attends, c’est qui ce Johnny Silverhand ?
- Oh, un rockeur terroriste qui détruit une tour avec une bombe nucléaire.
- Putain… Je veux même pas savoir de quoi parle BRZKR. Et DOGSTAR dans l’histoire ?
- Ben c’est un garage band qui devrait se cantonner à ça. Le chanteur véhicule autant d’émotions qu’un convoi de charbon, le batteur semble connaître un ou deux patterns qu’il répète inlassablement. Tout ce qui est fait manque cruellement de feeling. Tiens, par exemple, cet harmonica sur "Dillon Street" ! Ben je te le donne dans le mille, tu as l’impression d’entendre ton cousin de douze ans pas très doué jouer cet instrument. Ça n’apporte rien, ce n’est ni fait ni à faire et c’est très symptomatique de ce groupe.
- Y a une chanson qui s’appelle "How The Story Ends", intervint Fenryl. Je crois qu’on le saura bientôt, l’ascenseur monte…

Il s’arrêta au quatrième étage. T-Ray, qui dégustait un pain au chocolat au bon goût beurré avait appuyé sur le bouton dès qu’il avait vu que l’ascenseur se mettait en branle. Il tenait son flingue à la main droite et attendait patiemment que les portes s’ouvrent pour abattre Reeves. L’acteur avait déjà buté cinq de ses potes s’il comptait bien, il voulait arrêter l’hémorragie. Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent…

- Ne me trahissez pas, mes mains ! cria T-Ray.

Mais bien entendu, elles le trahirent. Il braqua Keanu avec son pain au chocolat et s’enfonça le canon du pistolet dans la bouche et, comme il était parti pour tirer, il ne put retenir son index. Sa cervelle se répandit sur la moquette derrière lui, sous le regard médusé de Reeves, qui appuya sur le bouton pour reprendre son ascension.


- L’album dure environ quarante minutes, poursuivit Beagle, mais je crois que c’est réellement la première fois que sur les trois premières écoutes, je ne suis parvenu à ne retenir qu’un morceau : "Breach", le dernier titre ! Pour le coup, là le groupe revient à ce qui faisait son charme sur son premier disque : ça ne se prend pas la tête, ça envoie comme ça peut et ça le fait. Le reste, c’est trop poli, trop sirupeux. Les chœurs sont franchement mauvais. Puis tu l’entends la basse… À croire qu’eux aussi ont peur de Reeves ! Ahah ! Euh…
- Je ne trouve pas ça drôle, grinça sèchement Jeff. Il en est où ?
- Il va tomber sur Wën et Positron, répondit Fenryl.
- Oh le massacre…

Jeff ne se trompait pas. Positron gisait, un trou sanglant dans le front (aussi, quelle idée de dire « de toute façon, si tu n’es pas un acteur qui fait du film d’auteur ouzbek, je ne te connais pas ! » et le cou de Wën formait un angle impossible (sauf pour Regan de "l’Exorciste"). Là aussi, il y eut des paroles malheureuses de proférées (« Hey ! c’est à toi que je dois apprendre à jouer de la basse ? », ce qui, avouons-le, est du niveau de « Il est temps de briser la glace, Freeze »).

Jeff se rongeait les ongles. L’ascenseur avait repris sa course. Il se tourna vers Beagle.
- Tu peux me dire un truc positif sur ce disque ?
- Ben ce qui est cool, c’est que c’est Keanu Reeves qui tient la basse et qu’on l’aime ce gars. C’est instinctif.
- Non c’est pas cool ! Ce n’est pas un argument en sa faveur, ça ! Trouve autre chose !
- Bordel, je voudrais t’y voir toi, merde ! Euh… euh… "Breach", en fermant les yeux, c’est une bonne chanson. En les ouvrant, un peu moins, mais bon. Même la prod ne rend pas justice au truc. Ce disque ne devrait pas exister, c’est tout. Tu ne te reformes pas vingt ans après une carrière plus qu’anecdotique pour pondre ça. C’est interdit par la convention de Genève. Ah ! C’est assez court. Mais un single, "Breach", aurait suffi en fait. Perso, je préfère quand Reeves fait l’acteur ou quand il écrit des comics. Il a ce côté sympathique qui fait qu’on oublie qu’il est parfois médiocre. Là, à moins d’avoir un poster de lui sous les yeux…

Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent. Mulk et John l’attendaient, les mains en l’air, bien que tenant toujours leur arme.

- Keanu.
- Mulk.
- Moi j’aurais collé un 3/5 à ton disque, au moins.
- Tu peux y aller.
- Merci.

Mulk ne se fit pas prier pour quitter la pièce. Reeves se tourna vers John, qui balbutia très vite un « moi aussi » pas franchement convaincant, mais qui satisfaisait l’acteur/bassiste. Il lui fit signe de partir, et John rattrapa rapidement Mulk.

- Whaou pipi… constata-t-il en jetant un regard à son entrejambe.
- Moi aussi…


- Tout ça pour dire que nous tenons peut-être là ce qui doit être le plus mauvais album de 2023, conclut Beagle, au moment où Keanu pénétra dans la pièce.

Fenryl se jeta courageusement sur lui et ils combattirent à armes égales un long moment, échangeant coup pour coup, sans pousser le moindre cri, le moindre juron. Ils se battaient dans la dignité, pendant que Beagle tentait lâchement de se cacher et que Jeff fouillait son bureau à la recherche de son flingue. Il y eut un coup de feu et le crâne de Fenryl vola en éclat sous l’impact de la balle de 357 magnum. Keanu se tourna vers Jeff, l’air étonné, le visage maculé de sang et de débris d’os.

- Putain, glapit JK, je n’ai que reniflé ce foutu whisky !
- Ouais ?

Reeves sortit un pistolet de sa ceinture et tira. Kanji la joua un peu trop théâtral au goût de l’acteur, en tournant sur lui-même, titubant, se prenant les pieds dans le tapis pour finalement traverser les carreaux de la fenêtre et s’écraser trente étages plus bas sur la voiture de Reeves. Keanu n’eut pas trop de mal à retrouver Beagle, qu’il tira jusqu’au bureau. Là, il prit un crayon, le posa en équilibre et frappa le visage du chroniqueur sur la pointe. Il se redressa un bref instant, le bois du crayon dépassant de son œil, avant de s’effondrer en arrière, mort à son tour. Et l’adrénaline retombant d’un coup, Reeves se rendit compte qu’il y avait de la musique.

- C’est quoi cette m… oh… Chier ! DOGSTAR... »

P.S : je suis certain que Keanu Reeves est quelqu’un d’adorable et qu’il poussera juste un soupir devant ce texte et cette note si jamais une de ses connaissances françaises lui transmet tout cela.
Enfin j’espère. Je n’ai pas vraiment envie de passer le restant de ma vie à regarder par-dessus mon épaule…

(*) Teasing. Exciting isn’t it? -- teasing du teasing si t’as la ref.

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   DARK BEAGLE

 
  N/A



- Bret Domrose (chant, guitare)
- Keanu Reeves (basse, chant)
- Robert Mailhouse (batterie, chant, harmonica)


1. Blonde
2. How The Story Ends
3. Everything Turns Around
4. Overhang
5. Dillon Street
6. Lily
7. Lust
8. Glimmer
9. Sunrise
10. Sleep
11. Upside
12. Breach



             



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