J’ai une affection particulière pour Sergio González Catalán qui me la rend au centuple à chacune de ses sorties. Noyant le charme d’un Doom mélodique aux ambiances variées d’un Death Atmosphérique tout à la fois lumineux et larmoyant qu’hanté et funèbre, RISE TO THE SKY avance à pas de velours dans le bourbier de la vie. La musique de Sergio à chaque fois reprise conjure le jeu dangereux d’une cyclothymie éprouvante et désespérée, et redonne quelques élans bien salvateurs en comblant notre boite crânienne d’une beauté mélodique poétique et subtile.

Et cet EP n’y échappe pas, chacun de ses quatre titres dévoile des paysages sonores splendides qu’une fine brume cache ostensiblement. Ce voile dépressif rémanent accompagne le growl obituaire de Sergio, et son timbre intense traduit l’exacte tristesse que les notes mélodiques transportent. Quelque chose de lui me rappelle le timbre fantastique de Mikko Johannes Kotamäki de SWALLOW THE SUN. Son côté caverneux entremêlé des riffs ciselés à la serpe mélancolique rappelle le combo finlandais. Et je pourrais partir sur maintes descriptions qui finalement ne regarderait que moi, car "A Cold Embrace From Life" embrasse avant tout notre intimité profonde et nos introspections. Il s’agit d’une œuvre qui se visite tous sens aux aguets. Volontiers nostalgique et accablé, Sergio laisse échapper cette tristesse dans des leads capiteux qui étourdissent l’esprit et la rendent volatile. Et aussi bien "Darkness Arrive", "I'll Meet You When I'm Gone" que le titre éponyme engagent le ressenti global dans cette voie. Seul "Help Me Understand" un peu moins inspiré me fait sortir de ma torpeur. RISE TO THE SKY joue néanmoins avec délice une partition toujours aussi tourmentée et remplie de chagrin. Ce Doom se veut volontiers Funeral sur ce disque et se rapproche étonnement des derniers SHAPE OF DESPAIR.

Les albums qui succèderont cet à "A Cold Embrace From Life" garderont cette même veine déchirante, combinant à l’envie voire à l’excès cette identique concentration d’émotions vives et désespérées. Sergio sera pris d’une ferveur d’inspiration entre 2020 et 2023. Les tourments importants lui dictant de créer et d’exorciser son mal être pour sauver son âme des sables mouvants du risque dépressif et d’anesthésie affective. Nous vivons nous-mêmes dans nos vies des périodes complexes que nous subissons et tentons de digérer, et ce trop-plein s’il ne peut être éconduit ou percé se doit d’être sublimé. La musique est un de ces possibles de résilience si l’on sait en faire ou de soulagement si l’on y porte la plus singulière des attentions. Sergio González Catalán dévitalise par l’intermédiaire de RISE TO THE SKY le gisant en lui et revigore son être en lui donnant l’élan vital. Ses œuvres musicales sont ses thérapies intemporelles, qui marquent le temps et sont le dépôt d’une souffrance trop difficile à porter ou à contenir.

Une nouvelle fois je contemple cet EP remarquable. Il me bouscule, me fait rêver et m’inondent de mes propres souvenirs. Cette forme d’évasion est une constante que RISE TO THE SKY inlassablement me produit à chacune de ses sorties. Certains pourraient penser que Sergio conserve dans ses compostions une trop grande linéarité mais c’est un tort. Son Doom/Death Atmosphérique se déclinera sous plusieurs aspects dans chacun de ses futurs albums, tous beaux et troublants.

Note réelle : 3,5/5.